
AA - Konya - Nur Gülsoy
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a assuré ne pas rendre le pays aux pions et aux réseaux de trahison, lors d'une cérémonie organisée mercredi à Konya (Anatolie centrale).
"Nous ne rendrons jamais ce pays aux pions, a déclaré le chef d'Etat. Nous ne le rendrons jamais aux réseaux de trahison contrôlés par des milieux étrangers, ni aux structures parallèles, aux bouffons déguisés en hodja [chef religieux]. Le système judiciaire, la police et les médias se sont unis et ont lancé une opération qu'ils ont baptisée 'contre la corruption'. Mais très vite, il s'est avéré que le problème n'était pas la corruption. Des forces obscures dans la police, le système judiciaire, les médias, les milieux d'affaires et les organisations de la société civile ont coopéré, inventé un scénario. Ils ont pensé que nous allions capituler, que nous allions nous rendre devant cette tentative de coup d'Etat."
"Observez bien qui s'allient, qui se rassemblent aujourd'hui, comme le 17 décembre, a poursuivi Erdogan. Tous les acteurs obscurs de l'Ancienne Turquie se rassemblent aujourd'hui. Ils se font mutuellement des éloges. Des ennemis se soutiennent lors des élections. Comme nous vous l'avons promis, nous avons révélé la trahison de cette strucuture parallèle, pion des milieux internationaux."
Le président a aussi critiqué l'Union européenne pour ses propos concernant l'opération menée contre l'organisation parallèle en Turquie.
Le procureur de la République avait émis un mandat d'arrêt contre quelques dizaines de personnes, dont des dirigeants de la presse, accusées de falsification de documents officiels, fabrication de preuves, formation d'une présumée organisation criminelle par la force et d'atteinte à la souveraineté de l'Etat.
Toutes les personnes détenues sont soupçonnées d'être affiliées au mouvement Gülen mené par la personnalité religieuse turque Fethullah Gülen, en exil volontaire aux Etats-Unis.
"Nous allons aussi gâcher le jeu de ceux qui tentent de calomnier la Turquie à l'étranger, en alléguant la restriction de la liberté de la presse. Nous purgerons tous les établissements étatiques de ces personnes, dont la police et la justice. (...) Désolé, mais nous ne sommes pas les portiers de l'Union européenne. Soit elle nous accepte, soit elle ne nous accepte pas, avec notre conscience nationale. Nos affirmations la dérangent? Pourquoi donc?"
Ainsi, un réseau de bureaucrates et de hauts responsables étatiques turcs, proches de Fethullah Gülen, œuvrerait à saper le gouvernement en s'ancrant de manière méthodique dans les arcanes de l’Etat, tout particulièrement, au sein des institutions de la justice et de la sécurité. Le gouvernement actuel appelle ce réseau l'"organisation parallèle".
Des représentants du gouvernement turc accusent certains procureurs et employés de la police qui avaient mené l'enquête dans l'affaire de corruption du 17 et du 25 décembre dernier, d'être en relation avec cette organisation parallèle pour des buts d'espionnage. Zafer Caglayan (ministre de l'Economie), Muammer Guler (ministre de l'Intérieur), Erdogan Bayraktar (ministre de l'Environnement et du Développement urbain) avaient démissionné de leurs postes après une affaire de corruption révélée le 17 décembre 2013. Le ministre des Affaires de l'Union Européenne Egemen Bagis avait, lui, perdu son poste lors du remaniement ministériel du 25 décembre 2013.