Turquie: Un nouveau système de bracelet de surveillance pour lutter contre la violence faite aux femmes
- Le nouveau bracelet électronique permettra de surveiller l'agresseur et de protéger ou d'avertir la victime

AA - Ankara - Nur Gülsoy
En Turquie, un nouveau système de bracelet de surveillance sera utilisé dans le cadre de la lutte contre la violence contre les femmes.
Invitée jeudi à la Table des Editeurs de l'Agence Anadolu, la ministre turque de la Famille et de la Politique sociale, Aysenur Islam a commenté la violence contre les femmes, en invoquant le meurtre de la jeune étudiante Ozgecan Aslan dans le sud de la Turquie.
Durant l'interview, la ministre a présenté le système de bracelet électronique dont l'utilisation sera réservée aux ministères de la Justice et de l'Intérieur, sur les personnes condamnées puis libérées sous certaines conditions.
"Il y a deux appareils pour ce bracelet: L'un sera monté sur l'agresseur et l'autre sur la victime, a expliqué Aysenur Islam. L'appareil utilisé actuellement ne concerne que la victime, étant un "bouton de panique" qu'elle utilise dès qu'elle se sent menacée. Le nouveau système que nous envisageons d'utiliser porte deux appareils surveillés sur un même centre de la policie. Dès que la victime et l'agresseur se trouvent dans le même lieu, des forces de sécurité accourent. Un avertisseur permet en outre de mettre en garde l'agresseur: 'si vous vous êtes approché [de la victime] à votre insu, vous avez dépassé la limite, éloignez-vous'. Cela peut arriver par exemple de manière non intentionnelle dans un centre commercial. Dans ce cas-là, chacune des deux personnes est avertie."
Aysenur Islam a annoncé le lancement de ce système pour le mois de mars.
"C'est un système qui sera appliqué sur décision du juge, a-t-elle ajouté. La décision sera prise en fonction du niveau de la menace et du risque. Le système ne sera pas appliqué automatiquement dans chaque cas."
- Les débats sur le rétablissement de la peine de mort
La police turque a retrouvé le 13 février le corps calciné d'une femme dans une forêt d'un village proche de la ville de Tarse (province de Mersin-Sud de la Turquie).
Les tests ADN ont permis d'identifier la victime âgée de 20 ans, étudiante en psychologie, déclarée disparue par sa famille trois jours avant que son corps ne soit retrouvé.
L'enquête a permis d'arrêter le suspect, un conducteur de bus, qui a reconnu les faits, expliquant qu'il a attiré la victime dans une zone déserte pour la violer, et que face à la résistance dont elle a fait preuve il l'a d'abord poignardée plusieurs fois, l'a frappée avec une barre de fer puis a mutilé ses mains au niveau des poignets, avant de la brûler "pour effacer toute trace de son ADN".
Le meurtre a suscité des débâts sur le rétablissement de la peine de mort, aussi bien dans le public que parmi les membres du gouvernement.
"En tant qu'être humain, mère et femme, je ne suis pas en mesure de dire qu'on ne débatte pas de ce genre de sujet, a dit la ministre. Les mesures à prendre sont toujours discutées au lendemain de tels événements qui provoquent l'indignation d ela population, et les gens réclament toujours les peines les plus lourdes, dont la peine de mort. Nous n'avons pas le droit ou la compétence de dire de 'cesser ces débats et ce sujet'. Les gens peuvent discuter de tout, comme dans tout climat démocratique."
- Les données de violence contre les femmes dans l'Union européenne (UE)
Pour comparer, la ministre Islam a aussi noté que selon les données d'une étude réalisée en 2014 dans 28 pays membres de l'UE, une femme sur trois est victime de violence physique ou sexuelle à partir de 15 ans.
"On constate que seulement 14% des cas de violence domestique et 13% d'autres types de cas sont rapportés, a-t-elle dit. On remarque également que les femmes ayant mis fin à une continuent à d'être en danger. Deux femmes sur cinq, c'est à dire 43% des femmes sont victimes de violence exercée par leur ancien ou actuel partenaire. Parmi ces femmes, 42% ont aussi subi des actes de violence durant leur grossesse."
Aysenur Islam a rappelé que le niveau de développement ou de l'éducation dans un pays n'entraine pas forcément la baisse de la violence.
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