Économie

Les 0,001 % les plus riches possèdent trois fois plus que 50 % de l’humanité

– Le rapport 2026 sur les inégalités mondiales, dirigé notamment par Thomas Piketty, révèle que moins de 60 000 personnes détiennent aujourd’hui trois fois plus de richesses que 50 % de l’humanité.

Ümit Dönmez  | 09.12.2025 - Mıse À Jour : 09.12.2025
Les 0,001 % les plus riches possèdent trois fois plus que 50 % de l’humanité

Ile-de-France

AA / Paris / Ümit Dönmez


Le « World Inequality Report 2026 », dirigé par Lucas Chancel, Thomas Piketty, Emmanuel Saez et Gabriel Zucman, révèle que moins de 60 000 personnes détiennent aujourd’hui trois fois plus de richesses que la moitié la plus pauvre de l’humanité.

Les auteurs du rapport publié ce mardi indiquent que « les 0,001 % les plus riches du globe possèdent à eux seuls plus de 6 % du patrimoine mondial », tandis que les 50 % les plus pauvres n’en détiennent que 2 %. Cet écart, en progression continue depuis les années 1990, illustre selon eux une dynamique de concentration « à un niveau historiquement extrême ».

Ce déséquilibre est d’autant plus préoccupant qu’il s’accompagne d’une croissance exponentielle du patrimoine des ultra-riches. Depuis 1995, la richesse des milliardaires et centi-millionnaires croît à un rythme annuel de 8 %, soit deux fois plus vite que celle des classes populaires.

Cette concentration n’est pas sans conséquences sur les plans écologique, éducatif et politique. Les 10 % les plus riches sont responsables de 77 % des émissions liées à la propriété de capital, contre 3 % pour la moitié inférieure de la population. En matière d’éducation, un enfant d’Afrique subsaharienne bénéficie de 220 euros par an de dépenses publiques, contre plus de 9 000 euros en Amérique du Nord et en Océanie — un rapport de 1 à 41.

Les inégalités de genre persistent également : les femmes perçoivent seulement 28 % des revenus du travail dans le monde. Si l’on prend en compte le travail domestique non rémunéré, leur revenu horaire équivaut à seulement 32 % de celui des hommes.

Le rapport souligne que ces inégalités sont le fruit de choix politiques, et non d’une fatalité économique. Il plaide pour un impôt mondial minimal sur les ultra-riches, qui pourrait rapporter jusqu’à 1,1 % du PIB mondial, permettant de financer l’éducation, la santé ou la transition climatique.


- En France

En France, les 10 % les plus riches possédaient environ 55 % de la richesse totale en 2025. Ce niveau est resté relativement stable depuis 1995, même s’il demeure très élevé. En comparaison, la moitié la plus pauvre de la population française ne détient que 6 % du patrimoine national.

Le rapport souligne que cette stabilité apparente masque un maintien d’une forte concentration, freinée uniquement par les mécanismes de redistribution et de fiscalité.

En France, les femmes ne perçoivent que 41 % de l’ensemble des revenus du travail, un chiffre inférieur à la moyenne européenne. Cela s'explique en partie par la concentration des femmes dans des secteurs moins rémunérés, mais aussi par une sous-représentation dans les hautes fonctions économiques et politiques.

Thomas Piketty et ses collègues appellent à la mise en place d’un Panel international sur les inégalités, à l’image du GIEC pour le climat, afin de fournir des recommandations scientifiques aux décideurs publics.

À travers ce rapport, les auteurs lancent un avertissement : sans correction des déséquilibres actuels, les fondements des démocraties, de la cohésion sociale et de la stabilité climatique risquent de s’éroder durablement.




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