"Le Palais des Sports" de Bamako: un tremplin pour un basket féminin déjà brillant
Le Palais dont la construction a été interrompue en 2012 a été conçue en reconnaissance des performances du Basket féminin.

AA- BAMAKO- Fabien Offner
Le Palais des Sports de Bamako, construit par une société chinoise, est une opportunité pour le basket-ball féminin malien, plus prisé au Mali que le basket ball masculin et qui réalise, malgré les mauvaises conditions d'entraînement, un palmarès salué continentalement.
Les écrans lumineux ne fonctionnent pas, le public n'est pas vraiment au rendez-vous pour cause de mauvaise communication, mais le parquet du tout nouveau Palais des Sports de Bamako accueille enfin un match de basket-ball. Sa construction avait été interrompue suite au coup d'Etat du 21 mars 2012 et aux graves événements dans le nord du pays. Inauguré le 15 février 2014, le nouveau complexe sportif est entièrement climatisé et comprend 5 000 places. D'un coût initial de près de 8.629 millions de FCFA (environ 18 millions $) entièrement financé par le budget national, ce joyau sportif a été construit par une société chinoise (la Société générale d'outre-mer de Chine) selon la radio nationale chinoise. Il a été voulu par l'ancien président Amadou Toumani Touré pour récompenser et encourager les basketteuses maliennes.
Pour ce premier match les équipes junior du Mali et de la Côte d'Ivoire s'affrontent à l'occasion du tournoi amical de la Paix, de l'Amitié et de la Solidarité, censé rassembler les pays qui ont aidé le Mali occupé par les groupes armés. Cependant, seule la participation du Mali, Burkina Faso et Côte d'Ivoire a été rendue possible. L'équipe malienne est menée par sa belle capitaine surnommée "Titi".
"Chez nous le basket féminin est apprécié par les hommes", explique Baïdy Diatigui Diarra, directeur technique national de la Fédération malienne de basketball, assis dans les tribunes vert-jaune-rouge aux couleurs du drapeau national. "C'est surtout parce que les hommes, plus souvent recrutés que les femmes par des clubs étrangers, délaissent la sélection nationale, qui se trouve par conséquent affaiblie. Leurs contrats ne leur permettent pas toujours de nous rejoindre, et s'ils se blessent avec nous, c'est la fin de leur parcours en club et donc de leurs revenus."
A 53 ans, Fatoumata Bintou Dramé aurait aimé jouer dans un tel endroit. "A notre époque il n'y avait qu'une seule salle. On y allait chaque samedi et on devait attendre pour jouer, même s'il y avait trois ou quatre matchs avant", sourit-elle du haut de son mètre 85. Celle que ses coéquipières ont surnommé "Africa" parce qu'elle adorait la chanson "Africa Unite" de Bob Marley est la première joueuse professionnelle malienne. Recrutée en 1982 par le Stade d'Abidjan, la native de Ségou constate aujourd'hui l'évolution du basket malien. "Aujourd'hui, les professionnelles qui jouent au Mali ont des avantages que nous n'avions pas. Quand j'étais à Abidjan je ne gagnais que quelques dizaines de dollars, même si la maison était payée."
Aussi beau soit-il, le Palais des Sports est l'arbre qui cache la forêt de terrains en mauvais état sur lesquels s'entraînent la plupart des clubs. Chaque soir Amadou Bamba donne ses instructions aux jeunes joueuses du Djoliba, l'un des meilleurs clubs du pays. Le sol est craquelé, le terrain mal éclairé et en plein air. "En Tunise ou au Maroc tout le monde joue en salle. Mais pas ici. Dans ces conditions-là, ce n'est pas facile de parler de performances. C'est de l'amateurisme, on joue pour le plaisir", regrette-t-il, avec un soupçon de modestie.
C'est que l'équipe féminine sénior a un bon palmarès derrière elle: championne d'Afrique en 2007, elle est montée deux autres fois sur le podium en 2009 pour la médaille d'argent et en 2011 pour la médaille de bronze. Quant à l'équipe des moins de 16 ans, elle a tout simplement remporté les trois dernières compétitions continentales.