Türkİye

Erdogan ne veut pas réagir aux caricatures de Charlie Hebdo par respect au Prophète, bien plus souvent insulté

- "La France et l'Europe ne méritent pas des politiciens, du type de Macron et de ceux qui partagent sa mentalité, qui ne font que propager les graines de la haine", a par ailleurs déclaré le Chef de l'Etat turc.

Sinan Uslu, Tuncay Çakmak  | 28.10.2020 - Mıse À Jour : 29.10.2020
Erdogan ne veut pas réagir aux caricatures de Charlie Hebdo par respect au Prophète, bien plus souvent insulté ( TCCB/Murat Çetinmühürdar - Anadolu Ajansı )

TBMM

AA / Ankara

Le Président de la République de Turquie, Recep Tayyip Erdogan, a fermement condamné la dernière couverture de Charlie Hebdo, affirmant ne pas vouloir réagir à la caricature qui le cible, qu’il n’a même pas regardé, par respect au Prophète Mohammed qui a été sujet à de bien plus nombreuses injures.

Le Chef de l’État turc a pris la parole, mercredi, devant le groupe parlementaire de sa formation politique, le Parti de la Justice et du Développement (AK Parti), au Parlement turc.

Il s’est longuement exprimé sur l’actualité internationale, réservant une bonne partie de son discours à la montée de la haine et des actes antimusulmans en Europe, en particulier en France.

Il a d’abord cité la dernière couverture du magazine français Charlie Hebdo qui le prend personnellement pour cible.

"J’ai entendu dire qu’une caricature me prend pour cible. Je n'ai même pas regardé cette caricature car je refuse, même par simple curiosité, de donner de l'importance à ces publications immorales", a-t-il lancé.

Pour Erdogan, cette nouvelle provocation de Charlie Hebdo ne mérite même pas d’être commentée, d’autant plus que les auteurs ont bien plus souvent pris pour cible le Prophète des musulmans.

"Que suis-je pour répondre à ces immoraux qui insultent notre bien-aimé Prophète ?", a-t-il déclaré. Et d’ajouter : "S'opposer avec sincérité aux attaques visant notre Prophète est une question d'honneur à nos yeux".

Le Président turc n’a pas pour autant épargné les politiciens français, et européens, qui s’attaquent chaque jour un peu plus à l’Islam, aux musulmans, et à leurs sacrés.

"Nous observons que la haine de l'Islam, des musulmans, que l'injure au Prophète, se développent comme un cancer chez les dirigeants européens", a-t-il affirmé.

"La France et l'Europe ne méritent pas des politiciens, du type de Macron et de ceux qui partagent sa mentalité, qui ne font que propager les graines de la haine. Nous invitons les Européens sensés à prendre des initiatives pour s'opposer à cette tendance qui menace leur avenir et celui de leurs enfants", a-t-il ajouté.

La politique d’Emmanuel Macron pour le Liban a fait les frais de ses critiques. "Le Liban vit une tragédie, il [Macron] s'y rend pour soi-disant leur proposer une direction. Alors, as-tu trouvé ce que tu cherchais ? Non, parce qu'ils t'ont renvoyé. Plus ils seront connus, plus ils seront renvoyés de partout. Ils voudraient relancer les Croisades", a-t-il avancé.

Il a encore alimenté son analyse par la dernière perquisition scandaleuse d’une mosquée de Berlin par un très grand nombre de policiers allemands.

"La Chancelière Merkel n'est pas en mesure de m'expliquer pourquoi 100-150 policiers se sont introduits dans la mosquée Mevlana de Berlin à l'heure de la prière de l'aube", a-t-il dénoncé.

Le Chef de l’État turc estime que cette dérive de l’Europe risque de la faire revenir dans l’ère de la barbarie.

"Je suis convaincu qu'ils vont se noyer dans la haine de l'Islam et de la Turquie qu'ils ont alimenté. Ceci est la démonstration du recul de l'Europe vers la barbarie".

Recep Tayyip Erdogan a par ailleurs, une nouvelle fois, critiqué la volonté de certains d’associer Islam/Musulmans et terrorisme.

"Un musulman ne peut pas être terroriste, un terroriste ne peut pas être musulman", a-t-il insisté.

Face à ce dérapage de l’Europe, le Président turc a mis en avant le respect des Turcs envers les autres communautés religieuses.

"Notre pays compte 435 églises et synagogues, elles sont sous la protection de l'État. Nous n'avons jamais entravé la croyance et le culte de quiconque, et ne le ferons pas", a-t-il défendu, rappelant que c’est son gouvernement qui a notamment rendu aux minorités religieuses leurs biens confisqués par l’État dans le passé.

- Les développements en Syrie :

Le Chef de l’État turc s’est ensuite exprimé sur la situation en Syrie où certains développements vont dans le sens contraire des engagements pris

"Je rappelle que si, conformément aux promesses qui nous ont été faites, les terroristes ne sont pas évacués au-delà des zones définies, nous sommes en droit de passer à l'action au moment nécessaire", a-t-il dit, faisant référence aux accords signés avec Moscou et Washington, mais ignorés en partie par ces deux pays.

"Seule la Turquie combat réellement Daech. L'attaque de la Russie contre un camp d'entrainement de l'Armée Nationale Syrienne dans la région d'Idleb montre que la paix durable et la stabilité dans la région ne sont pas souhaitées", a-t-il estimé.

Dans ce contexte, le Président turc a assuré que la Turquie est prête à agir seule si besoin en est.

"Ceux qui se sont jetés sur les terres syriennes sous prétexte de lutter contre Daech, alors qu'aucun d'entre eux n'a combattu cette organisation terroriste autant que nous, doivent désormais mettre fin à ce jeu. La puissance de la Turquie est suffisamment grande, si nécessaire, pour nettoyer la totalité de la Syrie de la présence terroriste", a-t-il prévenu.

- Le conflit au Haut-Karabagh :

Erdogan a également renouvelé le soutien de la Turquie à l’Azerbaïdjan dans sa volonté de reconquérir ses territoires occupés par l’Arménie.

Il a, en ce sens, dénoncé l’inaction du Groupe de Minsk, coprésidé par la France, les États-Unis et la Russie, qui n’ont rien fait en 30 ans pour mettre fin à l’occupation arménienne.

Pour mettre fin à cette situation, le président turc propose à son homologue russe d’agir ensemble.

"Je me suis entretenu avec M. Poutine. Je lui ai proposé d'enfin mettre fin au conflit au Haut-Karabagh. Ensemble, nous pouvons y parvenir. Je lui ai proposé de discuter de son côté avec Pashinyan, et moi avec Aliyev", a-t-il expliqué.

Pour conclure, Erdogan a célébré la fête nationale du 29 octobre, date de proclamation de la République turque, ainsi que le Mawlid an-Nabawi, date de la naissance du Prophète Mohammed.

- Questions des journalistes :

Après son discours, le Président turc a été interpellé par les journalistes dans les couloirs de l’assemblée nationale turque, notamment sur les relations avec la France.

Il a déclaré que la Turquie répondra de manière réciproque si la France impose des restrictions de voyages. "La Turquie n’est pas un pays tribal, surtout pas comme ceux que Macron connait", a-t-il terminé.

Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.