Tennis - Sharapova, un retour qui fait débat
- Suspendue, en mars 2016, pour un contrôle positif au Meldonium, la joueuse de tennis russe Maria Sharapova a purgé sa suspension et retrouvé cette semaine le circuit professionnel au tournoi de Stuttgart en Allemagne.

France
AA / Paris / Patrick Juillard
Suspendue, en mars 2016, pour un contrôle positif au Meldonium, la joueuse de tennis russe Maria Sharapova a purgé sa suspension et retrouvé cette semaine le circuit professionnel au tournoi de Stuttgart en Allemagne.
Victorieuse de l'Italienne Roberta Vinci en seizièmes de finale, puis de sa compatriote Ekaterina Makarova en huitièmes, la championne russe suscite le débat.
Bénéficiaire d'une "wild card" (invitation des organisateurs), Sharapova n'a pas eu à passer par les qualifications pour accéder au tableau final. « On ne devrait pas lui donner une wild card, ni ici, ni à Rome ni à Madrid, avait dit son adversaire Roberta Vinci la veille du match. C'est une joueuse magnifique, une championne, personnellement je n'ai rien contre elle. Elle a payé pour sa faute, mais elle aurait dû passer par les qualifications, sans aucune aide. »
Pour sa défense, Maria Sharapova dit avoir purgé sa peine, réduite de vingt-quatre à quinze mois de suspension par le Tribunal Arbitral du Sport (TAS). Tout juste interdit aux sportifs au moment de son contrôle positif, le 26 janvier 2016, le Meldonium était utilisé par la tenniswoman depuis 2006 pour traiter un déficit en magnésium, une arythmie cardiaque et pour prévenir un terrain génétique propice au diabète. Plaidant la négligence, la joueuse de 30 ans dit avoir tourné la page et compte désormais se lancer tête baissée dans la compétition.
« Quand on a été une championne, le redevenir est le seul objectif. Mais ce sera difficile après une si longue absence. J’ai choisi de me mettre en danger en enchaînant les tournois de Stuttgart, Madrid et Rome. J’ai toujours cette impression que je suis une artiste, le court, c’est ma scène. Je marche depuis le vestiaire dans le couloir ou le tunnel, ils lèvent le rideau et voilà. Moi, face à une autre personne. J’adore ça et c’est à ça que je pense. Ce que je ressens quand je joue au tennis, cette envie de m’améliorer, de redevenir une championne, voilà ce qui me porte aujourd’hui encore », déclarait-elle dans une longue interview publiée le 15 avril dernier par "Le Parisien Magazine".
Ce support français n'a pas été choisi au hasard par Maria Sharapova. Le nouveau président de la Fédération française de tennis (FFT), Bernard Giudicelli, a estimé qu'une invitation accordée à la joueuse russe constituerait un mauvais signal pour le tournoi de Roland Garros, malgré les deux titres gagnés par l'intéressée sur les courts parisiens (en 2012 et en 2014).
"Je comprends qu’il y a un nouveau président à la Fédération française de tennis. J’ai fait une erreur, mais ma punition, c’était cette suspension : j’ai purgé ma peine, donc pourquoi s’acharner ? Y a-t-il une raison de continuer à me punir ? Moi, je n’en vois pas ?", s'interrogeait Maria Sharapova.
Les organisateurs des Internationaux de France doivent communiquer leur décision au sujet de Maria Sharapova le 16 mai. En attendant, la championne russe a vu ses nombreux sponsors (les montres Tag Heuer, Nike, Evian, Porsche, les raquettes Head et les cosmétiques Supergoop!) lui rester fidèles.
Sans doute savent-ils que la jeune femme est tenace. En 2008, déjà, victime d’une grave blessure à l’épaule droite, elle avait dû subir une lourde opération. Il lui avait fallu trois ans pour retrouver son jeu et atteindre à nouveau les demi-finales d’un tournoi du Grand Chelem.