
Brazzaville
AA/Pointe Noire ( Congo-Brazzaville)/Anne Mireille Nzouankeu
Le minibus blanc sur lequel est mentionné "Samusocial", est bien connu à Pointe Noire, la deuxième plus grande ville de la République du Congo. Six jours sur sept, il parcoure la ville et va à la rencontre des enfants de la rue.
A l’intérieur du mini bus, se trouvent un travailleur social accompagné d’un infirmier. Cette équipe d’aide mobile de l’association "Samusocial Pointe Noire", relève d’une une association congolaise non gouvernementale qui prend en charge les enfants de la rue.
Chemin faisant, le mini bus est stoppé par deux jeunes assis par terre le long de la route. L’un d’eux a une blessure à la cuisse. Il est immédiatement pris en charge par l’infirmier qui fait un pansement et lui donne rendez-vous au centre d’hébergement d’urgence de l’association situé au quartier Mpita.
Eric Pouaty, le jeune qui a reçu des soins de santé est un enfant de la rue âgé de 12 ans. « J’ai été blessé au cours d’une bagarre avec un autre enfant plus âgé que moi. Je n’ai pas d’argent pour aller à l’hôpital. Heureusement que le Samusocial était là pour m’aider », confie Pouaty rencontré à Pointe Noire par l’agence Anadolu.
Cette sorte de clinique mobile effectue ainsi des patrouilles quotidiennes six soirs par semaine. « Nous entrons en contact avec les enfants de la rue, nous leur dispensons les premiers soins, nous réalisons aussi des entretiens sociaux. Ensuite, nous transférons si nécessaire les enfants vers un centre social partenaire ou alors nous les invitons à notre centre d’hébergement d’urgence où nous dispensons aussi des soins infirmiers et psychologiques», explique Thomas Gaboriau, le directeur du centre d’hébergement de l’association Samusocial Pointe Noire.
Le directeur ajoute que les pathologies les plus fréquentes rencontrées chez les enfants de la rue sont les blessures, les maladies de la peau, les maladies diarrhéiques, les fièvres et le paludisme. Dans la clinique mobile, le personnel infirmier de l’association prodigue des soins d’urgence, pratique la petite chirurgie et distribue également des médicaments. Sans ces soins gratuits, les enfants de la rue qui sont sans ressource financière, n’auraient probablement pas la chance de recevoir des soins de santé puisqu’ils sont payants dans les hôpitaux.
« Samusocial Pointe Noire a été créé en 2006 à l’initiative de la mairie de la ville, afin de faire face au phénomène des enfants de la rue qui devenait grandissant », explique Régis Samba, le chargé de la communication de l’association. « Les actions de l’association sont variées mais consistent globalement en la prise en charge psychosociale et médicale des enfants et des jeunes de la rue selon la méthode d’urgence sociale développée par le Samusocial International dont nous nous en inspirons », ajoute Samba.
En 2014, l’association a ainsi effectué 275 patrouilles, 282 permanences dans les commissariats de police et maisons d’arrêts, 1409 prises en charge médicales d’enfants et de jeunes, 268 entretiens psychologiques ainsi que 57 raccompagnements dans les familles. Il s’agit essentiellement de jeunes de moins de 18 ans.
Le centre d’hébergement d’urgence quant à lui est le prolongement de la clinique mobile. Il est ouvert toute l’année et tous les jours et accueille les enfants pour de courts séjours, notamment ceux qui ont urgemment besoin d’aide médicale ou psychologique suivi d’une convalescence. Le centre est aussi le lieu de transit des enfants qui quittent la rue pour retourner en famille. Ils y sont accueillis quelques jours avant leur retour à la maison.
La République du Congo est un pays de quatre millions d’habitants. Pointe Noire, la deuxième plus grande ville du pays compte environ un million deux cent habitants. Ici, les travailleurs sociaux disent que le nombre d’enfants de la rue est grandissant. Dans tout le pays, il y a actuellement approximativement « 3 000 enfants de la rue contre 1 900 seulement en 2012 ».
Un rapport du Fonds des Nations unies pour l’enfance « Unicef » publié en 2009 souligne qu’ « au Congo, le phénomène social des enfants de la rue existe depuis les années 80 et a connu une recrudescence à la suite des conflits armés des années 90. Il s’est aggravé en raison de l’affaiblissement de la capacité de prise en charge des familles, de leur paupérisation et de l’accroissement du nombre de familles monoparentales (décès, divorce), recomposées ou des unions hors-mariage ».
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