AA/Niamey/Illa Kané

Au Niger, la fête de l'Aid al-Fitr, célébrée dimanche, est une occasion pour les mères de famille de mettre en avant leurs dons culinaires.

Outre les vêtements neufs qu'il faut s'offrir à tout prix, un repas bien préparé est une autre priorité de cette fête, témoigne Haoua Ibrahim, une mère de famille.

«La plus grande honte pour une femme nigérienne c’est de ne pas être en mesure d’offrir un plat spécial à son mari à l'occasion de la fête. Il faut user de son talent et se surpasser, surtout que de nombreux invités défilent pour déguster les plats», explique-t-elle à Anadolu.

«Même si elle n'a pas les moyens, une bonne mère de famille doit se débrouiller pour préparer un plat spécial le jour de la fête. C’est une occasion pour nous les femmes de dépasser la coépouse», a-t-elle ajouté.

Côté vêtements c'est aux pères de familles qu'incombe la responsabilité d'acheter des tenues neuves pour toute la famille. fait qui n'est nullement évident, estiment certains qui disent avoir été obligés de contracter des crédits pour y arriver.

«Pour habiller mes cinq enfants j’ai dépensé près de 50.000 FCFA (100 USD), alors que mon salaire mensuel n’est que de 80.000 FCFA (160 USD). Mais c’est un devoir pour moi et je suis fier de l’avoir accompli», a déclaré Nassirou Boubacar,.

Si Nassirou, Haoua et bien d'autres comme eux font tout pour s'offrir de nouveaux vêtements et de bons plats en ce jour de fête c'est pour ne pas être moqués par leur semblables, souligne le sociologue Saidou Maman.

«Au Niger, la tradition veut que le jour de la fête chaque famille prépare un plat spécial différent de ceux de tous les jours. La même tradition veut que les personnes, notamment les femmes et les enfants, sortent en public avec des habits neufs», a-t-il expliqué, ajoutant que "sans ça, une famille risque de devenir la risée de la société. C’est pourquoi certains chefs de famille sont obligés de contracter des dettes pour éviter un tel déshonneur».