AA / Istanbul / Asiye Latife Yılmaz

L’ancien ministre britannique de la Défense, Ben Wallace, a estimé vendredi que la Türkiye et le Royaume-Uni devaient approfondir leur coopération dans les domaines de la défense, de la technologie et du monde académique, en tirant parti de leur statut indépendant hors de l’Union européenne (UE) pour réagir plus rapidement sur la scène internationale.

"La Türkiye et le Royaume-Uni ne sont pas dans l’UE, mais font partie du dispositif de sécurité européen", a déclaré Wallace lors d’un discours prononcé à l’université du Bosphore (Bogazici) à Istanbul. Une position, selon lui, qui les rend essentiels pour leurs partenaires européens tout en leur donnant un intérêt direct dans la sécurité du continent.

Il a souligné qu’en étant hors de l’UE, les deux pays avaient la liberté de conclure des accords commerciaux plus solides et de mener ensemble des actions coordonnées en matière de politique étrangère.

Mettant en avant les compétences locales, Wallace a salué la main-d’œuvre qualifiée de la Türkiye, notamment les physiciens, les ingénieurs en aéronautique, les spécialistes des systèmes, ainsi qu’un vivier de talents "remarquablement bien éduqués" qu’il juge d’une importance capitale.

Enfin, il a appelé à intensifier la coopération non seulement dans la production industrielle, mais aussi dans la recherche scientifique et le monde universitaire, plaidant pour un renforcement de la compréhension mutuelle au-delà des seuls niveaux gouvernementaux.

– "Le monde est plus inquiet que jamais"

Ben Wallace a mis en garde contre l’instabilité croissante à l’échelle mondiale : "Le monde est inquiet. Plus inquiet que jamais... Nous sommes dans l’ère post-mondialisation. Autrement dit, nous sommes totalement interconnectés", a-t-il déclaré, soulignant que la guerre en Ukraine et la situation à Gaza sont désormais visibles et ressenties jusqu’aux communautés les plus éloignées.

L’ancien ministre a également souligné que le deuxième intérêt stratégique du Royaume-Uni était d’atteindre une paix durable au Moyen-Orient, tout en reconnaissant la complexité des conflits persistants dans la région.

Selon lui, le pire scénario serait que "l’État-nation perde le contrôle de sa propre société". Il a mis en garde contre la montée en puissance des technologies et leur usage détourné par des groupes terroristes.

– Besoin urgent d’investir dans la résilience de la défense

Wallace a appelé les gouvernements à donner la priorité à un investissement accru dans la résilience de la défense, quitte à réduire d'autres dépenses, afin de faire face à des menaces en constante évolution.

Il a souligné que les conflits actuels ne se limitent plus aux affrontements classiques, les cyberattaques et les menaces hybrides représentant désormais des risques majeurs pour la sécurité nationale.

Les adversaires, a-t-il ajouté, ne sont pas uniquement des États hostiles, mais aussi des groupes extrémistes ou anarchistes, ce qui rend indispensable une résilience globale dans tous les secteurs.

Enfin, Wallace a mis en garde contre une dépendance excessive aux alliés – notamment les États-Unis – qui pourrait rendre certains pays dangereusement vulnérables face à un environnement sécuritaire en pleine mutation.

– La guerre en Ukraine, priorité absolue pour le Royaume-Uni

Pour Ben Wallace, le dossier le plus urgent pour le Royaume-Uni reste la guerre entre la Russie et l’Ukraine. "(Le président russe Vladimir) Poutine ne doit pas rentrer chez lui en ayant le sentiment d’avoir gagné", a-t-il averti.

Il a insisté sur l’importance de la fermeté internationale et de l’unité entre alliés, soulignant que tout relâchement des engagements ne ferait qu’encourager les adversaires et accroître l’instabilité dans le monde.

L’ancien ministre a également réaffirmé l’intérêt du Royaume-Uni pour une paix durable au Moyen-Orient, tout en reconnaissant la difficulté de mettre fin aux conflits anciens qui y perdurent.

Enfin, tout en évoquant les tensions existantes en Méditerranée orientale, Wallace a souligné l’importance d’une coopération régionale autour de l’exploitation énergétique, estimant qu’un effort conjoint dans ce domaine peut à la fois favoriser la croissance économique et réduire les risques de conflits.

* Traduit de l'Anglais par Adama Bamba