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A Kinshasa, on s’arrache le «made in Türkiye»

Les Congolais ont délaissé les produits en provenance de la Chine pour les articles turcs, considérés de bien meilleure qualité.

03.09.2014 - Mıse À Jour : 03.09.2014
A Kinshasa, on s’arrache le «made in Türkiye»

AA/Kinshasa/Raoul Biletshi

Sur la place du marché de Kinshasa, capitale congolaise, des centaines de boutiques de vêtements, sont régulièrement assaillies par les kinois, exigeants et coquets, qui s’arrachent, depuis plusieurs mois, les articles venus tout droit d’Istanbul et d’Ankara.

Les clients désireux d'être bien "sapés" ont en effet délaissé les produits en provenance de Guangzhou (sud de la Chine) au profit du «made in Türkiye».

Ainsi, sur la rue piétonne, plusieurs vendeurs ambulants, les bras chargés de pantalons en jeans, de chemises et de tee-shirt lancent à l’endroit des passants, en lingala (une des langues nationales du Congo-Kinshasa) «Ewuti Guangzhou te, Ewuti Turquie»  («Ça ne provient pas de Guangzhou, mais de Turquie»).

C’est d’ailleurs le même argument qu’invoque la centaine de petits commerçants de la ville, pour attirer la clientèle.

 «Vous savez, les Kinois aiment être bien habillés malgré leur faible bourse, ils sont très regardants sur la qualité des vêtements qu’ils portent» explique Nanette, propriétaire de plusieurs boutiques d’habillement dans les communes périphériques de Kinshasa.

« Pour l’opinion publique, les habits en provenance de Chine que nous vendons sont de qualité moyenne, c’est pourquoi, depuis trois ans, j’ai décidé de diversifier mes sources d’approvisionnement. Je ne pars plus seulement à Guangzhou, j’achète aussi désormais mes produits à Istanbul ou Ankara, car les clients apprécient leur qualité», affirme cette femme d’affaires, dans le commerce du textile depuis une dizaine d’années.

Le textile n’est cependant pas l’unique secteur qui connaît cet engouement. D’autres articles turcs, à l’instar des produits électroménagers sont très prisés par les Congolais.  Indovic Kamba,  propriétaire d’un magasin de vente de meubles et d’objets de décoration, l’a aussitôt compris.

« Depuis que j’ai découvert le marché turc en 2011, je ne voyage plus seulement en Chine pour m’approvisionner. Chaque année, je fais au moins une tournée en Turquie pour mes clients exigeants», affirme-t-il.

Un groupe de jeunes étudiants congolais rentrés de Turquie,  ont, eux aussi,  bien compris l’importance de saisir ce marché. Ainsi,  il y’a sept mois, ces étudiants ont lancé «Kitendi Turk» (habits turcs, Ndlr), une maison d’habillement qui «revendique sans complexe la provenance de ses produits», affirme Serge Mfiya, son directeur.

 «Contrairement à d’autres magasins qui s’approvisionnent en Turquie mais se cachent derrière des dénominations d’emprunt, nous assumons entièrement notre activité. Car le marché kinois aime de plus en plus la qualité des produits turcs», explique-t-il, au fil d'une tournée dans son magasin fourni en vestes, chaussures, chemises et autres accessoires "made in Turkiye".

Pour Ahmed Emedi, étudiant congolais à Istanbul, en vacances à Kinshasa, «les entreprises turques implantées à Kinshasa sont de véritables exemples de réussite. »

 «Prenez "Yenbu", dans la décoration d’intérieur et les meubles, "Zenit Sprl" dans le bâtiment et les ascenseurs,  "Hatem Sayki/Hatemoglu" dans l’habillement de marque, toutes ces entreprises, dont les services sont fort appréciés, prouvent que c’est le moment d’établir un vrai partenariat économique entre la Turquie et le Congo pour augmenter le volume des échanges»,  lance le jeune homme.

En novembre dernier, à l’occasion du  Salon international du commerce et de l’industrie de Kinshasa auquel ont participé de nombreux opérateurs économiques turcs,  l’ambassadeur de la Turquie en RDC, Bekir Uysal, avait affirmé que «le volume du commerce entre la Turquie et la RDC était évalué à 65 millions USD, dont 41 millions d’importations turques et 24 millions pour la RDC».

« Le Congo importe de la Turquie plusieurs produits dont le ciment, les maisons préfabriquées, les machines et appareils électroménagers ainsi que des produits textiles », avait alors annoncé le diplomate.

Pour Coco Kayudi, qui a conduit une délégation d’hommes d’affaires congolais à la foire internationale de Turquie (Tuskon) en mai dernier, «l’afflux  d’échanges commerciaux entre la RDC et la Turquie est important depuis cinq ans, mais il est resté largement dominé par le secteur informel, ce qui empêche d'établir de vraies statistiques».

Pour encadrer les centaines de petites et moyennes entreprises congolaises qui font déjà des affaires avec la Turquie,  Kayudi travaille à la création d’une chambre de commerce turco-congolaise. Son objectif est de mieux organiser « ce secteur très prometteur ». 

 

 
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