''Kandil et le HDP ont tous les deux nui au processus de résolution''
''L'autorisation (du passage des militants kurdes de la Turquie à Kobané) n'aurait aucune légitimité juridique ou politique si elle prévoyait aussi le passage du PKK et la livraison d'armes à ces militants'', affirme Akdogan.

AA - Ankara - Bilal Muftuoglu
''Imrali (île où est détenu le chef du PKK Abdullah Ocalan) ainsi que le Parti démocratique des peuples (HDP, pro-kurde) étaient au courant du plan gouvernemental à l'égard du processus de résolution. Ces derniers ont décidé ensemble avec Kandil (les montagnes où se retire le PKK) de nuire à l'ordre public'', a déclaré le vice-Premier ministre turc Yalcin Akdogan en allusion à la résolution de la question kurde et aux manifestations (illégales) de soutien avec les kurdes de Kobané.
Akdogan s'est exprimé jeudi sur la chaine d'info turque NTV à propos de l'évolution du processus de résolution, le PKK ainsi que la situation dans la ville frontalière de Kobané, où s'affrontent les milices kurdes et l'EIIL.
S'opposant aux critiques accusant la Turquie de rester indifférente aux évènements de Kobané, Akdogan a rappelé que le pays accueille actuellement près de 200 000 habitants de cette ville et a ouvert ses frontières pour le passage des militants du Parti de l'Union démocratique (PYD, branche syrienne du PKK), de la Turquie à Kobané.
''Parmi les 285 militants du PYD basés en Turquie seul 64 ont accepté de franchir la frontière turque'', a fait savoir Akdogan pour illustrer ''la contradiction''.
A l'égard de l'autorisation du passage des milices kurdes du nord de l'Irak vers la Turquie, Akdogan a réitéré les propos du Président Recep Tayyip Erdogan mercredi pour indiquer que la Turquie envisageait d'ores et déjà cette option. Akdogan a, par ailleurs, souligné que cette autorisation vise uniquement les peshmergas, ''une composante de l'armée irakienne selon la constitution du pays et un élément légitime du gouvernement du district du Nord de l'Irak''.
''L'autorisation n'aurait aucune légitimité juridique ou politique si elle prévoyait aussi le passage du PKK à Kobané et la livraison d'armes à ces militants, d'où notre refus initial'', a affirmé Akdogan pour expliquer les réserves de la Turquie vis-à-vis l'ouverture de la frontière.
En réponse aux allégations du changement de politique à la suite de l'appel du Président américain Barack Obama, Akdogan a rappelé que la Turquie n'a jamais changé de position et que l'autorisation du passage des peshmergas n'a pas été proposée par les Etats-Unis.
D'autre part, en ce qui concerne l'évolution du processus de résolution, le vice-Premier ministre a mis en relief que l'établissement de l'ordre public sera la condition préalable de sa poursuite. ''Nous ne pourrons pas poursuivre le processus en violant les lois'', a-t-il précisé.
Les efforts du gouvernement envers la résolution de la question kurde auraient été sapés par Ocalan, Kandil et le HDP qui ''ont joué un rôle dans l'organisation des manifestations'', selon Akdogan.
''Nous (le gouvernement) considérons le HDP comme un acteur politique dans le processus de résolution'', a-t-il toutefois nuancé.
Interrogé aussi sur sa récente remarque à propos de l'amélioration des conditions d'incarcération d'Ocalan, Akdogan a rappelé que le gouvernement les a d'ores et déjà assurées en fournissant des livres et une télévision dans sa cellule ainsi qu'en mettant un médecin à sa disposition.
''Aucun changement quant à son statut de prisonnier ne fait l'objet des projets de notre gouvernement pour le moment'', a cependant ajouté Akdogan.