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Côte d’Ivoire: Bouaké veut extraire les "enfants fantômes" de l'anonymat juridique

Les difficultés financières, l'absence de l'administration, la non scolarisation des enfants, les mariages précoces, à l'origine de forts taux de non enregistrement des naissances.

27.05.2014 - Mıse À Jour : 27.05.2014
Côte d’Ivoire: Bouaké veut extraire les "enfants fantômes" de l'anonymat juridique

AA/ Bouaké/ Issiaka N’GUESSAN

Les autorités de Bouaké (379 Km au Centre-Nord d’Abidjan, Région de Gbèkè) poursuivent une campagne de sensibilisation visant l'enregistrement des naissances afin de réduire le taux d'apatridie et sortir "les enfants fantômes" de l'anonymat juridique.

« Il faut faire une campagne dans nos villages pour sensibiliser les populations à déclarer les enfants » a affirmé, à Anadolu, le Président du Tribunal de Bouaké, Patrick Ballet Séry « ce que nous avons constaté dans les villages à 10 Km de Bouaké était au départ ahurissant, comme le fait de voir des gens venir avec 7 carnets de naissance pour déclarer leurs enfants ». Face à cet anonymat juridique qui guette des enfants ivoiriens, ce juge a fait le constat que « les gens n’ont pas encore compris l’importance de l’état civil ».

Selon Martin N’dri Kouassi, l’agent d’état civil du centre secondaire en charge des villages de Tchimou-Assékro, Yobouekro, Apkokro, Kouakro, Konankro et N’gatta-sakassou, « des enfants déjà inscrits au cours élémentaire première année-Cp1- n’ont toujours pas de papiers (acte de naissance) »

« Au moins une cinquantaine d’enfants n’ont pas leurs actes de naissance, les enfants en âge de scolarisation sont nombreux » a précisé à Anadolu Martin N’dri Kouassi entouré de parents et enfants qui n’ont pu être pris en compte au cours des récentes opérations financées par l’Usaid pour un montant non communiqué dans le cadre du Programme Côte d’Ivoire Transition Initiative (CITI) /OTI, exécuté par Aecom, une structure locale sur les localités d’Abidjan, Bouaké, Korhogo, Divo, Duekoué.

Pour bénéficier d’un jugement supplétif en cas de non déclaration de naissance, les frais s'élèvent à 12 000 FCFA (environ 25 usd) dont il faut s'acquitter au Tribunal de Bouaké, a appris Anadolu.

Les raisons de la non déclaration des naissances sont les « difficultés financières, la crise qui a vu l’administration déserter les zones Centre, Nord et Ouest –CNO- sous contrôle de la rébellion des Forces Nouvelles mais aussi, le fait de ne pas vouloir scolariser l’enfant destiné soit à la surveillance du cheptel ou à un mariage précoce » ont expliqué des responsables du projet qui précisent que les facteurs divergent selon les régions.

Bouaké n’est pas la seule zone concernée par ce projet de l’Usaid /Oti. Plus au Nord, le département de Korhogo a également bénéficié de cette opération qui a permis la régularisation de la situation administrative et juridique « de 16.437 enfants sur un objectif de départ de 10.000 enfants sur 5 jours dans les communes et sous-préfectures de Korhogo, Niofoin, Sirasso, Tioro, Kanoroba, Komboro et Napié » a déclaré un des responsables du projet à Anadolu.

Jointe par Anadolu, la coordonnatrice du projet à Bouaké a indiqué que le nombre d'enfants n'a pas été extrait des statistiques générales, mais selon un des responsables du projet, la cible est de 10.000 enfants par région concernée par le projet.

« Le phénomène est beaucoup plus important dans les zones CNO qui ont connu le retrait de l’administration de 2002 a 2011 » a précisé ce responsable à Anadolu, insistant sur une forte proportion de jeunes filles non enregistrées dans la région Nord, destinées en priorité à des mariages arrangés et qui ne sont scolarisées que dans de faibles proportions. Les pourcentages de filles non déclarées à l’état civil indiquent ainsi 52% à Korhogo, 51,7 % à Niofoin, 53,3% à Tioro, 50,3% à Komboro et 86,4% à Karakoro, selon des chiffres officiels.

Avec la fin de la crise, « les parents ont appris à déclarer les naissances » révèle Martin N’dri Kouassi, l’agent d’état civil du village de Tchimou-Assékro qui implore la clémence des autorités pour une prolongation de l’opération. Car, à Bouaké, contrairement  à Korhogo, de grandes personnes de 40 ans sont concernées par cette inexistence juridique comme constaté par Anadolu.

Le sous-préfet central de Bouaké, Djandé Lorgn Abou Béchir, a procédé le 29 avril à l’ouverture de « l’atelier bilan de la mise en œuvre de la campagne d’enregistrement des naissances à l’état civil à Bouaké » assisté du Président du Tribunal de Première Instance de Bouaké, Patrick Séry Ballet et du Procureur de la République, Coulibaly Aboubakary. "L’opération a été une réussite au-delà des imperfections" pour le Président du Tribunal.

 
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