" Il faut une cure d’humilité aux joueurs camerounais "

AA/Yaoundé/Anne Mireille Nzouankeu

Jules Nyongha, ex-entraîneur de l’équipe de football camerounaise, et un des sélectionneurs les plus titrés du Cameroun, préconise "une cure d'humilité" aux joueurs camerounais en identifiant "l’égo surdimensionné" de certains joueurs refusant de respecter les consignes, la mésentente, la division et le manque de cohésion comme les principales difficultés ayant acculé le Cameroun à la porte de sortie du mondial.

En 2014, le Cameroun prenait part pour la septième fois à une phase finale de la coupe du monde de football. Comme en 2010, le pays fut la première équipe africaine éliminée bien avant la fin des matchs de poule, à la suite d’une double défaite contre le Mexique et la Croatie. Jules Nyongha, ex-entraîneur des Lions Indomptables, affirme que c’est l’expression d’un malaise qui règne au sein de la sélection nationale.

« Depuis 2010, nous sommes rentrés dans la catastrophe avec pas mal de problèmes. On vit pas mal de difficultés dans ce groupe mais personne n’a pris l’initiative de les régler. Nous sommes repartis à la coupe du monde de 2014 avec, en arrière fond, les séquelles des problèmes précédents qui n’ont pas été résolus», analyse Jules Nyongha, dans un entretien avec Anadolu.

La participation des Lions Indomptables a été émaillée de plusieurs faits qui laissent transparaître un malaise au sein de la sélection. Durant le match contre la Croatie (0-4) par exemple, un coude d’Alexandre Song dans le dos d'un joueur de l’équipe adverse lui a valu un carton rouge. Puis à la fin du match, il y a eu un début de bagarre entre deux joueurs camerounais.

« Des joueurs sur le terrain qui se bagarrent, c'est le comble !» s’indigne Nyongha «Je pense qu'ils étaient excédés. C’est la manifestation pure et simple de la faiblesse. On manifeste sa faiblesse par une certaine violence. Les équipes qui sont mal préparées passent le temps au jeu dur. Là nous sommes allés véritablement très bas ».

Le Cameroun avait été la dernière équipe à arriver au Brésil après un faux départ à Yaoundé, la capitale du Cameroun. Les Lions ont refusé d’embarquer dans le vol qui devait les conduire au Brésil en exigeant les primes de participation de la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) avant tout départ. Ce qui a été fait.  

S’agissant des problèmes d’égo de certains joueurs qui refusent de se soumettre à la discipline du groupe, Jules Nyongha révèle que ces problèmes n’ont pas existé à son époque.

«Quand j’étais entraîneur, il n’y avait pas un problème d'ego. Il y avait une équipe et celui qui voulait rester dans cette équipe devait respecter les consignes » dit-il « Par exemple, à un moment, le ministre des Sports m’a écrit pour me demander la raison pour laquelle je n’avais pas sélectionné le joueur Womé Nlend. J’ai répondu en disant que je ne sélectionne pas Womé Nlend parce qu'il s'était absenté deux fois pour des matchs amicaux. Il est hors de question que je le sélectionne pour un troisième match », ajoute Nyongha qui est certain qu’il est du ressort de l’entraîneur d’imposer une certaine discipline dans l’équipe. « Il faut que l’entraineur prenne ses responsabilités », affirme Nyongha.

Pour l’avenir du football camerounais, Jules Nyongha préconise « une cure d’humilité. Il faut que nous reconnaissions aujourd’hui que nous sommes tombés extrêmement bas et que nous devons retrousser les manches pour sortir de cette ornière. Retrousser les manches c’est travailler. Si on ne travaille pas on ne sortira pas de là ». Il ajoute, esnuite, qu’il «faut tout mettre à plat, recommencer à zéro, refaire des programmes de développement du football, mettre en place des structures qui permettent le développement du football camerounais . Et surtout, délimiter avec exactitude le rôle du ministère des Sports et celui de la Fédération camerounaise de football ».