
AA/Conakry(Guinée) /Mamadou Bousouirou Bah
Les agents de santé se retrouvent en première ligne de la lutte contre le virus Ebola et en paient malheureusement un lourd tribut .En Guinée on compte 26 décès sur 54 cas notifiés dans leurs rangs. Selon l'OMS, dans les trois pays touchés 240 blousesblanches ont attrapé le virus en côtoyant les malades, 120 d'entre eux sont décédés.
La Guinée a enregistré cinquante-quatre (54) agents de santé atteints d’Ebola dont vingt-huit (28) décès, selon les dernières statistiques du ministère de la santé. Vingt-six agents sont sortis, par contre, guéris, d'après ces chiffres communiqués à Anadolu.
"Je travaillais dans un hôpital. Au mois de mars dernier, on a reçu un patient venu de l’intérieur du pays. Je l’ai examiné sans protection. Quatre jours après son décès, j’ai commencé à avoir les symptômes", témoigne à Anadolu "John", médecin à Conackry, qui ne souhaite pas décliner son identité complète par peur de la stigmatisation.
Contrairement aux 28 autres médecins qui ont succombé au virus, John a survécu ."Quand, on me l’a annoncé, ça a été vraiment une grande joie pour moi. Car je ne croyais pas que j’allais survivre", se souvient-il.
Pour Marc Poncin, coordinateur national d’urgence Ebola de Médecins Sans Frontières, la contamination abusive des médecins est due à un manque de conscience. ‘’Quand on est médecin on est capable d’éviter d’être contaminé. Je suis en colère contre les collègues en Guinée qui s’entêtent et qui décèdent du virus alors qu’on peut se protéger’’, a-t-il regretté, dans une déclaration à Anadolu.
Dans un rapport publié fin août sur le sujet, l'OMS a pointé également "la pénurie ou la mauvaise utilisation des équipements de protection personnelle, la faiblesse des effectifs de personnel médical compte tenu de l’ampleur de la flambée et la compassion qui pousse le personnel médical à travailler dans les services d’isolement beaucoup plus longtemps qu’il n’est recommandé pour leur sécurité".
‘’Si le matériel de protection n’est pas donné en nombre suffisant, c’est vraiment grave. C’est quelque chose auquel il faut remédier immédiatement." ,poursuit Marc Poncin.
Pour Dr Sakhoba Keita, Coordinateur National de la lutte contre Ebola "c’est un risque lié au métier. C’est aux médecins de prendre des mesures universelles pour éviter de se faire infecter’’, a-t-il déclaré à Anadolu.
‘’Les médecins sont motivés par le patriotisme. Si les médecins fuient Ebola, personne ne pourra l'arrêter ’’, souligne Dr Keita.
Revenant sur le cas des médecins infectés, Dr Sakhoba laisse entendre que la plupart des médecins infectés n’ont pas respecté les consignes strictes de protection qui leur ont été données.
Comme tous les rescapés d’Ebola les médecins atteints puis guéris font face à la stigmatisation de leur entourage. « Il y avait des gens qui ne voulaient pas s’approcher de moi. Il y avait d’autres qui me disaient de façon flagrante qu’il n’allaient pas me saluer », témoigne John. « Pour moi, c’est un accident de travail, le destin est inévitable. Actuellement, je commence petit à petit à m’intégrer dans la société. Les gens commencent à comprendre que je ne suis plus un risque. Il y a même des gens qui m’appellent. », affirme –t-il.
Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.