Tunisie : Manifestation contre les mesures d'exception décidées par le président du pays
- Devant le théâtre municipal au centre de la capitale, Tunis, avec la participation de quelque deux mille manifestants

Tunisia
AA / Tunisie / Alaa Hammoudi
Près de deux mille manifestants tunisiens ont participé, dimanche, dans le centre de la capitale, à un rassemblement de protestation contre les mesures d'exception prises par le président Kaïs Saïed. Ils ont appelé à mettre fin à ces mesures et ont exprimé leur rejet de ce qu'ils considèrent comme un "coup d'Etat" contre la constitution.
Les manifestants, parmi lesquels des hommes politiques et des militants des droits de l'homme, se sont rassemblés devant le théâtre municipal de la rue Habib Bourguiba, dans le centre de la capitale. La foule a scandé des slogans tels que : "Non à la violation de la Constitution", "Non au coup d'État", " Non à la dictature ", ainsi que "Nous rejetons la tyrannie et la concentration du pouvoir entre les mains d'un seul homme".
L'Agence Anadolu a rapporté que les environs de la rue Habib Bourguiba ont été le théâtre de mesures sécuritaires importantes, de fermetures de routes et de fouilles. Des barrières de fer ont été installées pour séparer les participants à cette manifestation, qui a débuté à 11h30 GMT, des participants à une seconde manifestation spontanée de soutien aux mesures décidées par le président Saïd.
Le 25 juillet, Saïed a annoncé des "mesures d'exception", qui comprenaient le limogeage du Premier ministre Hichem Mechichi, le gel des activités du Parlement, la levée de l'immunité des députés, ainsi que la mise aux arrêts et le limogeage de plusieurs officiels.
Le leader démissionnaire du mouvement Ennahdha, Abdellatif Mekki (ancien ministre de la santé), a déclaré à l'Agence Anadolu : "Ce qui s'est passé et se passe maintenant en Tunisie est un coup d'État contre la constitution et la légitimité, et la mise en œuvre des mesures d’exception doit cesser le plus rapidement possible."
Et Mekki d'ajouter en marge de la manifestation : "Le peuple n'a d'autre choix que de faire front face à toute forme de tyrannie et aux dérives dictatoriales qui sapent les acquis de la liberté dans le pays."
S'agissant des 113 membres qui ont démissionné d'Ennahdha samedi, Mekki a souligné que "la lutte se poursuivra même si les positions diffèrent au sein du mouvement (Ennahdha)".
Pour sa part, Sayed Ferjani, député du mouvement Ennahdha, a déclaré à l'Agence Anadolu que "le président s'est emparé de tous les pouvoirs et a fait table rase des dispositions de la constitution, ce qui constitue un véritable coup d'État."
Et d'ajouter : "Aujourd'hui, je participe en tant que citoyen tunisien qui pense à son avenir et à l'avenir de son pays. Je ne considère pas que ce qui se passe permettra de réaliser les acquis de la révolution, ce qui renforce notre détermination à rejeter ce putsch."
Le président Kaïs Saïed a décidé, mercredi, la suppression de l'organe de contrôle de la constitutionnalité des lois, de légiférer par décrets présidentiels et d'assumer le pouvoir exécutif avec l'aide d'un gouvernement qu’il devrait nommer prochainement, ce que nombre d'observateurs et de partis politiques ont considéré comme un "coup d'État contre la Constitution."
*Traduit de l’Arabe par Mourad Belhaj
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