
AA/ Tunis/ Nayress ben Gaga
Vendredi 7 novembre, Kalthoum Kannou, unique candidate à la Présidentielle tunisienne, est au premier jour de sa campagne de terrain. Dans un marché populaire elle est accueillie par les prières d’un religieux qui implorait Dieu et invoquait «le saint Coran», pour qu’ «une femme tienne les reines de ce pays, et le mène enfin à bon port».
«Ce pays a été dirigé par des hommes pendant des décennies, et la situation des plus démunis ne s’est pas améliorée. Personnellement, je n’ai jamais voté, mais aujourd’hui je voterai Kannou. Et du fond du cœur, je demande au Seigneur, seul à exaucer les prières, et je l’implore au nom du saint Coran, pour que cette fois une femme tienne les reines de ce pays et le mène enfin à bon port», a clamé haut et fort un homme, la quarantaine, la barbe longue, le qamis gris et le couvre chef blanc, et qui s'est présenté uniquement comme "citoyen tunisien".
Il a accouru à la rencontre de la candidate dès son arrivée au marché hebdomadaire de Chotrana, dans la province de l’Ariana (banlieue nord de la capitale), première destination de la journée pour Kalthoum Kennou.
«Amen…Que Dieu m’aide à accomplir ce dessein», a répondu Kannou, émue.
A 7H du matin, Kannou s’est dirigée vers son bureau de campagne où l’attendait son équipe pour discuter, dans une réunion, les derniers détails du déplacement de la journée et du lendemain.
Pulls jaunes arborant «votez Kannou, chiffre 3 sur la liste électorale» et «Sers la Tunisie et elle te le rendra», slogan de la campagne, une trentaine de personnes à bord d’une dizaine de voitures ont pris la direction du marché hebdomadaire de Chotrana, dans la province de l’Ariana.
Là, la candidate, le contact facile et la parole sympathique, a insisté sur la nécessité d’aller voter le 23 novembre.
«Réveillez vos enfants et tous les membres de votre famille, versez leur de l’eau dessus s’il le faut et emmenez-les voter. C’est votre pays, c’est vous qui décidez. Ne laissez personne décider pour vous. Votez en votre âme et conscience et ne vous laissez influencer ni par l’argent ni par les cadeaux».
Dans ce marché, on marche dans la boue, on respire les odeurs de la décharge publique d’à-côté et on parle du coût intenable de la vie, exprimant le souhait qu’une fois élu, le nouveau président œuvrera à baisser les prix.
Un homme, la quarantaine aussi, avait insisté pour parler à Kannou, peu après le passage du religieux qui continuait à suivre l’équipe: « Je vis dans une misère telle que je pense partir clandestinement en Italie et laisser ma femme et mes enfants à leur sort. Ce pays n’a jamais rien fait pour moi, au point que je souhaite renoncer à ma nationalité.»
«Ne dites plus jamais ça. Ce pays est le vôtre. Dites que vous n’allez pas vous taire, que vous aller remuer ciel et terre, que vous ferez une nouvelle révolution s’il le faut, mais pas que vous baisserez les bras et reniez votre pays » s’est emportée la candidate.
Celle-ci, comme tout l’attroupement qui s’est fait autour d’elle, a été fortement émue par le propos d’une toute vieille dame d’origine libyenne qui a lancé : « Je suis Tunisienne, j’ai grandi et aimé ce pays. Aujourd’hui je suis seule et je mourrai seule dans la misère la plus totale. La Tunisie n’accorde aucune attention aux gens qui, comme moi, ont quitté leur pays pour bâtir leur vie ici. J’espère que si vous êtes élue, vous penseriez à ces Tunisiens venus d’ailleurs qui aiment ce pays plus que tout. ».
Plusieurs hommes ont exprimé leur soutien à la candidate assurant qu’ils n’avaient aucune réticence à l’idée qu’une femme soit présidente. Un trentenaire a même affirmé : « quand j’était petit, ma mère faisait tourner la maison comme personne, et maintenant c’est grâce à ma femme que ma famille est stable et vit décemment, alors pour moi les femmes sont capables de tenir ce pays mieux que les hommes ».
Le convoi de la candidate a ensuite pris la direction du pont de Bizerte, région reculée au nord de Tunis où «la rue vitrine» comme l’appelle les locaux, est la seule à être aménagée. Le reste étant noyé dans la boue et les eaux usées rejetées par une canalisation.
Dans le café du coin, les habitants se sont affairés autour de la candidate, plusieurs d’entre eux l’ayant reconnue. Ils l’ont invitée à visiter les ruelles adjacentes pour constater l’étendue de la misère, soulignant surtout que là, aucun habitant n’a de titre de propriété.
Kalthoum Kannou leur a expliqué que cette problématique figure déjà dans son programme électoral, sous le point 12 : «Accélérer la résolution des problèmes fonciers et ceux liés aux terres domaniales qui sont un obstacle majeur au développement économique et à l’investissement».
« En ma qualité de juge, je connais ce dossier et je sais qu’il suffit d’une volonté politique pour former une commission d’experts et de juristes et le résoudre», a affirmé la candidate.
Pour la fin de cette journée, Kalthoum Kannou a choisi un «retour aux sources», Sebalet Ben Ammar, village du nord-ouest de Tunis, où elle a passé des bons moments de sa prime jeunesse. Là, même les plus âgés la reconnaissent et ils ont pris plaisir à évoqué avec elle des souvenirs. D’autant que le frère de la candidate était aussi de la partie : «Ma soeur est aimée de tous et beaucoup la soutiennent. Je ne doute pas une seconde de ses chances.», a-t-il affirmé à Anadolu.
Arabie saoudite : Le prince héritier salue les efforts de l’État pour le succès du Hajj
Emmanuel Macron attendu à Monaco ce samedi pour une visite d'État de deux jours
Chine : Pékin espère que la France s’opposera à l’« ingérence » de l’OTAN dans la région Asie-Pacifique
Gaza : 17 Palestiniens tués par des frappes israéliennes au 2e jour de l’Aïd al-Adha
Faits marquants de l'actualité internationale
Dépeches similaires
