Türkİye

Cavusoglu : L'appel au cessez-le-feu du Caire pour la Libye est "mort-né"

- Le ministre turc des Affaires étrangères a estimé que la déclaration du Caire pour un cessez-le-feu en Libye n'était pas "sincère" ou "convaincante".

Merve Gül Aydoğan Ağlarcı  | 10.06.2020 - Mıse À Jour : 11.06.2020
Cavusoglu : L'appel au cessez-le-feu du Caire pour la Libye est "mort-né"

Ankara

AA - Ankara
Le chef de la Diplomatie turque a déclaré mercredi que l'appel récent effectué depuis la capitale égyptienne pour un cessez-le-feu en Libye, était "mort-né".

S'adressant aux médias nationaux en Turquie, le ministre des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, a douté de la "sincérité" et de la crédibilité de la prétendue Déclaration du Caire, rappelant l'agression récemment intensifiée contre le gouvernement libyen reconnu par l'Organisation des Nations Unies (ONU), et menée par les milices du général putschiste Khalifa Haftar, lui-même soutenu par l'Égypte.

Cavusoglu a remis en question les motivations actuelles de Haftar, ce dernier ayant auparavant "refusé tous les efforts de cessez-le-feu", mais a soudainement fait une déclaration commune avec l'Égypte en faveur d'une trêve, après les récentes victoires militaires du gouvernement libyen.

"Dans le contexte des récentes victoires du Gouvernement d'accord national [reconnu par l'ONU], ils appellent à une trêve, parce que Haftar a commencé à perdre sur le terrain. Ce n'est ni convaincant ni sincère. Les efforts de cessez-le-feu au Caire sont mort-nés", a déclaré le chef de la Diplomatie turque.

Après l'éviction du défunt dirigeant libyen, Mouammar Kadhafi en 2011, un nouveau gouvernement libyen a été fondé en 2015 dans le cadre d'un accord politique mené par l'ONU.
Cependant, depuis avril 2019, le gouvernement et les parties occidentales du pays sont attaqués par les milices fidèles à Haftar.

L'Armée libyenne a obtenu des victoires militaires importantes contre les milices de Haftar ces derniers jours, reprenant le contrôle de toutes les villes occidentales du pays jusqu'à la frontière tunisienne.
Le gouvernement libyen internationalement reconnu est attaqué par les forces de Haftar depuis avril 2019, les offensives du général renégat causant plus de 1000 morts.

Soulignant que seul un cessez-le-feu convenu par les deux parties au conflit, serait permanent, Cavusoglu a déclaré : "Haftar n'a jamais voulu cela. Ni le gouvernement d'Accord national ni d'autres pays n'étaient présents au Caire. Un cessez-le-feu afin de sauver Haftar, n'est pas sincère ou convaincant pour nous", a noté le ministre turc.

Cavusoglu a en outre déclaré que l'OTAN et les États-Unis avaient un avis "positif" sur l'implication de la Turquie en Libye, et que le président turc Recep Tayyip Erdogan avait eu des conversations téléphoniques sur la question, avec le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg et le président américain Donald Trump.

Le ministre turc des Affaires étrangères a souligné qu'une trêve doit être signée à travers une plate-forme incluse de toutes les partie :

"Si un consensus est atteint sur une plate-forme où tout le monde se réunit sous l'égide des Nations Unies, ce cessez-le-feu sera crédible et permanent", a ajouté Cavusoglu.
- "Haftar a raté son opportunité pour l'avenir de la Libye"

Faisant référence aux précédents efforts de cessez-le-feu de la Turquie et de la Russie, Cavusoglu a déclaré avoir parlé lundi de la Libye avec son homologue russe Sergueï Lavrov, et que les deux pays ont convenu de tenir des consultations politiques sur la question.

"Nous leur avons clairement dit que nous n’avions pas approuvé la déclaration du Caire et que nous ne la trouvions pas réaliste ou sincère, et donc nous ne la soutiendrons pas. Nous aurons des discussions avec les Russes sur la Libye dans les prochains jours", a noté Cavusoglu, excluant tout rôle pour Haftar dans l'avenir de la Libye, et citant pour cause que le général renégat avait perdu une telle chance en ayant bafoué les cessez-le-feu convenus dans le passé relativement récent.

"Haftar a déclaré qu'il ne reconnaissait pas l'accord politique et a annoncé sa saisie de l'administration du pays. Il est devenu un comploteur de coup d'État semblable à un pirate. Bien sûr, le Peuple libyen décidera, mais une telle personne ne devrait pas avoir de rôle dans l'administration de la Libye car les putschistes ne devraient pas être ici. Haftar a raté son opportunité", a conclu le ministre turc des Affaires étrangères.
- "Le peuple décidera au sujet de Sainte-Sophie"

Faisant référence à la réouverture possible de Sainte-Sophie d'Istanbul au culte musulman, Cavusoglu a rejeté l'opposition d'autres pays à l'éventuelle décision, déclarant : "Aucune pression étrangère ne pourrait nous affecter".

"Notre Nation se prononcera sur la question de Sainte-Sophie. Une organisation a demandé au Conseil d'État [de rouvrir Sainte-Sophie pour le culte]. La décision devrait être rendue le 2 juillet", a-t-il déclaré.
Commentant les éventuelles critiques de la Grèce, Cavusoglu a estimé que "la Grèce est le dernier pays à pouvoir en parler".

"La Turquie est exemplaire dans le monde en termes de liberté de croyance et culte. Différentes confessions et sectes ont des lieux de culte disponibles en Turquie. Il y a des synagogues et des églises. Les Arméniens ont des églises catholiques et orthodoxes,[...] protestantes et grecques orthodoxes [...] Personne ne devrait tenter de remettre en cause la liberté de religion en Turquie en utilisant Sainte-Sophie. Au contraire, ils devraient prendre la Turquie comme exemple à cet égard", a déclaré Cavusoglu

Sainte-Sophie avait été utilisée comme basilique, notamment par les Byzantins, pendant 916 ans. En 1453, elle a été convertie en mosquée par le Sultan ottoman Mehmet II après la conquête d'Istanbul.
Après des travaux de restauration à l'époque ottomane et l'ajout de minarets par l'architecte Mimar Sinan, Sainte-Sophie est devenue l'une des œuvres les plus importantes de l'architecture mondiale.
Sous la République de Turquie, l'édifice historique est devenu un musée.

Le Président turc, Recep Tayyip Erdogan a rappelé comment les Ottomans avait converti le bâtiment en mosquée, au lieu de le raser, un sort subi par de nombreuses mosquées prises aux Ottomans.
Erdogan a déclaré son intention de restaurer le statut de mosquée de Sainte-Sophie, et y a récemment autorisé une récitation du Coran.



* Traduit de l'anglais par Ümit Dönmez

Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.