"Malgré le fait qu’ils nous tuent, nous avançons sur le chemin de la paix"
-Rodrigo Londono, ancien leader des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), et président actuel du nouveau parti politique "Force alternative révolutionnaire commune", dont le diminutif est aussi FARC.

Buenos Aires
AA - Bogota - Daniel Salgar Antolinez
"Malgré le fait qu’ils nous tuent, nous avançons sur le chemine de la paix".
C’est avec ces mots que Rodrigo Londono, ancien leader des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), et président actuel du nouveau parti politique "Force alternative révolutionnaire commune", dont le diminutif est aussi FARC, a décrit le processus actuel en Colombie après que les groupes armés révolutionnaires ont abandonné les armes.
Londono a accordé une interview exclusive au correspondant de l’Agence Anadolu (AA), Daniel Salgar Antolinez.
Il est notamment revenu sur la décision d’un des anciens cadres des FARC, Ivan Marquez, de "reprendre les armes".
"Je considère personnellement qu’il s’agit d’une déclaration faite par une poignée d’utopistes qui cherchent à camoufler leurs erreurs. Ils n’ont aucun projet et leur initiative n’aura aucun effet sur e que nous faisons. Plus de 95% de ceux qui ont signé l’accord de paix ont annoncé qu’ils respecteront leurs promesses concernant le parti FARC et la Colombie, nous l’avons fait savoir au monde entier", a-t-il déclaré.
- "Le retour aux armes n’a aucune raison valable" :
Londono a expliqué qu’il connaît bien la majorité de ceux qui ont pris la décision de reprendre les armes : "J’ai vécu avec eux, j’ai combattu à leurs côtés."
"J’ai réellement été attristé par cette décision. Marquez avait joué un rôle essentiel, avec Jesus Santrich, dans les discussions de paix à La Havane", a-t-il commenté, assurant qu’il est fermement opposé à la volonté de reprendre les armes : « Tout le monde en Colombie, pas seulement le parti FARC, le gouvernement aussi, et la communauté internationale se sont opposés à la décision de Marquez".
- "Malgré le fait qu’ils nous tuent, nous avançons sur le chemine de la paix" :
Le chef du parti FARC s’est aussi exprimé sur la mort d’anciens membres des FARC.
"Il est avéré que d’anciens membres des FARC qui ont abandonné les armes ont été tués. Je l’ai dit plusieurs fois : malgré le fait qu’ils nous tuent, nous avançons sur le chemine de la paix. Ce ne sont pas seulement les anciens membres des FARC qui sont tués, il y a aussi des défenseurs des droits de l’homme et de l’environnement. Ce sont les conséquences de la guerre civile, et ça reste un sujet que nous devons réussir à régler", a-t-il estimé.
Cependant, Rodrigo Londono souligne que cette situation ne doit pas être perçue comme une raison pour un retour à la lutte armée.
"Forcément, ces morts vont influencer la décision de reprendre les armes, mais nous le savions au moment de signer l’accord de paix. Ivan Marquez et ceux qui sont à ses côtés le savaient. Nous en avions parlé. Pour nous, l’accord de paix n’est pas une finalité, c’est le commencement d’un processus complexe et difficile. Nous savions que l’extrême-droite colombienne n’allait pas rester sans rien faire", a-t-il rappelé.
Selon Londono, il faut éviter de renforcer les divisions au sein de la société colombienne.
- "Chaque jour le nombre de personnes qui défendent l’accord de paix est plus grand" :
Le leader du parti FARC a tenu souligner la difficulté de mettre en place et préserver un accord de paix, attirant l’attention sur la politique du gouvernement qui est arrivé au pouvoir en Colombie après la signature de l’accord : "Dès le départ, ce gouvernement ne voulait pas que les Colombiens avancent sur le chemin de la paix", a-t-il affirmé.
"L’accord de paix possède une durée de vie sur laquelle personne ne peut apporter de modification. L’accord n’appartient pas au FARC, il est l’héritage de la population colombienne et de la communauté internationale. Chaque jour le nombre de personnes qui défendent l’accord de paix est plus grand. Il est possible de surmonter toutes les difficultés. Plus le nombre e soutiens est grand, plus ce sera facile. C’est ce qu’il se passe aujourd’hui", a-t-il poursuivi.
- "Le Venezuela a soutenu la paix en Colombie" :
Londono est aussi revenu sur la crise politique entre la Colombie et le Venezuela, le dernier étant accusé par le premier d’aider les anciens cadres des FARC.
"A nos yeux, c’est une posture opportuniste. Je suis convaincu que le gouvernement vénézuélien ne soutient pas ceux qui veulent reprendre les armes. Ces accusations sont irresponsables. Vous pouvez ne pas soutenir le Venezuela, mais je ne crois pas qu’un gouvernement mettrait son pays en péril en soutenant un groupe qui n’a plus aucune attache [parlant de ceux qui veulent reprendre les armes]. Le Venezuela, que ce soit sous Chavez ou sous Maduro, a soutenu le processus de paix en Colombie. Pourquoi aujourd’hui soutiendrait-il un projet qui voudrait que l’on s’entretue", a-t-il commenté.
- "Le nom du Parti FARC peut changer" :
Rodrigo Londono a également fait savoir qu’en raison de la décision d’anciens cadres des FARC de reprendre la lutte armée, le Parti FARC pourrait décider de changer de nom, indiquant qu’il a fait une telle proposition.
Après avoir abandonné les armes après 50 ans de lutte armée, les FARC avaient décidé d’appeler leur parti "Fuerza Alternativa Revolucionaria del Comun" (Force alternative révolutionnaire commune), dont le diminutif est aussi FARC.
Deux anciens cadres du groupe armé FARC, Ivan Marquez et Jesus Santrich, deux noms symboliques des négociations de paix avec le gouvernement colombien, avaient lu le 29 août dernier, avec d’autres anciens combattants des FARC, un communiqué dans lequel ils annonçaient leur décision de reprendre les armes.
Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.