AA - Eskisehir (Turquie) - Tuncay Çakmak

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a déclaré, mardi, qu’avec la mise en route du gazoduc Transanatolien TANAP, la Turquie est devenue un "acteur majeur dans la région à tous les échelons du transfert de gaz naturel, de la production à la consommation".

Le chef de l’Etat turc s’exprimait, mardi à Eskisehir (centre-ouest), au cours de la cérémonie d’inauguration et de mise en route du gazoduc TANAP à laquelle participaient les présidents azerbaidjanais, Ilham Aliyev, géorgien, Guiorgui Margvelashvili, serbe, Aleksander Vucic, de la République Turque de Chypre Nord, Mustafa Akinci, et de l’Ukraine, Petro Poroshenko.

Après une vidéo de présentation du projet, le président Erdogan a pris la parole et a procédé à l'énumération, en détails, de l’importance que revêt le TANAP.

"Nous inaugurons aujourd'hui le gazoduc transanatolien TANAP, aussi appelé "Route de la Soie" de l'énergie", s’est-il d’abord félicité.

Pour Erdogan, la construction et la finalisation du gazoduc est une "réussite totale" et un bon exemple de la coopération régionale entre plusieurs pays.

"Avec TANAP, nous avons une nouvelle fois mis en pratique notre approche selon laquelle l'énergie est un secteur de coopérations et non d'affrontements, a-t-il déclaré. "TANAP est le dernier fruit de notre vision commune, il est aussi l'annonciateur de nouveaux projets.", a encore lancé le président turc.

Erdogan a, ensuite, donné quelques chiffres clés relatifs à l’activité du gazoduc.

"Dans un premier temps, le gazoduc TANAP acheminera 16 milliards de m3 par an, 6 milliards à la Turquie et 10 milliards à l'Europe, a-t-il fait savoir. Selon la demande, le gazoduc TANAP pourra élever sa capacité à 22 milliards de m3 par an, puis à 31 milliards de m3 après de nouveaux investissements."

"Nous prévoyons d'acheminer le gaz à la frontière grecque à partir de juin 2019", a-t-il encore indiqué.

Recep Tayyip Erdogan a souligné le fait que la mise en route de ce gazoduc va redéfinir la place et le rôle de la Turquie dans la région, s'agissant particulièrement des questions énergétiques.

"Avec TANAP, la Turquie sort du rôle de simple pays de transit pour occuper une place de choix à tous les échelons de la chaîne, de la production à la consommation, a-t-il affirmé.

"TANAP ne va pas seulement répondre à une demande en gaz, mais profitera à la prospérité et à l'emploi dans tous les pays qu'il traverse de la Mer Caspienne à l'Europe.", a relevé Erdogan.

Le président turc a également rappelé que la Turquie développe en même temps d’autres projets énergétiques qui vont renforcer sa position régionale.

"Nous avons envoyé notre premier bateau de forage, de fabrication turque, Fatih, en Méditerranée. Ce navire, qui compte les plus performantes technologies, répond à un important besoin de notre pays", a-t-il expliqué

"Nous avons fait passer notre capacité basée sur l'énergie renouvelable de 12 305 mégawatts à 40 838 mégawatts", a encore ajouté Erdogan.

Pour le chef de l’Etat turc, tout cela n’a été possible que grâce à la gouvernance de son parti, arrivé au pouvoir en 2002.

"Si TANAP a été mis en route si rapidement, c'est dû à la stabilité politique et économique retrouvée en Turquie ces 16 dernières années", a-t-il estimé.

Par la suite, le président turc a voulu réagir à la fermeture de mosquées décidée par l’Autriche. Il a fustigé les autorités de Vienne et a averti une nouvelle fois l’Europe contre la montée de la xénophobie et de l’islamophobie.

"Cela n'est bon pour personne de faire des Musulmans une cible, de provoquer la xénophobie et de verrouiller les lieux de culte. Développer une politique basée sur les tensions à des fins politiciennes est une preuve de bassesse, de manque de vision, c'est jouer avec le feu", a-t-il dit.

Pour Erdogan, le problème ne se limite pas à l’Autriche. "Malheureusement, les mouvements xénophobes et islamophobes empoisonnent chaque jour un peu plus la vie sociale et politique (en Europe). Certains politiciens européens versent de l'huile sur le feu pour de simples objectifs politiciens à court terme. En tant que pays qui compte plus de 6 millions de compatriotes qui vivent en Europe, nous sommes extrêmement préoccupés par cette tournure", a-t-il lancé.

Pour conclure, le président Erdogan a invité l’Autriche à revenir sur sa décision.

"Les jeunes politiciens européens amateurs et immatures, plutôt que de faire des manœuvres politiques qui exacerbent, devraient regarder dans leur passé et prendre les décisions qui s'imposent. En tant que Turquie, nous pensons que le gouvernement autrichien a intérêt à revenir au plus vite à une politique empreinte de sang-froid, plutôt que d'insister dans ses erreurs", a-t-il averti.

La cérémonie a pris fin avec l’ouverture des vannes du gazoduc TANAP par Erdogan et le président azerbaïdjanais Aliyev, accompagnés des autres leaders présents.