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Turquie: Le bâtiment de "Zaman" a été vidé par l'organisation parallèle avant sa mise sous tutelle

Le bâtiment du journal Zaman a été quasiment vidé de son contenu avant sa mise sous tutelle, seuls quelques ordinateurs et autres matériels technologiques, qui ne fonctionnent pas, ont été laissé dans le bâtiment.

Ekip, Tuncay Çakmak  | 07.03.2016 - Mıse À Jour : 07.03.2016
Turquie: Le bâtiment de "Zaman" a été vidé par l'organisation parallèle avant sa mise sous tutelle

Istanbul

AA - Istanbul - Tuncay Çakmak

Les documents et matériels appartenant au quotidien turc Zaman, placé sous tutelle la semaine dernière par la justice turque pour «soutien à l’organisation étatique parallèle illégale FETO», ont été transférés au journal Yarina Bakis.

D’après les informations recueillies par le correspondant de l’Agence Anadolu auprès des responsables de la tutelle et des employés du journal Zaman, le bâtiment du journal, qui se trouve à Yenibosna à Istanbul, a été quasiment vidé de son contenu avant sa mise sous tutelle.

Seuls quelques ordinateurs et autres matériels technologiques, qui ne fonctionnent pas, ont été laissé dans le bâtiment.

En vidant les lieux, les dirigeants de «Feza Journalisme», société à laquelle appartient notamment le journal Zaman, ont rendu impossible la préparation et la publication du journal, alors que ces locaux permettaient l’édition et la publication du journal Zaman, du magazine Aksiyon et de nombreux compléments de fin de semaine.

Quand la délégation de tutelle a pris ses fonctions, elle n’avait plus les moyens de poursuivre la publication de Zaman.

Toutes les données du journal, photos et informations, qui se trouvent dans des serveurs aux Etats-Unis, ne sont pas accessibles. C’est pourquoi, Zaman a du être préparé ailleurs avec des moyens très insuffisants, il ne comptait que douze pages le premier jour de la tutelle.

Après avoir rétabli certaines conditions de travail le deuxième jour, Zaman a pu être édité dans son bâtiment initial de Yenibosna.

Certains ordinateurs sont verrouillés, d’autres n’ont plus de disques durs et les logiciels ne fonctionnent plus.

Par ailleurs, les enregistrements et les disques durs des caméras de surveillance de l’immeuble sont manquants. Selon la délégation de tutelle, le but est de supprimer toute trace concernant les personnes qui avaient rendu visite au journal et des personnes qui ont participé aux réunions.

La délégation de tutelle a aussi été surprise par le système des abonnés du journal.

Avant la mise sous tutelle, le quotidien était imprimé à 500 000 exemplaires.

Il était distribué aux «abonnés» par Cihan Medya, autre société rattachée à Feza Journalisme.

Or, une fois la tutelle installée, la société Cihan a cessé de financer les 500 000 exemplaires et a stoppé la distribution.

En réalité, il semblerait que Zaman n’avait pas 500 000 abonnés, mais que sa publication était financée par Cihan.

Dans le même temps, les «abonnés» ont reçu le journal Yarina Bakis au lieu de Zaman.

Ainsi, la délégation de tutelle a décidé de n’imprimer que 75 000 exemplaires de Zaman pour qu’ils soient dans les kiosques à journaux.

Par ailleurs, des difficultés similaires ont été constatées dans les comptes sociaux du journal.

Les «followers» de Zaman sur Twitter, soit plus d’un million de personnes, ont été orientés sur Yarina Bakis.

Tout cela démontre clairement que les dirigeants de Feza Journalisme s'attendaient depuis plusieurs mois à une mise sous tutelle et se sont arrangés pour «offrir des murs vides».

Les dirigeants avaient anticipé une mise sous tutelle en novembre 2015, versant même les salaires de décembre, mais la tutelle n’avait pas été instaurée.

Ainsi, ils ont pu tranquillement préparer le journal et leurs autres sociétés à cette éventualité.

Certains observateurs estiment que les salariés de Zaman pourraient démissionner en bloc pour rendre la publication du journal impossible, et ensuite, mener une campagne affirmant que «le plus grand quotidien de Turquie a été fermé.»

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