Sante, Analyse

Les faux médicaments, une industrie assassine qui menace des millions d'Africains

Entre 30 % et 70 % des médicaments vendus en Afrique spécifiquement, selon les pays, seraient faux (OMS)

Mohamed Hedi Abdellaoui  | 02.10.2015 - Mıse À Jour : 05.10.2015
Les faux médicaments, une industrie assassine qui menace des millions d'Africains

Brazzaville

AA/Brazzaville/ Mohamed Abdellaoui avec la contribution de Prince Bafouolo

Les faux médicaments inondent le marché congolais et menacent la vie de millions d’hommes, au Congo comme dans d’autres régions du continent noir.

Apparus au Congo Brazzaville au début des années 1990, les médicaments illicites ou contrefaits constituent aujourd’hui un phénomène des temps qui courent non seulement au Congo, mais aussi dans d’autres contrées africaines et suscitent l’intérêt de plusieurs organisations régionales et internationales.

En juin et septembre de l’année dernière, deux opérations initiées par Interpol ont, en effet, permis de saisir 40 tonnes de médicaments contrefaits à Brazzaville et 120 tonnes à Pointe-Noire, selon le président de l’ordre national des pharmaciens du Congo, Hyacinthe Ingani à Anadolu.

Confirmant le constat de l’Organisation mondiale de la santé « OMS », ce bilan s’annonce à plus d’un titre alarmant sur tout le continent noir.

D’ailleurs dans un récent rapport, l’agence onusienne indique qu’une importante opération de ratissage de 16 ports maritimes des côtes est et ouest de l’Afrique a permis à l’Organisation mondiale des douanes (OMD) de saisir plus de 82 millions de doses de médicaments illicites, d’un montant total de plus de 40 millions de dollars, dont du sirop antitussif, des antiparasitaires et des antipaludiques, ainsi que des antibiotiques et des contraceptifs.

Tirant la sonnette d’alarme, l’OMS note également que 122 350 enfants africains sont décédés en 2013. En cause: un faux antipaludéen et un autre de piètre efficacité.

En Afrique, le tiers des médicaments contre le paludisme par exemple, maladie la plus mortelle du continent, est constitué de «faux», une proportion qui peut monter à 40% au Ghana et au Cameroun, voire près de 64% au Nigeria.

Toujours selon l’OMS, en Afrique, «30% des médicaments contrefaits viennent de l’Inde et de la Chine».  Même si le Nigeria est cité parmi les pays producteurs de faux médicaments, l’Afrique contribue marginalement à leur production, avec «moins de 5%».

Les parties accusées ne reconnaissent pas ce constat.

Le Manque de ressources humaines et de laboratoires, les sanctions dérisoires, la cherté des produits pharmaceutiques font en sorte que l’Afrique représente une proie facile à «l’industrie assassine» de faux médicaments.

L’OMS souligne, du reste, qu'un médicament sur 10 en circulation serait falsifié, et un médicament sur deux vendus sur Internet serait un faux. L'agence onusienne affirme aussi qu'entre 30 % et 70 % des médicaments vendus en Afrique spécifiquement, selon les pays, seraient également faux. Une menace sur la santé des populations démunies, mais qui rapporte quelque 200 milliards de dollars aux trafiquants. Très lucratif se montre ce commerce de faux médiacaments , étant 20 à 45 fois plus rentable que le trafic de drogue, d'après la même source.

Les statistiques de l’organisation mondiale de la santé(OMS) donnent, au demeurant, le vertige. Chaque année dans le monde, près de 100.000 décès sont liés aux médicaments contrefaits.

Mais l'agence onusienne ne compte point rester les bras croisés: "  L’OMS fournit une aide directe aux pays et aux régions pour renforcer la réglementation pharmaceutique.Une réglementation stricte des médicaments et son application par des autorités nationales de réglementation pharmaceutique contribuent sensiblement à la prévention et à la détection des contrefaçons", dit à Anadolu Collins Boakye-Agyemang, de la représentation de l'OMS à Brazzaville.

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