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Football / Covid19 : Les clubs européens au bord du gouffre

- Tous les championnats et tournois internationaux sans exception étaient à l’arrêt, des semaines de repos forcé pour cause de confinement pour des sportifs n’ayant jamais connu une telle incertitude sur l’avenir de leurs clubs

Fatma Bendhaou  | 26.03.2021 - Mıse À Jour : 27.03.2021
Football / Covid19 : Les clubs européens au bord du gouffre ( Julien Mattia - Anadolu Agency )

France

AA / Paris / Eşref Yeftale

La pandémie liée au coronavirus, qui a débuté en Chine en 2019 puis a rapidement touché le monde entier dès le début de l’année 2020, a eu des conséquences désastreuses sur plusieurs secteurs. Des dizaines de domaines d’activité ont été affectés par les décisions très lourdes de conséquences, comme les confinements très stricts qui ont duré des semaines entières dans les quatre coins de la planète, où la vie sociale, culturelle et économique s’est littéralement arrêtée.

Une gestion hasardeuse qui donnera lieu sans doute aux prémices d’une des plus grandes crises économiques et sociales des dernières décennies.

Un bon nombre de secteurs ont été touchés de plein de fouet par la pandémie liée à la covid-19, et le monde du sport n’a pas été épargné par ce phénomène mondial.

Outre l’annulation des Jeux Olympiques de Tokyo de 2020 pour cause de la pandémie mondiale, l’un des secteurs du sport le plus touchés par les répercussions de la crise sanitaire a été plus particulièrement le monde du football.

Tous les championnats et tournois internationaux sans exception étaient à l’arrêt, des semaines de repos forcé pour cause de confinement pour des sportifs n’ayant jamais connu une telle incertitude sur l’avenir de leurs clubs et de leurs compétitions.

Un avant-goût amer et très inquiétant pour des présidents de clubs essayant tant bien que mal d’entrevoir un avenir à moyen terme pour leurs équipes en attendant les décisions des ministères de leur pays ainsi que des dirigeants sportifs à travers le monde.

Dès mai 2020, des décisions contradictoires ont été prises après plusieurs mois de confinement strict, la Bundesliga en Allemagne a été l’un des premiers championnats à reprendre malgré la crise sanitaire, alors que la Ligue1 en France en a décidé autrement, ne préférant ne pas prendre le moindre risque.

Sous l’impulsion du gouvernement Macron, la Fédération française de football (FFF) et la Ligue de football professionnel (LFP) ont préféré statuer sur leur compétitions en cours de saison avec toutes les polémiques accompagnant un tournoi tronqué.

Quant à la Fédération turque de football (TFF), elle en a décidé autrement : reprendre les matchs restants pour désigner le champion, une fin de saison qui profitera à Başakşehir, et en même temps annuler les relégations, faisant passer la Süper Lig de 18 à 21 clubs pour la saison suivante.

Puis la problématique économique a rapidement fait surface : restrictions de budget, renégociation de salaires, réorganisation structurelle due aux restrictions diverses, manque à gagner avec une billetterie directement affectée avec les interdictions de spectateurs, des diffuseurs télés renégociant leurs conditions … tous les clubs de football professionnel ont été dans l’attente d’une solution qui a mis du temps à venir.

Finalement, toutes les compétitions en cours 2019-2020 se sont terminées d’une manière ou d’une autre, puis les championnats ont repris dès le mois de septembre 2020 avec les nouvelles règles d’hygiène mis en place par la FIFA et l’UEFA avec l’accord de chaque Fédération.

Des décisions fortes ont été annoncées : test PCR régulier, distanciation sociale, nouveau protocole sanitaire, 5 changements de joueurs au lieu de 3, report des rencontres si surcontamination des équipes, aucun spectateur dans les stades malgré quelques tentatives comme en France pour essayer de revenir à la normale en automne 2020 avec des jauges limites de fans...

Finalement, les politiciens ont imposé leur règle, les matchs se dérouleront donc quasi-unanimement dans tous les championnats mondiaux dans des stades vides.

En Europe, tous les clubs de football, déjà traqués par le Fair-Play financier de l’UEFA, un système draconien de l’instance européenne de football qui impose de gaspiller l’argent que l’on gagne, ont vu leurs recettes se réduire dans des proportions inquiétantes à cause de la pandémie.

Des effectifs de joueurs surchargés, des masses salariales trop importantes, des sponsors plus frileux à l’idée de soutenir leur partenaire sportif ou encore des contrats télés renégociés par les diffuseurs ont mis en danger la survie des formations pendant de longues semaines.

Malgré la reprise des championnats et des compétitions européennes, en raison de l’effet continu de la covid-19, les clubs ne devraient pas respirer confortablement pendant la saison 2020/21 en cours.

Alors que les stades restent fermés aux fans à travers toute l'Europe, des décisions de relâchement ne sont toujours pas prévues à l’horizon par les gouvernements des pays concernés, bien au contraire.

On estime que les détenteurs des droits TV ont négocié une remise sur leurs contrats qui a atteint la somme colossale de 1,2 milliard d’euros pour la ligue Anglaise, Allemande, Espagnole, Italienne ou encore Française, un manque à gagner très significatif pour les équipes européennes.

Une récente déclaration de la Fédération espagnole de football début mars 2021 indique que les clubs espagnols vont perdre plus de deux milliards d’euros sur les saisons 2019-2020 et 2020-2021. Le président de la Liga, Javier Tebas, s’était réjoui malgré la crise sanitaire de la solidité économique des grosses écuries de son championnat.

Certains championnats se sont aussi heurtés à d’autres problématiques comme la Ligue 1 en France qui s’est retrouvée dans une situation ô combien délicate avec les engagements non-respectés du nouveau diffuseur mediapro avec la Ligue de football professionnel, une crise qui a failli mener les clubs français au bord du gouffre, avant qu’un nouvel accord ne soit trouvé cet hiver avec le traditionnel détenteur des droits du foot sur l’Hexagone avec le groupe Canal Plus.

Les dirigeants français ont tenté de vendre les droits TV de la Ligue1 a un prix défiant toute concurrence, soit 780 millions d’euros pour la seule saison 2020-2021, une somme mettant hors-jeu les groupes traditionnelles comme Canal Plus ou encore la filiale qatarie mondialement connue sous le nom de BeIN Sport.

Malheureusement le bénéfice-risque a cette fois été en défaveur du football français, qui s’est retrouvé dans l’une des crises économiques la plus importante de son histoire, les diffuseurs voyant globalement leur chiffre diminuer chaque année qui passe, avec pour cause essentielle la concurrence des plateformes cinématographiques comme Netflix ou Amazon ou encore le succès auprès des consommateurs des abonnements illégaux avec l’explosion de l’IPTV piraté.

Le président emblématique de l’Olympique Lyonnais (OL), Jean-Michel Aulas vient de trouver un accord assez novateur avec une grande majorité de l’effectif du club rhodanien (50%) d’après une déclaration officielle stipulant qu’une partie des salaires sera convertie en actions : "face à la crise, OL Groupe met en place une mesure novatrice pour ses groupes professionnels".

« La direction générale de l’OL a trouvé un accord avec une partie des acteurs de ses groupes professionnels, aussi bien féminins que masculins, qui aboutit, comme cela leur avait été proposé, à une conversion en actions d'OL Groupe d’une partie de leur rémunération, représentant entre 5 et 25 % du salaire, et ce à partir du mois de février et pouvant aller jusqu'au mois de juin 2021 » peut-on lire dans le communiqué de la formation rhodanienne.

Dans un article publié par The Guardian en janvier dernier, on apprend que « les 20 plus grands clubs en Europe ont perdu près d’un milliard d’euro de revenus au cours de l’année écoulée », soit 14% de leur budget précédent, d’après une étude de marché du cabinet d’audit KPMG.

En Turquie, les « quatre grands » (Beşiktaş, Fenerbahçe, Galatasaray et Trabzonspor) viennent de conclure le 20 mars dernier un accord avec plusieurs banques nationales pour une restructuration financière de leurs dettes avec un total de 1 milliard d’euros, sur une période de 2 ans et demi sans remboursements.

Toujours d’après le cabinet KPMG, le club allemand du Bayern Münich, dernier vainqueur de la Ligue des Champions 2019-2020, a réussi à afficher des recettes supérieures à l’exercice précédent avec un excédent de près de 6 millions d’Euros.

A l’inverse, et malgré un joli parcours en Coupe d’Europe, le Paris-SG a rencontré un déficit avoisinant la somme impressionnante de 125 millions d’euros.

La crise du coronavirus a stoppé les velléités de transferts des clubs européens, les stades vides ont quasiment supprimé les recettes liées à la billetterie, les diffuseurs ont renégocié à la baisse leurs droits TV, tous les clubs ont renégocié les salaires de leurs effectifs, tant bien que l’UEFA serait sur un projet d’assouplissement du Fair-Play financier.

L’objectif d’un nouveau fair-play financier pour l’organisation européenne est de le mettre en vigueur dès le début de la saison 2022 avec des modifications évoquées par le média spécialisé italien "Gazetta dello Sport" sur des plafonds pour les transferts ainsi que pour les salaires des joueurs, si le parlement européen donne bien évidemment son feu vert.

Alexander Ceferin, le président de l’UEFA, devrait se manifester dans les prochains jours afin d’expliquer plus en détails les prochaines modifications.

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