Politique

Tunisie : L'Union européenne "préoccupée" par la dissolution du "Conseil supérieur de la magistrature"

- Déclaration de Nabila Massrali, Porte-parole du Haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité Josep Borrell

1 23  | 07.02.2022 - Mıse À Jour : 07.02.2022
Tunisie : L'Union européenne "préoccupée" par la dissolution du "Conseil supérieur de la magistrature"

Tunisia

AA / Tunisie / Alaa Hammoudi

L'Union européenne a exprimé, lundi, sa "vive préoccupation" concernant la situation en Tunisie après la décision du président Kaïs Saïed de dissoudre le Conseil supérieur de la magistrature, soulignant l'importance de l'indépendance de la justice dans le pays.

C'est ce qui ressort d'une déclaration de Nabila Massrali, porte-parole du Haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, rapportée par la radio tunisienne "Mosaïque" (privée), selon le correspondant de l'Agence Anadolu.

"Nous suivons avec inquiétude l'évolution de la situation en Tunisie, notamment la récente annonce par le président de la République (Kaïs Saïed) de la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature", a déclaré Massrali.

Le Conseil supérieur de la magistrature est un organe constitutionnel indépendant qui a notamment pour mission de garantir l'indépendance de la justice et de veiller à ce que les juges rendent des comptes. Il est également chargé de veiller à l'octroi de promotions professionnelles aux magistrats.

Nabila Massrali a ajouté : "Nous respectons pleinement le peuple tunisien, mais nous nous devons de rappeler l'importance de la séparation des pouvoirs et de l'indépendance de la justice, qui sont des éléments essentiels pour la démocratie, la stabilité et la prospérité du pays."

"Des réformes fondamentales similaires, aussi importantes et nécessaires soient-elles, doivent être le résultat d'un processus global et transparent", a-t-elle affirmé.

Le président tunisien Kaïs Saïed a annoncé, samedi soir, lors d'une réunion au ministère de l'Intérieur, que le Conseil supérieur de la magistrature "appartient désormais au passé", appelant ses partisans à manifester pour soutenir sa décision.

Dimanche, le Conseil supérieur de la magistrature a annoncé, dans un communiqué, le rejet de sa dissolution en l'absence d'un mécanisme constitutionnel et légal qui le permette, outre le refus de la dissolution du Conseil exprimé par de nombreux organes judiciaires et partis politiques.

Raoudha Karafi présidente d'honneur de l'Association des magistrats tunisiens (AMT) (indépendante représentant la majorité des juges) a déclaré à l'Agence Anadolu que "le siège du Conseil supérieur de la magistrature a été fermé de force aujourd'hui."

La Tunisie traverse une grave crise politique depuis le 25 juillet dernier, date à laquelle Saïd a décidé d'imposer des mesures d'exception, notamment : le gel des pouvoirs du Parlement, la promulgation de lois par décrets présidentiels, la destitution du gouvernement et la nomination d’une nouvelle équipe gouvernementale.

La majorité des forces politiques et de la société civile en Tunisie rejettent ces mesures et les qualifient de "coup d'État contre la Constitution", tandis que d'autres forces les soutiennent et les considèrent comme une "correction du cours de la révolution de 2011", qui a renversé le régime du président de l'époque, Zine El Abidine Ben Ali.


*Traduit de l’Arabe par Mourad Belhaj

Seulement une partie des dépêches, que l'Agence Anadolu diffuse à ses abonnés via le Système de Diffusion interne (HAS), est diffusée sur le site de l'AA, de manière résumée. Contactez-nous s'il vous plaît pour vous abonner.