Sport

Mohamed Ali ... Plus qu'un boxeur, une légende

- L'homme qui « volait comme le papillon et piquait comme l'abeille » a livré le 61e et dernier combat de sa carrière le 11 décembre 1981, aux Bahamas, où il s'est incliné aux points face à Trevor Berbick

Fatma Bendhaou  | 11.12.2021 - Mıse À Jour : 12.12.2021
Mohamed Ali ... Plus qu'un boxeur, une légende

Cameroon

AA/ Peter Kum

Le maître incontesté de la catégorie des poids lourds dans les années 60 et la légende du boxe a fini par s'incliner face à son adversaire. Cassius Clay, converti à l'islam en 1964 et portant dès lors le nom de Mohamed Ali, a livré et perdu son dernier combat le 11 décembre 1981 à l'âge de 41 ans. Ce jour-là, 17 000 spectateurs s’installent dans le Queen Elizabeth Sports Center, un stade des Bahamas.

Les promoteurs du combat n’ont pas réussi à l’organiser aux Etats-Unis. Aucun Etat américain n’avait accepté de délivrer une licence à Mohamed Ali en raison de sa piètre performance, en octobre 1980, face à Larry Holmes, son ancien sparring partner devenu champion WBC.

Le boxeur américain Mohamed Ali avait pourtant annoncé sa retraite le 26 juin 1979, peut-être, pour endiguer la maladie de Parkinson, dont les tout premiers effets apparaissaient déjà.

Mais, l’appât du gain et la volonté de conquérir un quatrième titre de champion du monde des poids lourds, un record, l’ont poussé à remonter sur le ring.

Dans le remarquable documentaire consacré cet été à l'ancien champion dans le cadre des « Grandes Traversées », sur la chaîne France Culture, le journaliste américain Robert Lypsite explique pourquoi Mohamed Ali n'a pas voulu entendre ce signal d'alarme.

« La seule personne qui ait vraiment essayé de le convaincre d'arrêter, c'est Pacheco, dit-il. Mais comment dit-on à quelqu'un d'arrêter la seule chose qu'il sait vraiment faire ? Et de toute manière, il y avait trop de gens qui lui mettaient la pression pour gagner de l'argent, et il avait une responsabilité vis-à-vis de son clan et de sa famille », explique dans le documentaire, le journaliste Lypsite.

Celui que l'on avait surnommé « The Greatest » (Le Plus Grand), raccrochera définitivement les gants au lendemain de ce combat.

Quant à Brebick, son dernier vainqueur, il subira, cinq ans plus tard, la foudre d’un autre immense poids lourd, Mike Tyson.

- « Vole comme le papillon et pique comme l'abeille »

L’histoire veut que Cassius Clay, petit-fils d’esclave, se soit mis à la boxe, enfant, pour se venger d’un gamin qui lui avait volé son vélo. Et très vite, à la force impressionnante de ses poings, il collectionne les victoires et les titres, celui de champion olympique à Rome en 1960, puis de champion du monde WBA en 1964 en battant Sonny Liston par KO au 7e round.

Mohamed Ali qui avait pour devise : « vole comme le papillon et pique comme l'abeille », a remporté 57 des 61 combats qu'il a disputés parmi les professionnels et a porté la ceinture de champion du monde de 1964 à 1967 puis de 1974 à 1979, affrontant les plus grands combattants de sa génération.

Ses prouesses ont marqué toute une génération en plus d'inspirer des millions d'Afro-Américains. Mais au-delà de ses performances sportives, les prises de position religieuses et politiques de cet athlète à la personnalité unique en ont fait une légende qui, de son vivant, n'ont laissé personne indifférent.

C'est en effet en 1960, aux Jeux olympiques de Rome, que le monde fait la connaissance de Cassius Clay, un boxeur de 18 ans, originaire du Kentucky, médaillé d'or chez les mi-lourds.

Il remporte ses 19 premiers combats avant d'affronter le champion Sonny Liston pour le titre des poids lourds. À la surprise de tous, celui qui était considéré comme invincible abandonne après le 7e round. À 22 ans, Clay est champion du monde.

En 1961, Cassius Clay remporte haut la main un combat revanche contre le même Sonny Liston, qui s'écroule dès le 1er round.

- Pourfendeur du racisme

Aussi habile avec les mots qu'avec ses poings, Cassius Clay devient le pourfendeur du racisme. Il se lie d'amitié avec Malcolm X, chef charismatique des Black Muslims. Converti à l'islam, il sera dorénavant Mohamed Ali.

Les convictions religieuses et l'engagement politique d'Ali dérangent les autorités.

Son combat de Francfort (Allemagne) en 1966 est le premier événement sportif retransmis en couleur par satellite. Un autre, à l'aérodrome de Houston, attire 35 460 spectateurs, soit la plus forte audience enregistrée lors d'un match de boxe.

En 1967, en pleine guerre du Vietnam, il refuse de s'enrôler. On le condamne alors à cinq ans de prison et on lui retire son titre de champion du monde des poids lourds. Ali porte la cause en appel, mais ce n'est que trois ans et demi plus tard que la Cour suprême lui donne raison.

De retour sur le ring en 1971, Ali subit la première défaite de sa carrière contre Joe Frazier après 15 rounds, à l'issue de ce qu'il est désormais convenu d'appeler « le combat du siècle ».

Déterminé à reprendre sa couronne, il en a l'occasion trois ans plus tard, en 1974, face au nouveau champion George Foreman, plus jeune et plus fort. Le « Rumble in the jungle » se déroule à Kinshasa, au Congo. Appuyé sur les câbles, Ali encaisse les coups de massue de Foreman. Le champion finit par s'épuiser et, au 8e round, la contre-attaque est décisive. Ali est de nouveau champion du monde.

- Combat du siècle

Cette rencontre demeure le combat du siècle pour beaucoup de connaisseurs, comme le boxeur camerounais Francis Nganou, premier champion africain des poids lourds de l’UFC (l’Ultimate Fighting Championship) en arts martiaux mixtes, une discipline de combat.

« En 1974, Forman c’est une force de la nature par rapport à Ali et personne ne croit Ali capable de le battre. Il est trop vieux, personne ne croit qu’il peut gagner et il arrivera à le battre avant la limite, c’est fabuleux ! », s'enthousiasme le boxeur camerounais.

Ce combat aussi médiatique que spectaculaire dans son organisation et son déroulement, marque le sommet de sa carrière. C’est lors de la préparation de ce duel qu’il avait lâché l’une de ses plus mémorables tirades : « Je vole comme le papillon, pique comme l’abeille, ses poings (de Foreman) ne peuvent pas toucher ce que ses yeux ne voient pas (…) Je me suis déjà battu contre un alligator, j’ai déjà lutté avec une baleine. La semaine dernière, j’ai tué un rocher, blessé une pierre, et envoyé une brique à l’hôpital. Je suis tellement méchant, je rends la médecine malade ! ».

Mohamed Ali remporte 10 de ses 11 combats suivants. Il prend sa retraite le 27 juillet 1979 après avoir vaincu Leon Spinks en 15 rounds, mais annonce peu de temps après son retour sur le ring face à Larry Holmes. Le duel est une véritable boucherie. Certains croient qu'il a contribué à l'apparition des premiers symptômes de Parkinson chez le boxeur, qui recevra un diagnostic officiel quelques années plus tard. Un ultime revers contre Trevor Berbick, le 11 décembre 1981, le pousse à la retraite pour de bon.

- Engagement humanitaire

Son combat contre la maladie ne l'empêche pas de s'engager dans différentes causes humanitaires. Aux Jeux olympiques de 1996, c'est à lui que revient l'honneur d'allumer la vasque.

Décrit comme l'être humain le plus connu de la planète, Ali est fait « messager de la paix » par les Nations Unies. Le 9 novembre 2005, il reçoit la médaille présidentielle de la liberté, la plus haute récompense civile des États-Unis.
Ali a fait une de ses ultimes apparitions publiques le 27 juillet 2012 lors de la cérémonie d'ouverture des JO de Londres.

Il décède le 3 juin 2016 à Phoenix (Arizona) au lendemain de son hospitalisation pour soigner un problème respiratoire.

« Après un combat de 32 ans contre la maladie de Parkinson, Mohamed Ali est décédé à l'âge de 74 ans », avait annoncé dans un communiqué le 3 juin 2016, son porte-parole, Bob Gunnell.

« Le triple champion du monde des lourds est mort dans la soirée », avait poursuivi le communiqué.
Les obsèques du boxeur le plus célèbre de la planète avaient eu lieu dans sa ville natale de Louisville, dans le Kentucky.

L’annonce de son décès avait aussitôt déclenché une vague d’émotion à travers tous les États-Unis, en particulier à Louisville (Kentucky), et d’hommages appuyés célébrant le sportif mais aussi la personnalité qui, pour beaucoup, a marqué l’histoire des États-Unis et de la boxe.

« Ali, Frazier et Foreman, nous ne faisions qu'un. Une partie de moi s'en est allée, la plus grande partie », avait tristement annoncé dans un tweet au lendemain du décès d’Ali, George Foreman, ancien champion du monde des lourds, battu par Ali dans l'un des combats les plus célèbres de l'histoire "The Rumble in the Jungle" le 30 octobre 74 à Kinshasa.

Don King, promoteur du "Rumble in the Jungle" avait indiqué dans un tweet similaire : « C'était quelqu'un de merveilleux, pas seulement comme boxeur mais comme être humain, comme icône. Mohamed Ali ne mourra jamais, il est comme Martin Luther King. Son esprit vivra à jamais ».

Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.
A Lire Aussi
Bu haberi paylaşın