Erdogan et le pape Léon XIV condamnent unanimement les attaques sur Gaza
- Sur Gaza et la Palestine, Erdogan a accusé Israël de viser délibérément les lieux de culte
Istanbul
AA/Ankara
Le président turc Recep Tayyip Erdogan et le pape Léon XIV ont appelé mercredi à Ankara à un sursaut commun pour la paix mondiale, lors d’une visite historique marquée par de fermes prises de position sur Gaza, Jérusalem et la montée de l’intolérance.
Devant les invités réunis dans le salon Cihannuma de la Bibliothèque présidentielle, après un entretien en tête-à-tête et des discussions inter-délégations au Palais présidentiel, Recep Tayyip Erdogan a déclaré que « les messages délivrés depuis la Türkiye lors de cette visite atteindront les mondes turco-islamique et chrétien et raviveront l’espoir de paix mondiale ».
Qualifiant la visite de « cruciale » dans un contexte de fortes tensions régionales et mondiales, le président turc a réaffirmé le soutien actif d’Ankara aux nouveaux efforts pour mettre fin à la guerre russo-ukrainienne.
Sur Gaza et la Palestine, Erdogan a accusé Israël de viser délibérément les lieux de culte.
« Le gouvernement israélien bombarde depuis des mois des zones civiles incluant églises, mosquées, hôpitaux et écoles. L’une des cibles a été l’église de la Sainte-Famille, seule église catholique de Gaza », a-t-il rappelé.
Il a rappelé que « plus de 70 000 Gazaouis, majoritairement des femmes et des enfants, ont été tués » en deux ans d’attaques.
« En tant que famille humaine, la plus grande dette que nous avons envers le peuple palestinien est la justice. La seule façon de la payer est de concrétiser sans délai la vision d’une solution à deux États sur la base des frontières de 1967 », a-t-il martelé, ajoutant que cela passait d’abord par « le renforcement du cessez-le-feu à Gaza, la sécurité des civils et l’acheminement sans entrave de l’aide humanitaire ».
Il a également insisté sur l’importance de « préserver le statut historique de Jérusalem » et promis de continuer à agir ensemble contre toute atteinte à l’identité historique de Jérusalem-Est.
Erdogan a notamment dénoncé la montée de l’Islamophobie et de la xénophobie en Occident.
« L’intolérance alimente le conflit, le conflit alimente la division, la haine et la violence. Ce que nous voyons aujourd’hui – Islamophobie et rejet de l’étranger – est l’expression de ce cercle vicieux, attisé sciemment ou non par certains médias, réseaux sociaux et responsables populistes », a-t-il martelé.
De son côté, le pape Léon XIV, s’exprimant depuis Ankara, a insisté sur la place importante de la Türkiye dans la Méditerranée.
« Vous (la Türkiye) avez une place importante dans la Méditerranée et dans le monde entier aujourd’hui et dans l’avenir », a-t-il relevé.
Rappelant les différents conflits en cours dans le monde, il a mis en garde contre « une troisième guerre mondiale menée par étapes », affirmant que « nous ne devons jamais nous y résigner » et que « l’avenir de l’humanité est en danger ».
« Après les deux guerres mondiales, nous vivons une nouvelle ère de tensions extrêmes dominée par les stratégies de puissance économique et militaire », a-t-il ajouté.
Le président turc a conclu en rappelant que « quelle que soit notre foi, nous sommes tous membres de la grande famille humaine » et que « protéger la famille, c’est protéger l’individu et la conscience d’être humain ».
Il s’agit de la première visite officielle d’un pape en Türkiye depuis celle de Benoît XVI en 2006.
