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Cevdet: le Turc qui connaît le mieux le Sénégal, le Sénégalais le plus connu des Turcs

Cevdet Aribal demeure un personnage incontournable dans les relations entre son pays de naissance et celui de ses ancêtres.

28.05.2014 - Mıse À Jour : 28.05.2014
Cevdet: le Turc qui connaît le mieux le Sénégal, le Sénégalais le plus connu des Turcs

AA/ Dakar/ Yazid Bamse

Cevdet Aribal, petit-fils d'un immigrant turc, est né à Dakar où il travaille dans les échanges commerciaux entre le Sénégal et la Turquie, et plus généralement, s'active comme un relais entre son pays de naissance et son pays d'origine, avec lequel il a gardé de fortes attaches.

Lorsque la compagnie aérienne Turquish Airlines a décidé de desservir l’Afrique en commençant par le Sénégal, Cevdet Aribal a été parmi les personnes consultées. ‘’J’ai même rencontré le chairman de la compagnie’’, confie-t-il à Anadolu. Pourtant, Aribal n’est pas expert en aéronautique et n’a aucune fonction diplomatique officielle. Mais il est sans doute le Turc qui connait le mieux le Sénégal, et le Sénégalais le plus connu des Turcs.

Né au quartier du Plateau en centre-ville de Dakar, Cevdet Aribal possède la double nationalité sénégalo-turque. Son histoire avec le Sénégal commence il y a un peu plus d’un siècle, lorsque son grand père, Mahmat, débarque à Dakar, qui n’était pourtant pas sa destination.

‘’Mon grand-père avait pris le bateau de Tarsus (dépendant de Mersin) en 1920 pour se rendre aux Etats-Unis et lorsque le navire a fait escale au Sénégal, il a cru qu’il était déjà arrivé, raconte Aribal. Il est descendu et s’est rendu compte que c’était l’Afrique et non les USA. Comme il n’avait plus les moyens de reprendre un bateau, il a décidé de rester. Devenant ainsi le premier Turc au Sénégal, et même de l’Afrique de l’Ouest’’.

Le grand-père se lance dans le commerce avec bonheur et décide quelques années plus tard de faire venir de Mersin, sa ville natale, son fils Vehbi, le père de Cevdet. Vehbi arrive à Dakar à 18 ans pour aider son père et fait venir sa femme d’origine syrienne un peu plus tard au Sénégal. Le couple eut sept enfants, tous nés à Dakar, dont Cevdet, le petit dernier, né en 1966. Aujourd’hui, il est le seul, parmi les enfants de Vehbi, qui soit resté définitivement au Sénégal après que les autres sont partis en Turquie après le décès du père, enterré à Mersin.

Aujourd’hui, Cevdet Aribal, qui vit toujours dans le centre-ville de Dakar, s’active avec bonheur également dans le commerce. ‘’Je m’occupe des échanges commerciaux entre la Turquie et le Sénégal, particulièrement des produits alimentaires’’, dit-il.

A côté de son activité professionnelle, Cevdet est resté un relais constant sur tous les plans entre le Sénégal et la Turquie. A l’image de son père, qui avait ‘’reçu le tout-premier ambassadeur turc,Abdulahad Birden, accrédité au Sénégal’’, Cevdet a entretenu, au fil des années qui ont jalonné l'histoire politique et diplomatique de son pays d'origine, d'excellentes relations avec tous les ambassadeurs et consuls de l’ex-empire ottoman passés au Sénégal.

‘’Je suis en étroite collaboration avec eux, dit-il. Sinon, La plupart des Turcs qui arrivent au Sénégal viennent me voir pour des aides administratives ou tout simplement pour faciliter leur intégration sociale.’’  

 Deniz Sahin, deuxième secrétaire de l'ambassade turc, a, lui  aussi rencontré Aribal. '' C'est Asligul Ugdul, l'ancien ambassadeur qui nous avait parlait de lui à notre arrivée. J'ai trouvé que c'était un personnage hors du commun de par son histoire. J'étais d'ailleurs surpris d'apprendre qu'il était de la troisième génération de Turcs au Sénégal. Il a certes perdu la langue, mais a gardé son identité. Il est vrai qu'on ne le sollicite pas pour les affaires de l'Ambassade, mais il est cependant toujours invité aux différentes manifestations.'' 

Ces dernières années, Cevdet Aribal a ainsi été témoin de l’évolution de la présence turque au Sénégal. ‘’Il y a dix ans, il n’y avait que les membres de l’Ambassade et le personnel de l’école Yavuz Selim dont le directeur et les professeurs sont turcs. Par la suite, les hommes d’affaires sont venus et c’est comme cela que la communauté s’est développée’’.

Cevdet, qui se définit comme Sénégalo-turc, s’exprime parfaitement en oulof, langue la plus parlée au Sénégal, mais n’a que très peu de notions en turc. ‘’J’ai grandi au plateau, dans un environnement sénégalais mais mixte avec beaucoup de familles d’origine étrangère. Mes frères et moi avons pris la culture sénégalaise tout en étant originaires de la Turquie. J’apprécie tout autant l’hospitalité sénégalaise que la riche culture turque’’.

La première fois qu’il est allé au pays de ses ancêtres, Cevdet avait quatre ans. Il est y retourné plusieurs fois dont une pour effectuer son service militaire afin de garder sa nationalité turque. Ce fut une période difficile pour celui qui ne parlait pas le turc. ‘’Heureusement, les autorités ont été compréhensives,  j’ai eu droit à un interprète qui était tout le temps avec moi.’’

De la Turquie, Cevdet estime avoir cette culture méditerranéenne ‘’donc arabe par essence’’. ‘’Quand je suis en Turquie, ou je me rends au moins une fois par an, je me sens chez moi, comme à Dakar’’. Marié à une Libano-sénégalaise, née à Dakar, Cevdet a trois filles, dont l’ainée à 15 ans. ‘’Elles ont la double nationalité, la double culture et portent des prénoms turcs (Nour, Chirin, et Mesrin).

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