AA / Paris / Patrick Juillard

L'équipe nationale algérienne de football entre dans une nouvelle ère, en même temps qu'elle renoue avec un certain passé.

Mercredi, la Fédération algérienne de football a annoncé officiellement la nomination de Rabah Madjer au poste de sélectionneur national.

L’instance dirigeante a dans le même temps officialisé le limogeage de l'espagnol Lucas Alcaraz, qui était en poste depuis le printemps dernier.

Âgé de 58 ans, Rabah Madjer incarne le football algérien des années les plus fastes, cette décennie quatre-vingt qui vit les Fennecs (ainsi que l'équipe nationale algérienne est surnommée) se qualifier par deux fois pour la Coupe du monde (en 1982 et en 1986) et remporter la Coupe d'Afrique des Nations, organisée à domicile en 1990.

Sélectionné 87 fois entre 1978 et 1992, cet Algérois de naissance est également entré dans l'histoire pour avoir remporté la Coupe d’Europe des clubs champions, l’ancêtre de la Ligue des champions, avec le FC Porto, en 1987.

Le 27 mai de cette année-là, l’enfant du quartier de Hussein-Dey passe à la postérité. Lors de la finale de l’épreuve reine du football européen, qui oppose la formation portugaise au Bayern Munich, il marque le but égalisateur qui permet à son équipe de revenir au score, avant de battre le mythique club bavarois.

« Ce match là, c’est mon plus grand souvenir. Je marque un but, je donne une passe décisive et je gagne un titre qui reste à vie dans un palmarès. Je n’avais jamais pensé atteindre un jour ce stade. Je me demandais même en entrant sur le terrain si c’était bien moi face au grand Bayern », racontera ensuite Rabah Madjer sur le site officiel de la FIFA.

« J’étais dos au but, je ne pouvais faire qu’une talonnade pour marquer. Je l’ai joué à l’instinct, je l’ai sorti comme ça. Je n’avais pas le temps pour réfléchir. Juste après la finale, j’ai refait le geste dans un match de championnat. J’ai marqué aussi », ajoute alors Madjer.

Cette mémorable talonnade dos au but fait le tour du monde. Depuis, ce geste porte le nom de son inventeur. Nul autre joueur algérien n’avait ainsi laissé sa marque dans l’histoire du football. Le créateur de la « Madjer » décroche la même année le Ballon d’Or africain.

Arrivé deux ans plus tôt du Racing Club de Paris, Rabah Madjer voit alors sa carrière décoller. Devenu l’un des fers de lance d’un FC Porto en pleine ascension, l’attaquant vit trois ans plus tard la consécration sous le maillot national en gagnant la CAN devant son public. « Une première historique pour l’Algérie, un immense souvenir » pour Madjer, désigné joueur du tournoi et joueur africain de l’année par la CAF en cette année 1990.

Après avoir terminé sa carrière au Qatar, à Al-Rayyan en 1991-1992, Rabah Madjer se voit proposer une première fois la barre technique de l’équipe nationale algérienne, en 1994. L’expérience n’est pas concluante, avec des échecs dans les qualifications au Mondial 1994 et à la CAN 1996.

En conflit avec sa tutelle, Rabah Madjer retourne au Portugal afin d'entraîner les équipes de jeunes du FC Porto. Après un passage au Qatar, où il entraîne le club d'Al-Wakrah, il occupe de nouveau le poste de sélectionneur national entre 2001-2002. Le succès n’est toujours pas au rendez-vous : lors de la CAN 2002, l’Algérie est éliminée dès le premier tour.

Après un dernier passage sur un banc, à Al-Rayyan (2005-2006), Rabah Madjer se tourne vers le métier de consultant télé pour des chaînes du Golfe.

Parfois raillé dans son pays pour son brushing parfait, l’ancienne gloire multiplie les sorties critiques envers les joueurs binationaux de l’Algérie et la Fédération.

usqu’à ce que Kheireddine Zetchi ne soit élu à la tête de la Fédération et ne fasse de Rabah Madjer son conseiller technique.