Monde, Économie

S&P dégrade la note de la France, en raison de l’instabilité politique et des incertitudes budgétaires

– L’agence abaisse la note à A+ et alerte sur l’incapacité de Paris à tenir sa trajectoire de dette.

Ümit Dönmez  | 18.10.2025 - Mıse À Jour : 18.10.2025
S&P dégrade la note de la France, en raison de l’instabilité politique et des incertitudes budgétaires

Ile-de-France

AA / Paris / Ümit Dönmez


La France a été déclassée par l’agence de notation S&P Global Ratings, qui a abaissé vendredi soir sa note souveraine de AA- à A+, en raison d’un risque accru sur la consolidation budgétaire et d’une instabilité politique persistante.

L'agence de notation a indiqué que "les risques entourant la trajectoire budgétaire de la France se sont accrus, à la fois en raison des difficultés politiques et du retard dans la mise en œuvre des réformes". L’agence considère que le climat d’incertitude actuelle affaiblit la capacité du pays à maîtriser sa dette, malgré les engagements pris devant la Commission européenne.

Ce déclassement survient dans un contexte où la crise politique retarde l’adoption du budget 2026, alors que la réforme des retraites — censée améliorer à long terme l’équilibre structurel — est gelée. La dette publique française, déjà proche de 113 % du PIB fin 2025, pourrait selon S&P atteindre 121 % d’ici à 2028, si aucune mesure structurelle n’est prise.

L’agence a toutefois maintenu une perspective “stable” après cette dégradation, ce qui signifie qu’elle n’anticipe pas de nouvelle baisse immédiate. Mais elle prévient : l’absence de trajectoire claire de consolidation budgétaire, dans un contexte d’affaiblissement institutionnel, constitue un facteur de vulnérabilité majeure.

Le classement A+ reste dans la catégorie des signatures dites "investment grade", mais place désormais la France au même niveau que des pays comme la Slovaquie ou la Tchéquie. C’est la première fois depuis plus de dix ans que la note française est aussi basse. D’autres agences, comme Fitch, avaient déjà abaissé leur évaluation en septembre.

Selon Le Monde, les analystes de S&P ont également pointé du doigt le "manque de consensus politique" pour adopter des réformes fiscales ou réduire les dépenses. La dégradation reflète donc moins une situation budgétaire dégradée à court terme, qu’une incapacité politique à agir sur le moyen terme.

Ce déclassement pourrait entraîner une hausse du coût de financement de la dette française. Bien que les taux d’intérêt soient restés stables ces derniers jours, les investisseurs pourraient exiger une prime de risque plus élevée, dans un contexte d’incertitudes répétées sur la capacité de l’État à adopter un budget.

Le gouvernement, actuellement sans majorité stable, prévoit de financer 310 milliards d’euros d’emprunts en 2026, un niveau record. La loi de finances présentée à Bruxelles prévoit une réduction du déficit à 4,7 % du PIB l’an prochain, mais cet objectif repose en partie sur des mesures suspendues, comme la réforme des retraites ou le gel des dépenses sociales.

Cette nouvelle dégradation intervient alors que la Commission européenne attend toujours de Paris des garanties sur le respect de ses engagements. Avec une note affaiblie et une majorité introuvable à l’Assemblée, la France pourrait voir sa position budgétaire fragilisée sur les marchés. Le retour à la stabilité, désormais, ne dépend plus seulement de chiffres, mais d’une clarification politique.


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