L'ancien président turc Suleyman Demirel disparait à l'âge de 91 ans
Célèbre pour son chapeau de feutre et ses formules pleines de bon sens, le neuvième président de la République turque avait eu aussi le plus long mandat de chef de gouvernement, après Ismet Inonu et Recep Tayyip Erdogan.

AA - Ankara
L'ancien président de la République turque, Suleyman Demirel, est décédé mercredi matin, à l'âge de 91 ans, d'une infection des voies respiratoires et d'insuffisance cardiaque.
Selon la déclaration faite par l'hôpital Guven à Ankara, Demirel qui avait été hospitalisé le 13 mai, et décédé à 02h05 (00h05 GMT) malgré toutes les interventions.
Né le 1er novembre 1924 à Isparta (sud-ouest), Suleyman Demirel a fait des études d'ingénierie de construction à l'Université technique d'Istanbul.
Il est ensuite parti aux Etats-Unis pour faire des recherches sur l'irrigation et l'électricité. De retour en Turquie, il a été désigné à la tête de la Direction générale des Affaires de l'Eau de l'Etat en 1955, et a oeuvré dans plusieurs projets de barrages et de systèmes d'irrigations, d'où son surnom "le roi des barrages".
Demirel a quitté son poste en 1960 pour faire son service militaire. Après le coup d'Etat du 27 mai 1960, il a travaillé en tant qu'ingénieur et constructeur indépendant, et aussi comme enseigneur à l'Université technique du Moyen-Orient (ndlr: Orta Dogu Teknik Universitesi en turc, ODTU). Il a été le représentant de la société américaine internationale d'ingénierie et de construction, Morrison Knudsen Inc. qui a préparé le premier projet du pont du Bosphore. De ce fait, il a été surnommé "Morrison Suleyman".
Il a adhéré le Parti de la Justice (AP) en 1962, et est devenu son président général en 1964. En octobre 1965, il a été nommé vice-Premier ministre et ministre d'Etat au gouvernement de coalition.
Il a été élu député pour la première fois lors des élections d'octobre 1965. Député d'Isparta, il avait formé le gouvernement en tant que 12ème Premier ministre, comme il l'avait fait par ailleurs en 1969, en 1970, en 1975, en 1977 et en 1979.
Après le mémorandum militaire de 12 mars 1971, Suleyman Demirel a poursuivi sa carrière politique en tant que chef de l'opposition, lorsque son parti a été deuxième parti aux élections en 1973.
Il a formé le premier gouvernement de Front national en 1975, et le deuxième en 1977, avec le Parti d'action nationaliste et le Parti du salut national. Il a dû se retirer de la scène politique avec le coup d'Etat du 12 septembre 1980.
Avec la Constitution de 1982, Demirel, dont le parti avait déjà été interdit d'activité politique, a été lui-même interdit de la scène politique pour dix ans. Mais il n'a pas perdu le contact avec les anciens dirigants de son parti dissolu.
L'interdiction politique imposée à Demirel a été levée par un référendum en 1987. Il est par la suite arrivé à la tête du Parti de la Juste voie (DYP), et a été élu député d'Isparta en novembre 1987.
Avec la mort du président Turgut Ozal en avril 1993, Demirel a été élu neuvième président de la République par le Parlement en mai 1993.
Célèbre pour son chapeau de feutre et ses expressions comme "l'Egée n'est pas un lac grec, ce n'est pas un lac turc non plus, de ce fait l'Egée n'est même pas un lac", "le père de la Turquie" était aussi surnommé "Sulu le berger", puisqu'il a travaillé comme berger dans son enfance.
Le directeur général le plus jeune de la Turquie, le Premier ministre le plus jeune du pays, Demirel a été le chef de gouvernement a assumer le plus long mandat, après Ismet Inonu et Recep Tayyip Erdogan.
Les livres, les photographies et les affaires de Suleyman Demirel sont exposés au Musée Suleyman Demirel de démocratie et de développement, inauguré en 2014 à Islamkoy (Isparta).