AA/Tunis

Le mouvement tunisien d’obédience islamique « Ennahdha » a dénoncé, vendredi, ce qu'il a qualifié de « régression des libertés » dans le pays, ainsi que l'interdiction d’exposition de certains livres à la « Foire internationale du livre de Tunis ».

C’est ce qui ressort d’un communiqué publié par le mouvement, dont l’Agence Anadolu a obtenu copie.

Les réseaux sociaux ont relayé des informations faisant état de l'interdiction d'un livre de Majdi Abdel-Moati, intitulé « Rached Ghannouchi et la renaissance islamique en Tunisie », sur instruction de la ministre de la Culture, Hayet Guermazi, et aussitôt démenties par le président du comité directeur de la Foire, Mabrouk Manaï.

Le mouvement a déclaré suivre « avec inquiétude le recul des libertés dans le pays et l'interdiction de certains ouvrages à la Foire internationale du livre de Tunis, ainsi que l’intimidation dont sont victimes les éditeurs et la confiscation de livres qui expriment des points de vue différents, ce qui nous fait rappeler les pratiques liberticides des régimes totalitaires ».

Et le parti d’ajouter, « Cet évènement culturel a constitué tout au long de l'histoire moderne de la Tunisie un symbole pour la liberté d'expression et de pensée face à la machine de répression des régimes autoritaires qui ont gouverné le pays par le passé ».

« L’événement se transforme aujourd'hui, sous la férule de l’état d’exception en vigueur, en un espace de pratiques liberticides visant à restreindre la liberté d'expression, à censurer les livres et confisquer la libre pensée », estime « Ennahdha ».

Dans une déclaration accordée mercredi à la radio privée locale « Mosaïque FM », Mabrouk Manaï, a souligné que « les informations selon lesquelles le comité directeur de la Foire a retiré des livres exposés de Rached Ghannouchi sont infondées. Il s'agit uniquement d’une biographie de leader du mouvement Ennahdha qui n’a pas été déclarée par la maison d’édition avant son exposition ».

Rached Ghannouchi est le chef de file du mouvement « Ennahdha ». Il est en outre le président du Parlement gelé après que le président Kaïs Saïed a pris le 25 juillet dernier une série de mesures d’exception, qui ont provoqué une crise politique aiguë.

Manaï a précisé qu’« une commission mixte composée des membres du comité directeur de la Foire du livre et des représentants des maisons d'édition, qui exposent leurs livres dans le cadre de la 36ème édition de la Foire internationale du livre de Tunis, avait fixé une liste officielle des livres destinés à l’exposition ».

« La commission, a constaté que quelques centaines d'ouvrages n'étaient pas déclarés par les éditeurs, dont la biographie de Ghannouchi, qui a été retirée mardi soir », a ajouté le président du comité directeur de la Foire.

La majorité des forces politiques tunisiennes, dont le mouvement « Ennahdha », rejette les décisions de Saïed, qu'elle considère comme étant « un coup d'Etat contre la Constitution », tandis que d'autres partis les soutiennent, estimant qu'il s'agit d'une « restauration du processus de la Révolution » de 2011, qui avait déposé le régime de l'ancien président, Zine El-Abidine Ben Ali.

La 36e édition de la Foire internationale du livre de Tunis (FILT) se tient du 12 au 21 novembre sous le signe « Le livre, meilleur compagnon de l'Homme ».

*Traduit de l’arabe par Majdi Ismail