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Finale de Roland Garros: La certitude Rafa face aux atouts réels de Thiem

Nadia Chahed  | 10.06.2018 - Mıse À Jour : 11.06.2018
Finale de Roland Garros: La certitude Rafa face aux atouts réels de Thiem

Tunis

AA/Tunis/Slah Grichi

Le pentagone magique (Nadal, Federer, Djokovic, Murray, Wawrinka) qui a fait ces dix - douze dernières années, la beauté et la grandeur même, des prestigieux tournois de grand chelem et des autres, qui leur a conféré indécision et suspense, s'est désarticulé et bien désarticulé, avant le démarrage de ce Roland Garros 2018, la Mecque de la terre battue.

Le maestro suisse a, en effet, préféré ne pas se rendre à la Porte d'Auteuil à Paris, se ménageant pour le prochain Wimbledon où il cherchera un neuvième sacre. Le surdoué Ecossais Andy Murray qui a lui aussi occupé mais moins longtemps que le Suisse, le fauteuil de numéro 1 mondial, n'a pu être présent, traînant encore les conséquences d'une récente intervention à la hanche. Du coup, le pentagone s'est muté en un triangle qui se présentait de surcroît boitant dans la capitale française.

En effet, le Serbe Novak Djokovic, qui a régné en seigneur pendant environ trois ans sur les courts, a connu une surprenante baisse de régime ces deux dernières années et c'est à peine s'il arrivait à se maintenir dans le Top 10, même s'il semblait revenir à son meilleur niveau.

Pire encore pour l'autre Suisse de ce quintet magique, Stanislas Wawrinka, certainement le meilleur revers de tous les temps et vainqueur de l'Open d'Australie (2014), de ce même Roland Garros (2015) et de l'US Open 2016). Lui, sans soucis physiques majeurs mais par lassitude mentale et par manque de motivation évidente, il a enchaîné les contre-performances pour sombrer à une vitesse vertigineuse dans les abysses du classement des joueurs professionnels.

D'ailleurs, il sera éliminé dès le premier tour par le modeste Espagnol Guillermo Garcia Lopez, au cours où l'on n'a rien vu du magique que fut Stan.

Djoko fera un peu mieux en atteignant les quarts de finale, avant de s'incliner à la régulière face à la merveilleuse surprise de ce tournoi, l'Italien Marco Cecchinato qui a mieux maîtrisé son jeu et ses nerfs aux moments décisifs où la balance pouvait pencher d'un côté comme l'autre. Transposé moins de deux ans en arrière, ce match aurait sûrement connu une toute autre issue.

N'empêche que cette confrontation fut de loin et jusque-là -même après- la plus relevée et la plus palpitante de ce Roland Garros 2018, franchement morose et loin des sommets techniques qu'il offrait.

La périlleuse hégémonie d'El Marador

Ne restait qu'El Matador le magnifique, le baroudeur, l'infranchissable qui écoeure ses adversaires tant il se bat sur chaque point, convertit les balles qui le mettent en difficulté en bolides offensifs qui renversent complètement la situation et qui l'installer en "pôle position pour conclure.

Celui-là n'a rien perdu de ses moyens, de son armada de frappes, de sa hargne et de sa soif de gagner, surtout sur les courts de Porte d'Auteuil qui lui ont permis d'entrer dans la légende en en devenant l'incroyable et l'inimaginable décuple vainqueur.

Seulement, si la promenade de santé qu'il est en train de s'offrir depuis une quinzaine de jours où il n'a concédé qu'un seul set, face au redoutable argentin Diego Schwartzman, justifie et légitime son immense talent qui lui a permis, à l'image d'un Mohammed Ali Clay en boxe, de reconquérir son leadership dans le classement mondial à chaque fois où il lui a été ravi, elle ne lui a permis d'atteindre le sublime qui n'est possible que lorsque les batailles sont rudes et qu'elles le poussent à puiser le meilleur et l'exceptionnel dans ses tripes.

Rarement, Rafa a été sérieusement mis en difficulté dans ce Roland Garros 2018, car même après le premier set concédé à Schwartezman, il a vite fait de le balayer 6-3, 6-2, 6-2. Il a été encore plus expéditif au tour suivant (demi-finale), face à l'excellent Juan Martin Del Porto dont il a fait une bouchée (6-4, 6-1, 6-2). Pourtant l'Argentin figure parmi les cinq ou six meilleurs du monde, surtout sur terre battue.

Mais demain, sur la terre battue du court central où il évoluera en terrain conquis, puisqu'il y a été couronné dix fois sur treize possibles (deux défaites contre Soderling en 2009 et Djokovic en 2015, ainsi qu'un abandon en 2016), la facilité -relative- dans laquelle il s'est installé ces deux dernières semaines peut lui coûter cher, car elle est à double-tranchant.

Il est vrai qu'en se présentant à une confrontation cruciale sans être entamé physiquement, cela constitue un atout important, à la condition de s'être aguerri à des situations difficiles extrêmes où le corps et le mental doivent être constamment en état de veille et répondre en un centième de tour.

Or, pour se mettre dans ces conditions, il est nécessaire de s'y exercer à travers des situations et des tests aussi réels que grandeur nature. Pour contenir les difficultés, les réflexes ont besoin de s'y être habitués.

Sur ce plan, Nadal n'a pas été été servi par le niveau de ses adversaires face auxquels il n'a pu se déployer à fond. Soit tout à fait le contraire de son adversaire, le jeune et impressionnant Dominic Thiem.

Ce dernier, tout en n'ayant jamais eu lors de ce tournoi à se battre pour sauver ses matchs, a sué sang et eau, usé de son mental et de ses dernières ressources physiques pour résister aux assauts du redoutable Japonais Lei Nishikori et pour mettre fin au rêve du surprenant Cecchinato qu'il a contenu dans un premier set (6-4), dompté au tie-break dans un second (12-10), avant de lui donner le coup de grâce dans un troisième (5-1).

Certes, Rafael reste El Matador, la muraille, le génial, le baroudeur qui entrera dans le court Philippe Chatrier auréolé de son statut de numéro un mondial et de l'un des trois - quatre meilleurs joueurs de tous les temps (sinon le meilleur, pour ses fans), de son record imbattable, de l'adhésion de la majeure partie du public, mais l'Autrichien a démontré du cran, du talent et des nerfs.

Son capital physique et mental est rodé sans être entamé. Il a en plus l'enthousiasme et la fraîcheur de la jeunesse, en plus de la certitude que malgré les apparences et ses performances, Rafael Nadal n'est pas un surhomme et qu'il demeure vincible. Ne l'a-t-il d'ailleurs pas récemment vaincu aussi bien à Rome et à Madrid?

Sauf que "chez lui" à Roland Garros, le tournoi qu'il affectionne le plus et où il désire un onzième sacre, Rafa saura rugir et retrouver ses grandes sensations, ce qui l'expérience et le regain de force aidant, nous fait penser que le premier triomphe en grand chelem pour le charismatique Autrichien n'est pas pour demain. Mais il est une quasi certitude, cette finale sera âprement disputée et sauvera de la morosité ce Roland Garros



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