
AA - Ouagadougou - Boukari Ouedraogo
Au Burkina Faso, Les femmes ont très peu recours aux méthodes contraceptives, soit par ignorance, soit par « préjugés » ce qui explique les 105 000 cas d'avortements clandestins en 2012, selon l'association burkinabée pour le bien-être familial.
« Qui dit avortement dit non utilisation de méthodes contraceptives » a affirmé d'emblée Angèle Sourabié, directrice de l'Association burkinabée pour le bien-être familial (ABBEF - ONG), structure d'offre de services de santé de la reproduction, dans un entretien avec Anadolu.
« Il y a des femmes qui ne savent pas que ces méthodes existent et qu'elles peuvent les protéger contre une grossesse non désirée. Il y en a aussi qui savent qu'elles existent, mais qui ont peur des préjugés » a-t-elle souligné.
Ces préjugés dont fait cas Angèle Sourabié sont très fréquents. « Beaucoup de femmes pensent que les méthodes contraceptives sont des techniques utilisées pour rendre les femmes stériles » a-t-elle expliqué.
Non protégées, c'est naturellement que les femmes tombent enceintes même si elles ne le désirent pas. Elles se voient donc dans l'obligation de provoquer un avortement. Le rapport de l’Institut supérieur de la statistique et de la population (ISSP) de l’université de Ouagadougou et du Guttmacher institute (Etats-Unis), publié le mois dernier, faisait ainsi état de 105 000 cas d’avortements au Burkina Faso, en 2012. Des avortements qui ont lieu dans la clandestinité et qui sont très risqués.
La réticence des femmes à utiliser un contraceptif existe dans de nombreux pays. A l'origine de celle-ci, le manque de communication dans les familles, la rareté de campagnes de sensibilisation sur les modes de contraception et surtout les mythes véhiculés comme la prise de poids ou encore la stérilité.
Au Pakistan ou au Nigéria par exemple, les moyens de contraception ne sont pas faciles d'accès et sont souvent en contradiction avec la tradition culturelle. Plusieurs femmes font alors appel à des individus inexpérimentés qui utilisent un appareillage non stérilisé, de l'eau chaude, des bâtons ou encore des aiguilles à tricoter pour procéder à un avortement clandestin, qui n'est pas sans conséquence puisque beaucoup d'entre elles contractent des infections ou encore décèdent sur le coup.
"Pour lutter contre ces fausses croyances et réduire le taux d'avortement, les programmes de planification familiale doivent être renforcés" a soutenu Mme Sourabié. "Au Burkina, nous allons apporter l’information à travers la sensibilisation de proximité avec les leaders communautaires, les pères éducateurs, les relais et les agents de santé communautaires. Au delà de la sensibilité, nous comptons offrir des services. Rendre disponibles les produits tant en milieu rural qu’en milieu urbain. Et faire en sorte que les produits soient disponibles et accessible à la population " a-t-elle conclu.
Différentes organisations non gouvernementales tentent de briser ces préjugés et d'apporter leur aide à travers des lignes d'écoute ou encore des distributions gratuites de moyens contraceptifs afin que les femmes qui ne souhaitent pas tomber enceintes puissent trouver d'autres solutions que l'avortement.
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