
AA - YAOUNDE- Anne Mireille Nzouankeu
Le Gouvernement camerounais a entrepris des mesures incitatives pour limiter le recours à l'excision féminine.
Le ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille (MINPROFF) a offert aux exciseurs professionnels des tracteurs, des moulins à écraser, des machines à coudre, des motopompes et des fonds de commerce pour arrêter les mutilations génitales féminines (MGF) et commencer une nouvelle activité professionnelle.
« Je ne pratique plus d’excision depuis 2011. J’ai aujourd’hui un petit salon de coiffure pour homme dans lequel on rase la tête et la barbe », indique Alliou Mahamadou, un ex-exciseur devenu coiffeur. Comme lui, plus d’une centaine d’exciseurs et exciseuses ont reçu des subventions du gouvernement du Cameroun pour se reconvertir.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, une MGF est une ablation totale ou partielle des organes génitaux externes de la femme, à savoir la vulve, les petites et les grandes lèvres, le clitoris, le prépuce ainsi que les orifices urinaires et vaginaux.
Près de 125 millions de femmes et filles dans le monde ont subi une forme quelconque de mutilation génitale féminine (MGF) et 30 millions continuent de courir le risque d’en subir selon cette même institution.
Le Plan d’Action National pour l’Elimination des MGF au Cameroun, élaboré en décembre 2011, par le MINPROFF avec le soutien de l’organisation ONU Femmes, indique que la prévalence des mutilations génitales féminines est de 1,4 pour cent.
Pour ce qui est des types de MGF, ce plan d’action indique 85 pour cent pour les ablations couramment appelées excisions, cinq pour cent pour les infibulations, c’est-à-dire les suturations et quatre pour cent pour les incisions sans ablation.
En plus de l’aide à la reconversion des exciseurs, le MINPROFF a également créé en 2012, trois comités de vigilance chargés de sensibiliser et de dénoncer tout cas de MGF. Ces comités sont installés dans les régions du Sud-Ouest et de l’Extrême-Nord du Cameroun ainsi qu’au quartier Briqueterie à Yaoundé dans la région du Centre, des zones où se pratiquent le plus ces mutilations à cause des croyances culturelles et religieuses.
Il n’existe pas de statistiques officielles après la prise de ces mesures mais les présidents de ces comités de surveillance affirment que les cas de MGF ont baissé.
« Avant il y avait environ deux à trois cas d’excisions dans ce quartier chaque mois. Depuis février 2012 , il n’y a eu que quatre cas en deux ans. Ces personnes ont été dénoncées à la police et les autres parents ont pris peur », explique Adja Fadimatou, la présidente du comité de surveillance du quartier Briqueterie de Yaoundé.
Au Cameroun, il n’existe pas de lois contre les MGF. Mais les parents et les exciseurs peuvent être condamnés pour coups et blessures ainsi que pour mise en danger de la vie d’autrui, en vertu de certaines dispositions du code pénal.
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