Sante

Les mutations du coronavirus sont "tout à fait naturelles" : Dr. Ganidagli (Université Gaziantep)

- Ces mutations ne sont pas assez fortes pour affecter en bien ou en mal le cours de la pandémie, selon le Professeur turc

Mourad Belhaj  | 30.12.2020 - Mıse À Jour : 31.12.2020
Les mutations du coronavirus sont "tout à fait naturelles" : Dr. Ganidagli (Université Gaziantep)

Ankara


AA / Ankara

Le coronavirus, qui a déclenché la pire pandémie de l'histoire moderne de l'humanité, a subi des centaines, voire des milliers de mutations, et la dernière variante "prétendument" découverte au Royaume-Uni et qui se propage maintenant à d'autres pays en est un exemple, selon un éminent expert turc en médecine.

"C'est tout à fait naturel. Cependant, chaque mutation doit être suivie de près par des études cliniques et des études de génotype", a déclaré à l'Agence Anadolu le Dr Suleyman Ganidagli, professeur d'anesthésiologie et de réanimation à l'université de Gaziantep (sud-est de la Turquie).

Ganidagli, 52 ans, a déclaré que les coronavirus appartiennent à une famille qui présente le moins de mutations parmi les virus connus, mais malgré cela, depuis l'apparition de la pandémie de coronavirus, il y a tout de même eu des centaines de mutations.

"Cependant, ces mutations ne sont pas assez puissantes pour affecter le cours de la pandémie de quelque manière que ce soit, bonne ou mauvaise. De plus, [les mutations] n'ont pas changé le cours de la maladie avec un effet clinique notable chez les personnes qui ont contracté le virus", a-t-il ajouté.

Le Dr Ganidagli a souligné qu'il est trop tôt pour commenter les "spéculations" selon lesquelles le caractère contagieux du virus a augmenté avec la dernière mutation "qui se serait produite" au Royaume-Uni.

Pour lui il est impératif que les milieux scientifiques suivent de près l'évolution de la situation :

"Selon les données théoriques obtenues à partir des précédentes pandémies vécues par l'humanité en général, il est clair qu'aucun lien ne peut être établi entre l'augmentation du caractère contagieux, qui est très difficile à déterminer, et la progression de la maladie".

Et de souligner que même si une augmentation de l'infection est prouvée, il n'y aura pas de différence en termes de mesures de protection des personnes, ajoutant que la règle "masque, distance, hygiène" reste la mesure la plus adéquate et la plus efficace contre la COVID-19.


- Un vaccin contre les variantes du virus?

A la question de savoir si un nouveau vaccin devait être développé en raison de la formation de nouvelles variantes du virust, le Dr Ganidagli a répondu qu'il fallait tout d'abord déterminer comment la modification détectée dans le génome du virus entraîne des changements dans la structure du virus en tant que phénotype.

"Après des études détaillées sur la différence de phénotype, peut-être qu'un nouveau besoin de vaccin pourrait apparaître en étudiant son effet sur le virus mutant et en identifiant une éventuelle différence", a-t-il affirmé.

Et d’ajouter : "Si une mutation qui aggraverait le cours de la pandémie était identifiée et que les vaccins existants s’avéraient inefficaces, un nouveau vaccin devrait alors être développé".

Il a également souligné qu'il est très difficile de se prononcer sur cette question aujourd'hui, car les vaccins qui ont été mis au point ont été testés sur de petits groupes d'étude et leur efficacité en termes d'immunité communautaire n'est pas encore avérée.


- Développement du vaccin anti-Covid-19

"Quel que soit le lieu où elles sont menées dans le monde, je considère que les études sur les vaccins sont la plus importante contribution de l'humanité à la lutte contre la pandémie", a déclaré le Dr Ganidagli.

L'expert a souligné que les vaccins développés dans plusieurs centres avec des méthodes très différentes "donnent de très bons résultats, redonnant le sourire aux gens".

Il a également exprimé sa joie à l'annonce que plusieurs vaccins développés en Turquie ont entamé la phase d'études.

Lundi, le président Recep Tayyip Erdogan a déclaré qu'il n'était pas question que la Turquie prenne du retard dans l'approvisionnement en vaccins et les efforts de développement, ajoutant que tous les efforts de développement de vaccins, quelle que soit leur origine, sont suivis de près.

"Toutefois, nous accordons une importance et une priorité majeures à nos propres vaccins, que nous développons à l'aide de méthodes à la fois traditionnelles et innovantes", a-t-il ajouté.

"Grâce aux infrastructures de haute technologie que nous avons mises en place au cours des 18 dernières années et aux efforts de nos scientifiques, nous menons actuellement avec succès huit études distinctes sur les vaccins. L'une d'entre elles a atteint la phase finale. Certaines autres sont sur le point d'atteindre ce même stade", a déclaré le président turc.

Un avion transportant les trois premiers millions de doses d'un vaccin anti-Covid-19 commandé à la société chinoise SinoVac Biotech est arrivé mercredi matin à Ankara, la capitale turque.

Annonçant l'arrivée des vaccins sur Twitter, le ministre de la santé Fahrettin Koca a déclaré que la vaccination commencerait au terme de 14 jours de tests.


- La réticence des gens à se faire vacciner

La vaccination moderne est une expérience importante que l'humanité connaît depuis plus de cent ans et qui a permis d'éradiquer de nombreuses maladies dans le monde, a déclaré le Dr Ganidagli.

Il a ajouté que la réticence de certaines personnes à se faire vacciner ne peut pas être un "cas scientifique à discuter", car les vaccins ont "des conséquences si claires et précises" que les médecins et les experts en sont conscients.

"Je voudrais affirmer clairement que la résistance à la vaccination provient d'informations sans fondement scientifique", a précisé l'expert en anesthésie et en réanimation.

Et d’affirmer que les procédures de vaccination ont souvent leurs propres "effets indésirables", comme pour tout soin et procédure médicale, mais a ajouté que ces effets indésirables "ne peuvent jamais être comparés à la menace que la pandémie de Covid-19 fait peser sur l'humanité".

"Par conséquent, les principaux effets indésirables du vaccin peuvent être l'hypersensibilité et les effets allergiques, la fièvre, la douleur et même les symptômes de la maladie causée par le coronavirus à des degrés divers", a-t-il ajouté.

Il n'a pas non plus exclu la possibilité que le vaccin puisse s'avérer inefficace, avant d'ajouter : "Cependant, aucun de ces effets secondaires n'est aussi grave que le risque de contracter la maladie. De plus, leur probabilité d'apparition est très faible".

Et de renchérir : "Une fois de plus, je voudrais rappeler à tous nos concitoyens d'appliquer fermement les mesures de protection pendant cette période de restriction - au cours de laquelle la pandémie a atteint son point culminant - qui nous a obligés à changer toutes nos habitudes de vie de fond en comble".

Le Dr Ganidagli a également appelé la population à ne pas prêter foi aux rumeurs sans fondement scientifique et à tenir compte des recommandations des experts et des scientifiques.

À ce stade, alors que les campagnes de vaccination ont commencé à se succéder dans le monde entier, le Dr Ganidagli a suggéré que les gens soient rassurés quant à la vaccination, quelle que soit la méthode utilisée pour l'arrivée du premier lot de vaccins dans le pays.

"Aucune vaccination ne pourrait être plus dangereuse que la maladie elle même dans le contexte de la pandémie actuelle", a-t-il averti.


*Traduit de l’Anglais par Mourad Belhaj

Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.