Bénin: la grève sans service minimum dans les hôpitaux compte ses premiers décès
"Des cas de décès ont été annoncés officieusement dans plusieurs hôpitaux du fait de la cessation totale de travail par les paramédicaux composés d’infirmiers,de sages-femmes, d'aides soignants et techniciens de laboratoire"

AA/ Cotonou (Bénin)/ Serge David
Au Bénin, la grève sans service minimum dans les hôpitaux démarrée le 14 octobre dernier a fait ses premières victimes, des malades décédés faute d’assistance médicale, selon des témoignages recueillis mercredi par Anadolu.
« Des cas de décès ont été annoncés officieusement dans plusieurs hôpitaux du fait de la cessation totale de travail par les paramédicaux composés d’infirmiers, infirmières, sages-femmes, aides soignants et techniciens de laboratoire », a déclaré à Anadolu un agent sanitaire qui s’exprimait sous le couvert de l’anonymat, sans préciser le nombre de décès enregistré.
« Un enfant transporté d’urgence à l’hôpital ce matin (mercredi) a succombé, faute de personnel sanitaire pour lui transfuser du sang », a témoigné un patient, rencontré par Anadolu dans les locaux de l’Hôpital de la Mère et de l’Enfant (Homel), situé à l’est de Cotonou.
« J’ai perdu hier (mardi) un parent hospitalisé qui a manqué de soins sanitaires », a déclaré pour sa part Benjamin Adjaho, un jeune homme "venu remplir les formalités administratives faisant suite au décès."
La quasi-totalité des services sanitaires de l’hôpital Homel ont fermé leur porte. Les cours et locaux de l’hôpital totalement vides renseignent d'ailleurs aisément sur l’ampleur des grèves.
Le personnel administratif est également absent.
Dans plusieurs couloirs, des patients sont couchés à même le sol et livrés à eux-mêmes.
Rencontré fortuitement par Anadolu dans la cour de l’hôpital, Roger Adjibi, secrétaire général du Syndicat du personnel de l’Homel, a évoqué en filigrane les raisons de la grève.
« L’injustice envers les agents de santé est trop criarde. Comment comprendre que la prime de logement des paramédicaux est fixée à 6.000 Francs CFA (11,68 USD) alors que les médecins avec qui nous formons l’équipe, perçoivent 100.000 Francs CFA (194,77 USD). Nous avons entrepris des démarches à l’endroit du gouvernement, mais il n’a rien fait », a-t-il affirmé.
Les délégués médicaux béninois sont également concernés par les conséquences de la grève.
« Nous sommes les victimes collatérales de la grève. En tant que délégué médical, je viens proposer les médicaments de mon laboratoire aux paramédicaux qui m’aident à les écouler. Mais vue la situation, je suis mal noté pour contre performance », a déclaré, ce matin au Centre National Hospitalier et Universitaire de Cotonou (Chnu), Arnold Béhanzin, délégué médical.
L’Intersyndical des ressources humaines en santé, par la voix de son coordonateur, Adolphe Houssou, vient de reconduire la grève pour 72 heures, la semaine prochaine.
Le syndicat réclame "le paiement des arriérés de salaires aux agents des mesures sociales du secteur de la santé, la correction de la disparité concernant l’indemnité de logement aux personnels administratifs et paramédicaux, le paiement de la prime de motivation et la poursuite des travaux de reversement dans le secteur de la santé."
« Nous voulons que le gouvernement nous signe un protocole d’accord pour montrer sa bonne foi à satisfaire nos revendications. Pour l’heure, les grèves se poursuivent », a-t-il annoncé ce mercredi sur la chaîne publique Ortb.
Du côté du gouvernement, aucune déclaration concernant des cas de décès conséquent à la grève n'a été enregistrée jusqu'à mercredi soir.
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