Ronaldinho, les adieux d'un génie hédoniste (Portrait)

France
AA/Paris/Patrick Juillard
« Il s'arrête. C'est fini. » C'est par ces mots que Roberto de Assis Moreira, le frère et agent de Ronaldinho, a annoncé la retraite du joueur brésilien au journal O Globo.
Âgé de 37 ans, l'ancien joueur du FC Barcelone n'avait plus disputé de match officiel depuis son départ de Fluminense en 2015. C’est un des plus grands footballeurs du XXIème siècle qui se retire aujourd’hui des terrains.
Lui qui a été sacré champion du monde en 2002 avec le Brésil, a remporté la Ligue des Champions en 2006 avec le Barça, et décroché le Ballon d'Or en 2005 ne saurait être réduit à un palmarès, aussi joliment garni soit-il.
Né le 21 mars 1980 à Porto Alegre, Ronaldo de Assis Moreira est initié au football dès son plus jeune âge par son père, ancien joueur de niveau régional. Très doué, le jeune « Ronnie » progresse dans l’ombre de son frère Roberto, de neuf ans son aîné.
Ce lien indéfectible, qui unit les deux garçons, se renforce encore quand leur père décède, en 1988. « Mon frère est un vrai héros pour moi. C'est un exemple, que ce soit en tant que père, frère ou footballeur », dira plus tard celui que l’on surnommé déjà Ronaldinho.
Véritable phénomène balle au pied, cet attaquant fluet fait la fierté du Gremio, son club depuis ses 7 ans. En 1997, l’adolescent remporte la Coupe du monde des moins de 17 ans avec l’équipe nationale brésilienne.
Déjà repéré par les clubs européens, Ronaldinho choisit de rester au Gremio où il passe professionnel dans la foulée. Rapide au point d’être inarrêtable, créatif au point d’être imprévisible, ce génial dribbleur remporte en 1999 un premier trophée, le Championnat régional du Rio Grande do Sul.
La confirmation vient lors de l’année 2000, qui le voit marquer 39 buts en 43 matchs avec le Gremio. Les clubs européens reviennent à la charge, et c’est le Paris Saint-Germain qui parvient à attirer le jeune prodige dans ses filets au printemps 2001.
En deux saisons dans l’élite française, Ronaldinho marquera les esprits par ses coups de génie sans parvenir à remporter le moindre titre. Le public français gardera pour longtemps en mémoire les inspirations inouïes du jeune Brésilien, avec en premier lieu ses chevauchées fantastiques dans les défenses de Guingamp et de l’Olympique de Marseille.
Souvent laissé sur la touche par l’entraîneur du PSG d’alors, Ronaldinho marquera 22 buts en 69 apparitions. Il quitte la France sur un goût d’inachevé pour le FC Barcelone à l’été 2003. Entre temps, le jeune joueur a changé de statut, remportant la Coupe du monde 2002 avec le Brésil.
Au Barça, Ronaldinho va prendre une dimension encore supérieure, en réussissant quatre saisons énormes, avec en particulier 82 buts toutes compétitions confondues en club entre 2003 et 2007. Sous le maillot blaugrana, il garnira surtout son armoire à trophées, qu’ils soient collectifs (avec une Ligue des Champions et deux titres en Liga) ou individuels avec un Ballon d’Or en 2005.
La suite sera moins glorieuse. Toujours génial quand il est en forme, Ronaldinho voit les pépins physiques se multiplier. Au Milan AC, où il passe deux ans et demi avec un sacre en Serie A à la clé (2011), ou sur le continent américain où il rentre ensuite (Flamengo, Atlético Mineiro, Querétaro, Fluminense), le milieu offensif ne parviendra plus jamais à enchaîner les matchs.
Jamais pour autant Ronaldinho ne se laissera aller à exprimer une éventuelle frustration. Doté d’une soif immodérée de plaisirs nocturnes, Ronaldinho croque la vie à pleines dents (« mes nuits étaient aussi belles que mes jours », résumera-t-il), lui que le monde entier reconnaît instantanément à son sourire éclatant, ces dents du bonheur qui lui donnent toujours l’allure d’un gamin espiègle malgré son mètre 81 et ses jambes puissantes.
« Dans mon jeu, il y a 90% d’improvisation. Une passe du dos, ce n’est pas un truc que tu prémédites, c’est du feeling », racontait Ronaldinho à So Foot en 2017. Le secret de son génie instinctif et hédoniste est là : ne jamais sacrifier le plaisir de l’instant.
Et la suite ? Là encore, Ronaldinho, que l’on a vu proche de Jair Bolsonaro, leader du mouvement populiste brésilien Patriota, n’a comme il se doit rien prévu. Son frère, Roberto Assis a toutefois annoncé un grand jubilé sur tous les continents.
« Faisons quelque chose de très gros, de sympa, après la Coupe du monde en Russie, probablement en août. Nous ferons plusieurs événements, au Brésil, en Europe, en Asie. Et bien sûr, nous voulons faire un match avec une sélection brésilienne ». Le rectangle vert sera toujours le meilleur terrain d’expression du génie Ronaldinho. Pour lui, au fond, le football aura toujours été un jeu d'enfant.