Erdogan: "La Turquie est chez elle en Europe"
Le Président turc reproche aux dirigeants européens d’avoir une politique envers la Turquie influencée par les courants d’extrême droite qui se répandent dans de nombreux pays de l’UE.

Ankara
AA - Ankara - Tuncay Çakmak
Le Président de la République de Turquie, Recep Tayyip Erdogan, a déclaré, jeudi, que la Turquie est prête à rejoindre l’Union européenne (UE) immédiatement, si l’Europe abandonne son approche "deux poids deux mesures".
Le président turc s’exprimait, jeudi, lors de sa rencontre, à Ankara, avec une assemblée de maires de quartiers et de villages originaires de tout le territoire turc.
Il s’est longuement arrêté sur les relations tendues de ces dernières semaines avec l’Europe.
Il a reproché aux dirigeants européens d’adopter une politique envers la Turquie influencée par les courants d’extrême droite qui se répandent dans de nombreux pays de l’UE.
"Ni les institutions européennes ni les Etats européens, qui sont sous la menace du racisme, ne pourront nous éloigner de l'Europe. Nous ne sommes pas un pays invité à l'Europe, nous sommes chez nous en Europe", a-t-il asséné.
"Les difficultés que nous rencontrons dernièrement dans nos liens avec l'UE et certains pays de l'Union ne sont que des problèmes politiques conjoncturels", a-t-il lancé.
Pour le dirigeant turc, les difficultés actuellement rencontrées avec l’Europe peuvent être rapidement surmontées "si cette dernière change de politique envers la Turquie".
"Si l'UE met de côté son approche deux poids deux mesures initiée contre notre pays, nous sommes prêts à intégrer l'Europe dès demain. Si l'UE revient sur les entraves dressées volontairement sur la voie des promesses faites au sujet de la suppression des visas, de l'aide financière destinée aux réfugiés syriens et des négociations d'adhésion, nous ferons bien sur preuve de bonne volonté. Mais désormais, il n'est plus question que nous fassions des pas unilatéralement", a-t-il fait savoir.
Erdogan a bien précisé que la volonté de la Turquie de développer davantage ses relations avec d’autres régions de la planète, du nord au sud et de l’est à l’ouest, "ne consiste point à une recherche d’alternative dirigée contre l’Union européenne et l’Occident en général".
"Nos relations avec l'Occident ne sont pas une alternative à nos relations avec l'Orient, de la même manière que nos relations avec l'Orient ne sont pas une alternative à celles établies avec l'Occident. Au contraire, ce sont des relations qui se complètent autant pour nous que pour nos amis", a-t-il expliqué.
Le Chef de l’Etat est ensuite revenu sur le drame humain qui se poursuit en Syrie et particulièrement à Alep.
"Chaque enfant qui pleure à Alep et chaque mère et père qui sert dans ses bras ses enfants est notre frère, à l'instar des habitants de Mossoul et de Tall Afar en Irak qui sont sous la menace de Daech ou des autres groupes terroristes qui se nourrissent des différences interconfessionnelles", a-t-il déploré.
"Nous ne pouvons rester indifférents face à cette cruauté. Comme nous l'avons fait par le passé en Afghanistan, dans les Balkans, au Haut-Karabagh et en Crimée, nous ne pourrons tolérer ces crimes en Syrie et en Irak. Cette posture nous est imposée par notre héritage historique", a-t-il déclaré.
Erdogan a, de cette manière, repoussé toute critique en Turquie et ailleurs contre l’intervention d'Ankara en Syrie et en Irak.
"L'opération 'Bouclier de l'Euphrate' ne vise ni un Etat ni une personne, elle vise seulement les groupes terroristes. Que personne n'essaie de déformer mes propos ou de leur conférer un autre sens", a-t-il ajouté.
Et Erdogan de renouveler la détermination de la Turquie à lutter contre toute forme de terrorisme. "Même si elle reste seule, la Turquie continuera son combat contre le terrorisme. Au lieu d'être soutenue par les pays occidentaux dans cette tâche, nous sommes confrontés à de sérieux obstacles venant de leur part", a-t-il expliqué.
Le président turc a, par ailleurs, dénoncé la volonté de certains pays ou fabricants d’armes européens de "stopper la vente d’armes" à Ankara.
"Ceux qui s'orientent vers cette voie ne doivent pas oublier que nous sommes un pays de l’OTAN. Ils doivent se demander comment ils peuvent envisager de telles choses contre un pays allié et membre de l’OTAN", a-t-il rappelé.
Erdogan a conclu en expliquant que cette approche adoptée par les Européens "n’a pour seul effet que de pousser la Turquie à développer sa propre industrie de la défense".
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