France : Enquête ouverte sur l’algorithme de Tiktok, soupçonné de pousser des mineurs "vers le suicide"
– Le parquet de Paris réagit à un signalement du député Arthur Delaporte dénonçant le "piège algorithmique" du réseau social
Ile-de-France
AA / Paris / Ümit Dönmez
Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire visant le fonctionnement de l’algorithme de Tiktok, soupçonné de pousser certains mineurs "vers le suicide". Cette décision intervient à la suite d’un signalement du député socialiste Arthur Delaporte, président de la commission parlementaire d’enquête sur la plateforme sociale chinoise.
Citée par BFMTV, la procureure de Paris, Laure Beccuau, a précisé que les investigations confiées à la Brigade de lutte contre la cybercriminalité (BL2C) portent sur plusieurs infractions, dont la "propagande en faveur de produits, objets ou méthodes préconisés comme moyens de se donner la mort", un délit passible de trois ans d’emprisonnement et de 45.000 euros d’amende.
Les enquêteurs s’intéressent également à la "fourniture de plateforme en ligne pour permettre une transaction illicite en bande organisée" et à "l’altération du fonctionnement d’un système de traitement automatisé de données en bande organisée", délits passibles de dix ans de prison. Le parquet évoque aussi le "fonctionnement de l’algorithme par rapport à la présentation qui en est faite à l’utilisateur" et la diffusion de contenus promouvant le suicide.
Arthur Delaporte avait dénoncé, dans son signalement, la "facilité d’accès" des mineurs à un système algorithmique "susceptible de pousser les plus vulnérables vers le suicide". En septembre, la commission d’enquête qu’il présidait avait déjà préconisé l’interdiction des réseaux sociaux pour les moins de 15 ans et l’instauration d’un "couvre-feu numérique" entre 22 heures et 8 heures pour les adolescents de 15 à 18 ans.
Les députés avaient également mis en lumière "un océan de contenus néfastes" sur Tiktok, mêlant "promotion du suicide, automutilation" et "violence sous toutes ses formes", nourri par des programmes de recommandation puissants qui enfermeraient les jeunes dans des bulles dangereuses.
Cette enquête, inédite en France, intervient alors que plusieurs ONG, dont Amnesty International, ont récemment porté plainte contre Tiktok, accusé de banaliser le suicide des adolescents.
