France : le bloc présidentiel et le RN rejettent la taxe Zucman défendue par la gauche
- La proposition d’un impôt sur les grandes fortunes, soutenue par des groupes de gauche, suscite un double rejet politique à l’Assemblée nationale.
Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Les débats budgétaires à l’Assemblée nationale se sont envenimés, ce samedi, autour de la taxe Zucman, mesure phare proposée par la gauche pour instaurer une fiscalité accrue sur les très grandes fortunes. Alors que les députés examinent la partie “recettes” du budget 2026, la proposition se heurte à un refus net du bloc présidentiel comme du Rassemblement national.
En déplacement samedi dans les Vosges, à la foire de Poussay, Marine Le Pen a déclaré que les députés de son parti ne soutiendraient pas la taxe telle qu’elle est défendue par la gauche. « Nous ne la soutiendrons que si elle correspond exactement à l’impôt sur la fortune financière que nous avons proposé, c’est-à-dire en retirant la résidence principale ou la résidence unique de cet impôt », a-t-elle expliqué. « Si le texte est rédigé tel que la gauche veut le rédiger, on ne le soutiendra pas », a-t-elle ajouté.
Inspirée des travaux de l’économiste Gabriel Zucman, la version initiale du dispositif vise à instaurer un impôt minimum de 2 % sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros. Mais l’amendement actuellement examiné dans l’hémicycle, soutenu le PS, propose une version dite « taxe Zucman light » : un taux porté à 3 % appliqué aux patrimoines dès 10 millions d’euros, tout en excluant les entreprises familiales et innovantes afin de ne pas décourager l’investissement productif.
Sur France Inter, Gabriel Zucman s’est montré réservé face à cette adaptation. « Dès qu’on introduit des exonérations, on relance la machine à optimisation », a-t-il averti, craignant que ce compromis ne reproduise les limites de l’ancien impôt de solidarité sur la fortune (ISF), dont les exemptions avaient permis à certains contribuables fortunés d’y échapper.
Le gouvernement et ses alliés du Modem ont également fait connaître leur opposition à la taxe Zucman. Le député centriste Bruno Fuchs a estimé que « la taxe Zucman ne passera pas », jugeant qu’elle « n’est pas adaptée » et qu’elle « enverrait un mauvais signal aux investisseurs ».
Cette convergence de refus entre le camp présidentiel et le RN complique les négociations budgétaires. À gauche, le Parti socialiste et ses alliés conditionnent leur soutien au budget à l’adoption de mesures renforçant la justice fiscale. Le Premier ministre Sébastien Lecornu, lui, a reconnu un budget « imparfait », mais a exhorté les députés à « ne pas compromettre l’avenir du pays ».
Pour rappel, la Banque de France alerte sur un risque « d’étouffement progressif » lié à la dérive de la dette publique.
À fin juin 2025, la dette publique de la France s’élève à environ 3 416 milliards d’euros, soit près de 115,6 % du PIB. Le déficit public pour 2025 est estimé à 5,4 % du PIB, selon les prévisions gouvernementales. Pour 2026, l’exécutif vise un déficit ramené à 4,7 % du PIB, dans le cadre d’un effort d’économies évalué à près de 40 milliards d’euros.
