Erdogan : "En Turquie, nous ne considérons pas que la laïcité soit hostile à la religion"
- «La laïcité veut dire créer un terrain favorable pour que tous les cultes, de toute religion, puissent être exercés librement», soutient Erdogan.

Ankara
AA / Ahmed al-Masri
Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a déclaré qu’«en Turquie, nous ne considérons pas que la laïcité soit hostile à la religion».
Cette déclaration a été faite lors d’un entretien accordé à la chaîne saoudienne Al-Arabiya pendant la visite d’Erdogan en Arabie Saoudite, deuxième pays de sa tournée dans le Golfe arabe.
Interrogé sur sa conception de la laïcité et sur la manière de la conjuguer avec l’Islam, le président turc a répondu : «J'ai du mal à comprendre pour quelle raison le monde musulman [cherche] un lien entre l’Islam et la laïcité».
Et d’ajouter : «Nous avons créé notre parti [de la Justice et du Développement] et nous avons défini la laïcité. Je me suis déjà exprimé sur ce point lors de ma visite en Egypte, après la prise de fonction [de l’ancien président] Mohamed Morsi. D’abord, les individus ne peuvent pas être laïcs, c’est l’Etat qui peut l’être, ça c’est un point important. La laïcité signifie que l’Etat doit être tolérant avec toutes les croyances et se tenir à égale distance de toutes les religions et les croyances».
«Autrement dit, la laïcité veut dire créer un terrain favorable pour que tous les cultes, de toute religion, puissent être exercés librement, cela est aussi vrai pour les athées. Mais, considérer la laïcité comme quelque chose à imposer aux religieux cela n’est pas juste», a explicité Erdogan.
«Auparavant, nos filles ne pouvaient pas poursuivre leur scolarité en portant le voile. Aujourd’hui, nous pouvons voir des femmes voilées dans les universités, au Parlement et dans différents postes au sein de l’Etat. Elles peuvent même donner des conférences à l’université. C’est ça la laïcité», a-t-il encore ajouté.
Le président turc a conclu en disant que «tous les moyens et les droits démocratiques accordés par la laïcité doivent profiter à tout le peuple», estimant que la Turquie a atteint, de ce point de vue, un niveau supérieur à celui de l’Occident.