AA / Tunis / Bouazza Ben Bouazza

Peu après leur ouverture, de nombreux bureaux de vote, notamment à Tunis et sa périphérie ont connu une affluence plutôt timide à l'occasion des premières élections municipales post-révolution qui se déroulent dimanche en Tunisie.

Cette faible affluence contraste avec l'assaut massif des électeurs lors des précédentes échéances, législatives et présidentielle.

Lors d'une conférence presse, le président de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE), Mohamed Tlili Mansri a, néanmoins, relevé que le taux de participation qui était de 4,5% à 10 heures, s'est élevé à 13% à 11 heures et va crescendo.

"Il n'y a pas de faible taux ni de désaffection et nous atteindrons un taux respectable d'ici la fermeture des bureaux à 18 heures", prévoit-il.

Dans un bureau de Ben Arous, une ville de la périphérie de la capitale, ils étaient au début quelques dizaines, tous des personnes âgées, avant que le rythme n’évolue au compte-goutte, a constaté un correspondant de l'agence Anadolu sur place.

Toujours est-il que d'aucuns n'ont pas hésité à y aller, spontanément, pour accomplir "ce devoir citoyen".

"Ces élections revêtent pour moi une grande importance. Je suis venu voter pour que les élus sortent notre commune de la situation peu reluisante dans laquelle elle se trouve et qui souffre de nombreuses lacunes, notamment dans les domaines de l'environnement et de l'infrastructure routière", a confié à l'Anadolu, Ayari Abdallah, un retraité de la Poste.

Un autre retraité de l'enseignement Adouani Mohamed Ali, a déploré "l'éparpillement des compétences", en fonction de leur appartenance politique, de sorte, a-t-il noté, que "le choix devient difficile" pour élire ceux que l'on considère aptes à servir notre ville, dans la mesure où ils figurent sur plusieurs listes différentes".

Il a, par ailleurs, attribué la désaffection des jeunes par "l'absence d'horizons pour leur avenir. Ils sont désabusés parce qu'on ne leur a rien apporté, depuis sept ans qu'ils attendent et espèrent voir leur situation s'améliorer, singulièrement pour trouver un emploi".

Plutôt enthousiaste, Hadia Dali, 63ans, a lancé: "je suis venue pour accomplir mon devoir de citoyenne, parce que je veux que notre commune soit propre et que les nouveaux élus rompent avec le laxisme et servent les citoyens dans leurs affaires administratives quotidiennes". Scandant "vive la Tunisie", elle s'est montrée optimiste quant à l'avenir, en se disant persuadée que "les choses vont s'améliorer".

Dans un bureau de vote de La Soukra, les électeurs ne se bousculaient pas non plus. Peu avant midi, ils n'étaient que 10% à avoir voté, soit 59 électeurs (47 hommes et 12 femmes) sur un total de 549 inscrits sur le registre consulté par un journaliste d'Anadolu.

Le ministre de l'Intérieur Lotfi Braham a, lui, été tout simplement empêché de voter dans un bureau de Tunis. Selon Nabil Bafoun, membre du conseil de l’Instance supérieure indépendante pour les élections, il figurait dans les listes des sécuritaires et militaires qui avaient voté une semaine auparavant.

Plusieurs associations qui suivent le déroulement de l'opération électorale, dont "Atide", "Mourakiboun" et "l'Association des électrices tunisiennes" ont signalé de nombreuses "irrégularités" et "violations" ainsi que des altercations entre des partisans de formations politiques rivales qui ont nécessité l'intervention des forces de l'ordre.

En revanche, le chef de la mission d’observation électorale de l’Union européenne (MOE UE), Fabio Massimo Castaldo, qui a déployé 124 observateurs, a déclaré à la presse, n'avoir "pas relevé pour l'instant de problèmes majeurs, à l'exception de quelques cas isolés dus aux difficultés logistiques dans certains bureaux de vote".

"Quoiqu'il en soit, il est encore trop tôt pour faire une évaluation globale et définitive de l'opération électorale, en attendant la proclamation des résultats", a-t-il noté.