La saison 2021-2022 de Mohamed Salah : Annus Horribilis ou « malédiction du Pharaon »
- En club comme en sélection, le talentueux attaquant égyptien de Liverpool n’a remporté qu’un orphelin titre cette saison, en l’occurrence la peu glorieuse Coupe d’Angleterre, mais a perdu trois prestigieux trophées.

Canada
AA / Montréal / Hatem Kattou
Le club anglais de Liverpool a perdu, samedi, sa deuxième finale de Ligue des champions d’Europe de football, en l’espace de quatre ans, face au même adversaire, le Real Madrid.
Quelques jours avant le match joué à Paris et émaillé d’incidents et de désorganisation, l’attaquant égyptien de Liverpool, Mohamed Salah, avait déclaré vouloir prendre sa revanche, allant même jusqu’à lancer que « la vengeance est dans ma tête depuis 2018 ».
Il convient de rappeler que lors de sa première finale de Ligue des champions et au bout d’une saison stratosphérique avec les Reds (44 buts), Salah était sorti, en larmes, sur blessure avec une épaule disloquée, à la suite d’une altercation avec l’emblématique capitaine des Madrilènes à l’époque, le roc Sergio Ramos.
Non seulement l’ancien joueur de la Louve romaine n’a pas assouvi sa soif de vengeance en perdant face aux Merengue, mais il a aussi perdu d’autres trophées durant la présente saison.
En club comme en sélection, Salah n’a remporté qu’un seul titre cette saison, en l’occurrence la peu glorieuse Coupe d’Angleterre, mais a perdu trois prestigieux trophées, allant de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), à la Ligue des champions d’Europe, en passant par la « Premier League », anglaise sans oublier la défaite en match barrage fatidique et qualificatif pour le Mondial qatari face au Sénégal.
L’ancien sociétaire du club helvétique de Bales, qui va souffler sa trentième bougie dans moins de deux semaines, a ainsi en quatre actes essuyé une série de désillusions en moins de quatre mois, bien qu’il soit l’auteur de 31 réalisations en 51 matchs disputés avec Liverpool, toutes compétitions confondues.
Serait-ce, pour celui qui est surnommé dans les médias occidentaux « le Pharaon », la malédiction de ses ancêtres qui le chasse en cette Annus Horribilis qui l’a vu, pire que de perdre des titres, atteindre la fontaine sans pour autant s’abreuver du Saint Graal de la victoire finale.
En quatre actes donc, nous passerons en revue les principales étapes qui ont ponctué la saison de Mohamed Salah, qui restera surement sur sa faim. À une année de la fin de son contrat avec le mythique club anglais, vainqueur de six ligues des champions et de 19 titres de championnat d’Angleterre.
Acte 1 - Finale de la CAN : Les Pharaons logiquement défaits par les Lions de la Terenga
Le dimanche 6 février 2022, sur la pelouse du Stade Omnisport Paul Biya à Yaoundé, le Sénégal de Sadio Mané, coéquipier et compère d’attaque de Mohamed Salah à Liverpool, vient de remporter sa première Coupe d’Afrique des Nations, au détriment de la sélection égyptienne.
Septuple championne d’Afrique, l’Egypte qui est détentrice d’un record continental absolu, a atteint la finale, menée par son capitane et star, Mohamed Salah, sans pour autant livrer de prestations dignes de son rang.
Avec seulement quatre buts marqués et deux qualifications à la Pyrrhus en huitièmes et en demi-finales, l’Égypte s’est logiquement inclinée en finale lors de la fatidique séance des tirs aux buts (2-4) face à la meilleure équipe d’Afrique du moment.
Ainsi, Salah, ce virevoltant attaquant auteur de deux buts en cette 33ème édition de la CAN, qui a tracé son sillon sur les pelouses européennes (Suisse, Italie, Angleterre), ne parvient toujours pas à être sacré en terre africaine.
Acte 2 – Match barrage pour le Mondial : Un bis repetita, les Lions ont encore rugi
Moins de deux mois plus tard, les Pharaons se sont à nouveau mesurés aux Sénégalais lors d’une double confrontation décisive pour la qualification à la Coupe du monde qui se déroulera au Qatar aux mois de novembre et de décembre prochains.
En effet, un des matchs barrages pour désigner les cinq nations africaines qualifiées au Mondial a opposé les deux finalistes de la CAN.
Au terme d’un premier match qui s’est déroulé au Caire et qui s’est soldé par une courte victoire des Egyptiens à la faveur d’un but inscrit contre son camp par le défenseur Saliou Ciss dès la quatrième minute du match, l’Egypte disposait d’un léger avantage avant de se déplacer à Dakar.
En ce 29 mars, c’est encore au terme de la décisive séance des tirs aux buts que l’Egypte est éliminée par le Sénégal sur la pelouse du flambant neuf stade du Sénégal - Abdoulay Wade, plein comme un œuf et qui a été inauguré un mois plus tôt par le Président Macky Sall et de son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan.
Ironie du sort, le Sénégal a remporté le match dans le temps réglementaire par le même score que celui des Egyptiens quatre jours plus tôt et de la même manière, lorsque le joueur égyptien Hamid Fathi marque contre son camp et à la fameuse quatrième minute que celle choisie par Ciss en match aller pour tromper la vigilance d’Edouard Mendy.
Il fallait donc passer aux tirs aux buts et c’est la bande de Aliou Cissé qui remporte le duel à l’instar de celui gagné au Cameroun deux mois plus tôt.
Notons que Salah a raté son tir après avoir été fortement perturbé par le public sénégalais qui a usé et abusé du laser pour tenter de l’aveugler lors de sa tentative, ce qui a même poussé la Fédération égyptienne de football à déposer une plainte officielle auprès de la FIFA dans l’espoir de faire rejouer le match, voire d’invalider purement et simplement la qualification du Sénégal, qui a réussi à composter son ticket pour le Qatar.
Une fois de plus donc, Mohamed Salah atteint la fontaine mais sans boire de son eau et sera ainsi absent de la plus prestigieuse des compétitions sportives planétaires après une première et unique jusqu’à présent participation en Russie en 2018.
Acte 3 – Ultime journée de la Premier League : Un coude-à-coude remporté par les Citizens
En dépit de ses 23 buts inscrits cette saison en Premier League, ce qui lui permet de décrocher le titre de meilleur buteur ex aequo avec le sud-coréen des Spurs de Tottenham, Son Heung-Min, Salah n’a pas réussi à décrocher le titre et à rééditer l’exploit de 2020.
En 2020, les Reds de Liverpool ont remporté après une disette de trente ans leur premier titre depuis 1990, mais cette saison il fallait concurrencer et tenir le rythme infernal imposé par le grand rival de Manchester City…jusqu’au bout.
Ce bout ne signifie pas la 38ème et dernière journée du championnat mais c’est plutôt l’ultime quart d’heure du dernier match.
En effet, en ce dimanche 22 mai, et avant le début de la dernière journée du championnat d’Angleterre, le club de Manchester City, leader avec 90 points dans son escarcelle, avait besoin d’une courte victoire face à Aston Villa, pour glaner le précieux sésame des trois points et remporter le championnat.
Les poulains du coach « philosophe », le Basque Pep Guardiola, avaient besoin de ce gain pour éviter que les « Reds » de Liverpool, qui les talonnaient d’une petite longueur, ne puissent les rejoindre et les coiffer sur le poteau.
Au terme de la pause citron de deux matchs qui se jouaient au même moment, les « Citizens » étaient menés par un but à zéro et les choses ne se sont pas arrangées en seconde période, lorsque le Brésilien Philippe Coutinho, ancien sociétaire du FC Barcelone, double la marque à 21 minutes du terme.
A 75 kilomètres de Manchester, plus précisément à Wolverhampton, Liverpool était à égalité à ce moment du match face aux Wolves, et leur sacre ne tenait qu’à un but annonciateur de victoire et de titre, ce qui fut fait lorsque le Pharaon Mohamed Salah inscrit cette précieuse réalisation.
Toutefois, il fallait compter sur le mental de fer des coéquipiers de l’Algérien Riyad Mahrez, qui sont parvenus, en l’espace de cinq minutes, à réaliser une Remontada, un terme galvaudé certes mais qui sied à la configuration du match de l’ultime journée.
En effet, et à un quart de la fin, Manchester City accusait toujours un retard de deux buts, et ce n’est qu’à la 76ème minute que le milieu de terrain allemand d’origine turque, İlkay Gündoğan, entré en cours de jeu, ouvre le score d’un coup de tête qui loge le ballon dans l’angle opposé de la cage du gardien de buts adverse.
Sortis de leur léthargie qui a duré plus des trois de quart de la durée de la rencontre, les « Citizens » étaient survoltés et deux minutes plus tard, c’était autour de l’international espagnol, Rodri, de scorer à nouveau en décochant un puissant tir, à ras de terre, d’une distance de 22 mètres.
Revigorés par cette égalisation inespérée, les Mancuniens ont réussi l’impensable et le même Gündoğan n’avait à la 81eme minute, qu’à pousser tranquillement le cuir dans les filets au terme d’une passe décisive et lumineuse du magicien belge, Kevin De Bruyne, qui a servi son coéquipier sur un plateau après avoir percé la défense d’Aston Villa en donnant un dernier coup de reins.
Ainsi, Liverpool, et Mohamed Salah avec, ont vu le fol espoir qui les a animés pendant une heure de temps s’évaporer en cinq petites minutes, alors qu’ils étaient en mesure d’ajouter un vingtième titre à leur palmarès de Premier League.
Acte 4 – Finale de la LDC : Un « Courtois » belge est passé par là
La dernière finale ratée de Salah cette saison est celle qui s’est déroulée à Paris, samedi dernier, face au Réal Madrid.
L’Egyptien tenait à gagner particulièrement ce match pour contribuer au sacre de son club, mais aussi pour prendre sa revanche, après qu’il ait quitté le terrain, en larmes, et sur blessure lors du même duel qui avait opposé le club anglais à la « Maison Blanche » madrilène, quatre ans plus tôt, à la suite de l’intervention musclée de Ramos, et ce au stade ultime de la compétition.
Certes, Liverpool a « mieux » joué, selon nombre d’observateurs, en accaparant le ballon et en se créant le plus grand nombre d’occasions (24 tirs dont 9 cadrés contre 4 tirs seulement dont deux cadrés pour le Réal). Toutefois, trois facteurs ont contribué au sacre des Merengue et annihilé le rêve des coéquipiers de Salah.
Le premier est le réalisme des Espagnols qui, sur deux tirs cadrés ont logé un dans les filets adverses et ce, à l’heure du jeu, par l’entremise du lutin brésilien Vinicius Junior (59ème minute).
Le deuxième facteur est le système de défense solide mis en place par le technicien italien, Carlo Ancelotti, et le métier d’un milieu de terrain de rêve composé d’un trio magique, à savoir, le rigoureux allemand Toni Kroos, le généreux brésilien Carlos Casemiro et l’inénarrable croate Luka Modric qui du haut de ses 37 ans fait encore des prouesses avec les reins d’un jeune de 20 ans et sa vision panoramique du rectangle vert.
Le dernier facteur n’est autre que le véritable héros de cette finale, le gardien de buts belge des Merengue, Thibaut Courtois. Le « Diable rouge », qui évolue dans la capitale espagnole depuis 2018, fut, avec ses deux mètres de long, un rempart infranchissable face aux assauts à répétition de Salah, de Mané et de leurs coéquipiers.
En se déployant à maintes reprises et avec ses multiples parades, le « Courtois » belge a été déterminant et décisif pour briser et anéantir les rêves des poulains du coach allemand, Jurgen Kloop.
Ainsi, Mohamed Salah, qui, à l’âge de 30 ans, nourrissait d’immenses espoirs au début de la saison et qui jouait avec son club et sa sélection sur plusieurs tableaux, termine l’année avec un seul titre, celui de la Coupe d’Angleterre, tout en perdant plusieurs autres enjeux de taille et qui lui tenaient à cœur.