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Carlo Ancelotti, le Seigneur des bancs de touche tombé sur un os (Portrait)

- Limogé par le Bayern Munich, Carlo Ancelotti appartient au cercle très fermé des entraîneurs vainqueurs de la Ligue des Champions d’Europe de football. Retour sur la trajectoire d’un homme couvert de titres.

Hatem Kattou  | 28.09.2017 - Mıse À Jour : 29.09.2017
Carlo Ancelotti, le Seigneur des bancs de touche tombé sur un os (Portrait)

France


AA / Paris / Patrick Juillard

Démis de ses fonctions d’entraîneur du Bayern Munich ce jeudi, Carlo Ancelotti n’avait jamais été ainsi limogé en cours de saison lors de sa carrière d’entraîneur, entamée voici vingt-deux ans sur le banc de la Reggiana, club de la ville de Reggio d’Emilie en Italie.

Né non loin de là, à Reggiolo, le 10 juin 1959, Carlo Ancelotti tape très jeune dans un ballon. Doué, il sera footballeur professionnel. Précoce, il débute en Serie C1, la troisième division italienne, à l’âge de 18 ans sous les couleurs de Parme, lors de la saison 1976-1977.

Milieu relayeur promis à un grand avenir, le jeune Carlo Ancelotti est repéré par l’AS Rome, qui l’enrôle en 1979. Sous le maillot de la Louve, en seulement huit ans, celui qui devient en 1981 international italien décroche un titre de champion d'Italie en 1983, 4 Coupes d'Italie (en 1980, 1981, 1984 et 1986) et accède à la finale (mais sans la jouer) de la Coupe d’Europe des clubs champions en 1984, qui voit la Roma s’incliner aux tirs au but devant Liverpool.

Ses blessures au genou le privent de la Coupe du monde 1982 remportée par la Nazionale mais ne l’empêchent pas de séduire le grand Milan AC. De 1987 à 1992, Carlo Ancelotti remporte deux scudetti, deux Ligues des Champions, deux Coupes intercontinentales en et deux Supercoupes d'Europe en 1989 et 1990.

Devenu entraîneur dès la fin de sa carrière de joueur, Carlo Ancelotti apprend le métier au poste d’adjoint d’Arrigo Sacchi, l’architecte du Milan AC devenu sélectionneur national. A ses côtés, Ancelotti vit l’aventure du Mondial 1994 aux Etats-Unis qui voit l’Italie s’incliner en finale face au Brésil.

Après avoir fait monter la Reggiana en Serie A, le jeune entraîneur rejoint Parme (1996), pour vivre sa première expérience dans l’élite italienne. Celle-ci est assez fructueuse pour en faire le successeur du prestigieux Marcelo Lippi à la Juventus Turin (1999-2001).

Deux fois deuxième du Championnat, derrière la Lazio puis l’AS Rome, Carlo Ancelotti attire l’attention du Milan AC. Arrivé en novembre 2001 pour remplacer le Turc Fatih Terim, le technicien italien sort les Rossoneri de la crise.

Son premier chef d’œuvre est pour l’année suivante : en réussissant le doublé Coupe d’Italie-Ligue des Champions, Carlo Ancelotti devient alors le quatrième entraîneur à gagner l’épreuve en tant qu’entraîneur après l’avoir remporté comme joueur.

La saison suivante (2004), voit le Milan d’Ancelotti gagner son premier titre de champion d’Italie. La saison suivante le voit atteindre la finale de la Ligue des Champions et la perdre face à Liverpool après avoir mené 3-0 à la pause.

La revanche sur Liverpool sera pour 2007, à Athènes. À cette occasion Ancelotti remporte donc sa deuxième Ligue des champions en tant qu’entraîneur, rejoignant alors Vicente del Bosque, José Mourinho et Ottmar Hitzfeld, auxquels s'ajouteront plus tard Alex Ferguson, Josep Guardiola et Zineddine Zidane, dans le cercle très fermé des doubles vainqueurs de l’épreuve. Il reste cependant le seul à l’avoir gagnée à deux reprises aussi bien en tant que joueur qu'en tant qu'entraîneur.

L’aventure des « Merveilleux d’Ancelotti », ainsi que les a surnommés la presse italienne, prend fin en 2009. Carlo Ancelotti laisse une équipe en fin de cycle pour rejoindre Chelsea, en Angleterre. Avec le club londonien, le coach transalpin décroche un titre de champion et une Coupe nationale en 2010.

Limogé au terme d’un exercice 2010-2011 sans titre et achevé à la deuxième place de Premier League, Carlo Ancelotti rejoint en décembre 2011 le Paris Saint-Germain, repris quelques mois plus tôt par un fonds d’investissement du Qatar. Le club de la capitale voit toutefois le titre de champion de France lui filer sous le nez au profit de l’équipe surprise de Montpellier. Ancelotti doit attendre la saison suivante pour décrocher la timbale.

Courtisé par le Real Madrid, Carlo Ancelotti quitte le PSG, où il succède à José Mourinho. Marqué par la rivalité avec le FC Barcelone, son passage de deux saisons le verra échouer dans la quête de la Liga mais aussi remporter la decima, autrement dit la dixième victoire du club merengue en Ligue des Champions.

Le 24 mai 2014, le Real bat l’Atlético Madrid (4-1) et Ancelotti gagne sa troisième Ligue des Champions. Limogé à la fin de la saison 2015 malgré sa grande popularité auprès des joueurs et du public, Carlo Ancelotti paye un échec en demi-finales de la Ligue des Champions et une deuxième place derrière le Barça en Championnat d’Espagne.

Après une année sabbatique, il s’engage au Bayern Munich. Si la première saison est satisfaisante sur le plan statistique, avec un titre en Bundesliga (2017) et deux Supercoupes d’Allemagne (2016 et 2017), les relations avec les cadres du vestiaire et l’équipe dirigeante se détériorent.

Affectif et diplomate, plaçant les valeurs humaines au-dessus de tout, Carlo Ancelotti se heurte à un os. La lourde défaite face au PSG (3-0), mercredi en Ligue des Champions aura été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.

Adepte d’un football équilibré et efficace, Carlo Ancelotti expliquait sa philosophie de jeu en 2016 dans un grand entretien accordé au quotidien sportif français «L’Equipe». «La possession constitue une part importante d'une équipe dominante dans un match. Mais, sur ce point, mon opinion n'a jamais changé, expliquait-il. Tu dois finaliser la possession. Si elle te sert uniquement à contrôler le rythme, c'est inutile. Pour marquer un but, le plus facile, c'est la contre-attaque. Plus tu as la possession, moins tu as la possibilité de contre-attaquer et de profiter des espaces. »

En quête d’un nouveau défi, Carlo Ancelotti pourra en attendant cultiver son amour des bonnes tables et des grands crus, et faire profiter ses proches de son grand sens de l’autodérision, apparu lors d’une courte carrière devant la caméra, dans Don Camillo de Terence Hill (1983), ainsi que dans L'allenatore nel pallone (1984) et L'allenatore nel pallone 2 (2008), deux comédies de Lino Banfi où il tenait le rôle d'un joueur puis d'un entraîneur, comme un reflet prémonitoire de sa future carrière.

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