Sport

CM2018 / Suisse-Serbie (2-1), la "revanche" des Kosovares…

Esma Ben Said  | 23.06.2018 - Mıse À Jour : 25.06.2018
CM2018 / Suisse-Serbie (2-1), la "revanche" des Kosovares…

France

AA / Paris / Eşref Yeftale

La Suisse a renversé, vendredi soir, la sélection de Serbie aux termes d’une rencontre époustouflante pour le compte du groupe E, une victoire arrachée grâce au but notamment de Granit Khaka (1-1, 52’) et Xherdan Shaqiri (2-1, 90’) dans les derniers instants de la rencontre.

L’une des particularités de l’équipe nationale de football Suisse est confirmée depuis maintenant plusieurs années, celle de parfaitement gérer la cohabitation et l’intégration des joueurs suisses avec les joueurs naturalisées d’origines émigrées au sein de la sélection Helvète.

Kubilay Türkyılmaz en a été l’un des précurseurs, enfant de parents turcs, l’attaquant vedette du Servette de Genève ou encore du Galatasaray dans les années 90, est encore actuellement le deuxième attaquant ayant marqué le plus de but en faveur de « la Nati », avec un total de 34 buts pour 61 rencontres jouées, derrière Alexander Frei qui en possède 42 buts inscrits.

Malgré quelques appréhensions par certains fans de l’époque, ne supportant pas de voir sur une feuille de match le nom « Türkyılmaz », le joueur d’origine turque a passé outre ces critiques, et a atteint des sommets dans le football helvète, notamment en obtenant la distinction de meilleur footballeur suisse de l’année à trois reprises (1996, 1997 et 1998).

Kubilay Türkyılmaz a ouvert la porte à d’autres joueurs issus de l’immigration turque comme les frères Murat et Hakan Yakın, ou encore, plus récemment, le milieu de terrain du Besiktas, Gökhan Inler.

A la suite de la guerre balkanique dans l’ex-Yougoslavie, les vagues de réfugiés se sont multipliées fins des années 90, avec des milliers de bosniaques, kosovares ou même croates qui se sont réfugiés aux quatre coins de l’Europe, et notamment en Suisse où plus de 200 milles citoyens d’origine albanaise y vivent actuellement, d’après les derniers chiffres.

Ainsi de grands talents d’origines croates, macédoniennes, kosovares ou bosniaques ont émergé, et ont intégré sans difficulté l’élite du football helvète, comme nous avons pu l’observer dans le onze de départ de vendredi soir, lors de la victoire de la Suisse contre la Serbie (2-1), avec les trois joueurs originaires du Kosovo, Granit Xhaka, Valon Behrami et l’intenable Xherdan Shaqiri, ou encore l’attaquant Haris Seferovic et le sélectionneur Vladimir Petkovic tous deux d’origine bosniaque.

Le père de Granit et Taulant Xhaka, Ragip Xhaka a passé trois ans et demi derrière les barreaux en tant que prisonnier politique lors du conflit des Balkans, pour avoir manifesté contre le gouvernement yougoslave indique le joueur dans un entretien accordé au Guardian.

D’énormes incidents avaient eu lieu lors de la triste confrontation entre la Serbie et l’Albanie du 14 octobre 2014, match qui avait été arrêté à la 41ème minute de jeu, à la suite du survol de la pelouse d’un drone portant le drapeau de l’Albanie.

L’avant-centre serbe Aleksandar Mitrovic avait réussi à attraper le fanion, provoquant une grosse bagarre entre tous les joueurs et les supporters présents sur la pelouse, obligeant les instances mondiales du football à prendre de lourdes sanctions après cette rencontre.

Malgré quelques messages provocants partagés avant le début de la Coupe du Monde, combinés au contexte sportif et politique entre d’un côté la Serbie, et de l’autre tous les joueurs originaires des Balkans jouant sous les couleurs helvètes, le match de vendredi soir s’est terminé sans véritable incident.

Granit Xhaka et Xerdan Shaqiri ont littéralement exulté après leurs deux réalisations successives contre la Serbie, tous deux célébrant leur but en mimant l'aigle albanais, en hommage à leurs origines kosovares et albanaises.

Jouant avec des chaussures arborées de drapeaux Suisse d’un côté et de l’Albanie de l’autre, Xerdan Shaqiri n’est pas rentré dans la polémique à la fin de la rencontre : « J'étais juste très heureux de marquer un but, un point c'est tout. Je pense qu'on ne devrait pas parler de ça maintenant » a souligné le joueur.

L’entraineur Suisse Vladimir Petkovic a aussi répondu aux questions des journalistes en expliquant qu’on « ne devrait pas tout mélanger… nous devons nous concentrer sur ce beau sport qui regroupe les personnes, il est important de rester à l'écart de la politique » lui-même originaire de Sarajevo en Bosnie.

Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.
A Lire Aussi
Bu haberi paylaşın