Foot : le Niger perd l'un de ses plus grands arbitres

AA/Niamey/Boureima Balima

Le monde sportif nigérien a accompagné à sa dernière demeure, mercredi, l’ancien arbitre international de football, Lucien Ousmane Bouchardeau, décédé mardi à l’hôpital national Lamordé de Niamey des suites d’une crise cardiaque, a rapporté le correspondant de Anadolu.

Une minute de silence a également été observée peu avant le match entre le Sahel sporting club de Niamey et Al-Ithad de la Libye comptant pour la phase préliminaire de la Coupe de vainqueurs des coupes.

« Le stade est resté vide et silencieux. Peu de supporters étaient présents à l’entame du match, ils sont partis accompagner Lucien » a déclaré à Anadolu Mohamed Alpha, un chroniqueur sportif.

« Un grand s’en est allé. Lucien Bouchardeau que la terre te soit légère » a commenté pour sa part Souleymane Issa Maiga, ancien chroniqueur sportif et journaliste à la retraite, ami du défunt.

Hospitalisé dans ce centre hospitalier depuis quelques jours, l’ex-arbitre international avait, depuis sa page Facebook, lancé un appel au Président nigérien pour une évacuation sanitaire.

« Excellence Mr Le Président Issoufou Mahamadou je viens solennellement vous demander d'ordonner mon évacuation sanitaire à Paris pour y subir une opération chirurgicale du cœur à la clinique du Bizet sinon je risque de mourir d'arrêt cardiaque dans les jours à venir SVP ne me laissez pas mourir pour 15.000€ (10 Millions FCFA ) mon cœur s'est littéralement dilaté depuis Octobre 2017 au niveau du ventricule gauche ! Merci de m'aider. » avait-il écrit sur son compte facebook le vendredi dernier.

Un appel entendu puisque la somme nécessaire a été débloquée par la présidence nigérienne. Une évacuation qu’il ne verra jamais.

- Sifflet à la bouche jusqu’en 2001

Né le 18 décembre 1961, Lucien Ousmane Bouchardeau a marqué de son empreinte l’arbitrage africain en général et nigérien en particulier. Passionné de football, il fut joueur avant de prendre le sifflet.

« Nous avons commencé l’arbitrage en 1987. Nous avons chevauché ensemble jusqu’en 1993 où nous avons été proposés sur la liste FIFA et depuis lors il a grimpé », se rappelle encore Allassane Bonkano, un des contemporains de Bouchardeau.

Selon Bonkano, Il était animé par la réussite. « Quand on était à Bangui (Centrafrique) ensemble pour notre baptême de feu, il me disait Bonkano je viens juste de commencer l’arbitrage sur le plan international et nous allons montrer que nous ne sommes pas venus dans la liste pas hasard. C’est parce que nous l’avons mérité.».

Depuis lors, il a arbitré une quinzaine de matches internationaux dont un en coupe du monde (en France en 1998).

« Tu avais arbitré les plus grands footballeurs de cette planète. Les italiens Roberto Baggio, Christian Vieri, Le Brésilien Ronaldo, le sud africain Lucas Radebe, l'Égyptien Hossam Hassan...Comment pouvait-il en être autrement puisque tu avais officié dans les plus grandes compétitions » se rappelle encore Mohamed Silimane.

Lucien Bouchardeau a officié les compétitions : Coupe du Monde France 1998, CAN Afrique du Sud 1996, Burkina 1998, Jeux Olympiques Atlanta 1996, Coupe des Confédérations 1997.

Il est surtout connu pour son action lors de la Coupe du monde de 1998 : alors que le 11 juin 1998 il arbitrait le match Italie-Chili (qui s'achèvera sur le score de 2-2), il accorda un penalty contestable pour les Italiens, à la suite d'une main du défenseur Ronald Fuentes à la 85e minute. Les soupçons se sont aggravés lorsque Lucien Bouchardeau accepte une interview de la part du journal italien Tuttosport, alors que c'est interdit par la FIFA. Il doit alors suspendre sa carrière d'arbitre pendant quelque temps et finalement raccroche en 2001.