Attaque d'Idlib :Erdogan prévient des lourdes conséquences sur le monde entier

AA - Ankara - Ayvaz Colakoglu

Le président de la République de Turquie, Recep Tayyip Erdogan, a signé un article dans The Wall Street Journal (WSJ) dans lequel il prévient sur les conséquences inéluctables qu'engendreraient une attaque du régime syrien à Idlib.

Dans son article publié dans l'édition de mardi du WSJ, Erdogan a appelé l'Europe et les Etats-Unis à prendre des mesures concrètes pour Idlib.

"Idlib est la dernière sortie avant le pont. Si la communauté internationale, l'Europe et les Etats-Unis compris, ne font pas le nécessaire aujourd'hui, ce ne sont pas seulement les opprimés de Syrie, mais le monde entier qui en payerait le prix", a t-il prévenu.

Il a notamment rappelé que la Turquie accueille actuellement plus de 3,5 millions de réfugiés, "soit plus que l'ensemble des autres pays", avant d'indiquer que malgré que son pays soit la cible des organisations terroristes telles que Daesh et le PKK, cet effort d'accueil n'a jamais faibli.

Le chef de l'Etat turc a souligné les initiatives diplomatiques entreprises par la Turquie pour mettre un terme à "une guerre civile de plus de 7 ans".

"La Turquie, à une époque où elle rencontrait des difficultés par rapport à tout cela, a entrepris des démarches diplomatiques pour apporter une solution à cette crise. Dans ce cadre, nous avons amené l'opposition à la table des négociations à Genève et démarré le processus d'Astana avec la Russie et l'Iran, avec pour résultats, des accords de cessez-le-feu, des zones de désescalade et des évacuations de civils dans les régions de combats", a -t-il expliqué.

Il a indiqué qu'une nouvelle fois, aujourd'hui, une phase critique se joue en Syrie.

"Le régime syrien, avec l'aide de ses alliés, se prépare à lancer une grande offensive contre Idleb, dernier bastion qui abrite plus de 3 millions d'âmes, et accueille tous ceux qui ont été poussés à l'exode. Dans le but d'éviter cette offensive, notre gouvernement a contribué à la mise en place des zones de désescalade et installé dans la région 12 postes d'observations afin d'y recenser les violations du cessez-le-feu", a t-il encore expliqué.

Erdogan a assuré que le régime d'Al-Assad tentait de légitimer son attaque contre Idlib en utilisant le prétexte de la lutte contre le terrorisme.

"La solution proposée par Al-Assad est une fausse solution, on ne peut pas, au nom de la lutte contre le terrorisme, accepter de sacrifier des personnes innocentes", a t-il écrit, avant d'ajouter qu'un tel déferlement de violence profitera, avant tout, aux organisations terroristes comme Daesh, dont l'apparition "est le résultat et non la cause des événements vécus en Syrie".

Le leader turc a proposé dans sa tribune, la mise en place d'une opération internationale commune de lutte contre le terrorisme pour venir à bout des groupes terroristes "marginaux" actifs à Idlib.

"Le soutien de l'opposition syrienne modérée, qui a joué un rôle clef dans la lutte contre le terrorisme menée par la Turquie dans le Nord de la Syrie, sera d'une grande utilité à Idlib", a t-il soutenu.

"Empêcher l'attaque d'Idlib ne signifie pas une remise en cause de la lutte contre le terrorisme. La Turquie est parvenue à lutter contre les organisations terroristes Daesh et PKK sans causer de dommage aux civils", a t-il poursuivi.

Erdogan a aussi rappelé qu'une approche responsable dans la lutte contre le terrorisme permettra de gagner le soutien de la population locale.

"La volonté du régime n'est pas de lutter contre le terrorisme mais d'éliminer toute forme d'opposition", a affirmé Recep Tayyip Erdogan, avant d'indiquer que la communauté internationale devait être consciente de ses responsabilités et qu'une telle attaque du régime aurait des conséquences graves sur la sécurité de la Turquie et de l'Europe.