
Monrovia / Eveline T. Kbadih
L'économie du Libéria est victime d’une «hémorragie» dûe notamment à une « fièvre » des prix qui ne cessent de monter avec la fermeture des frontières de ce pays de l’ouest africain en combat contre le virus d'Ebola.
Un sac de 25 kilogrammes de riz, principal aliment des libériens, a atteint 20 dollars, somme exorbitante pour les habitants dont 70% vivent avec un revenu journalier inférieur à un dollar.
Des témoins ont affirmé aux correspondants de Anadolu que « les plus aisés se mettent à stocker de grandes quantités de riz de peur que son prix n’augmente encore en raison de la fermeture des frontières ».
James Gbarkway, un habitant de Monrovia, pense que « les Libériens risqueraient de mourir de faim et non d’Ebola si la fermeture des frontières se poursuit».
Emilia Smith, elle aussi de capitale, estime que : «Le gouvernement doit importer des quantités supplémentaires de riz pour que son prix baisse» et que «les Libériens sont menacés de famine car les prix de plusieurs produits de base sont devenus exorbitants».
Le secteur du transport a également souffert des répercussions d’Ebola, et les coûts du transport dans toutes les régions du pays ont considérablement augmenté.
Le ministère libérien des Transports avait interdit aux taxis de transporter plus de quatre passagers à la fois, trois sur la banquette arrière et un à côté du chauffeur, au lieu des cinq passagers habituels, afin de limiter les risques de propagation de l’épidémie.
Avec la peur des clients d'attraper le virus, cette restriction a eu un impact négatif sur les revenus des chauffeurs de taxis.
De son côté, le ministre libérien de la Finance, Amara Konneh, a affirmé que «l’épidémie d’Ebola a ralenti le fonctionnement des secteurs public et privé ».
« Les institutions étatiques ont réduit leur personnel au minimum pour limiter les risques de contagion. Les grandes compagnies aériennes ont suspendu leurs vols en direction du Libéria.», a expliqué le ministre.
Konneh a assuré que « la crise Ebola a eu plusieurs répercutions néfastes sur l’économie libérienne avec une augmentation des dépenses du gouvernement et une régression de l’activité économique et donc des revenus ».
Il a ajouté que « l’agriculture, la production alimentaire, l’exploitation minière, l’industrie hôtelière, et les services de transport » figurent parmi les secteurs les plus « ralentis par l’épidémie ».
Le ministre a relevé que «les compagnies réduisent toutes leurs opérations et les investisseurs quittent le pays par peur de la contagion ».
Il a ajouté que « l’aéroport international de Roberts, l’un des principales sources de revenus du pays, perd des millions de dollars en raison de la suspension des vols par plusieurs compagnies aériennes ».
Konneh estime que le revenu national libérien va régresser de 15.2% (de 243,8 à 206,7 millions de dollars) pendant l’année financière 2014/2015.