Tunisie: Le nombre des femmes emprisonnées pour terrorisme n'est "pas effrayant"
Plus de 700 Tunisiennes ont rejoint l’EIIL, selon la présidente du Centre international d’études stratégiques sécuritaires et militaires.

AA/Tunis/Yosra Ouanas
Le directeur général des établissements pénitentiaires et de rééducation en Tunisie, Saber Khlifi, a déclaré qu’il «n’existe pas pour le moment des chiffres précis sur le nombre de détenues dans les prisons tunisiennes impliquées dans des affaires de terrorisme», notant cependant que ce nombre est «en augmentation, mais n’est pas effrayant», sans donner plus de précisions.
Le responsable tunisien parlait en marge d’une conférence de presse organisée jeudi à Tunis, par le Centre international des études stratégiques sécuritaires et militaires, un organisme indépendant, sur le thème «l’élément féminin au sein des organisations terroristes».
Selon Saber Khlifi, «les femmes emprisonnées pour des affaires de terrorisme sont traitées comme tout détenu dans les prisons tunisiennes, et ce sur la base de la loi tunisienne numéro 52 portant organisation des établissements pénitentiaires promulguée en 2001», assurant qu’il n’y avait «pas de contraintes exercées sur elles».
Il a expliqué que «la classification repose sur des standards internationaux, elle prend en compte plusieurs critères économiques, sociaux et psychiques de la détenue. Après quoi un numéro lui est attribué pour être ensuite classée. Si elle est considérée dangereuse des mesures sécuritaires exceptionnelles (qu’il n’a pas explicitées) sont alors prises à son encontre sans qu’il soit porté atteinte à ses droits. Quant à celles qui se conforment aux règlements et ne sont pas considérées dangereuses, leur traitement n’est pas fonction du type du crime pour lequel elles ont été accusées».
De son côté, la présidente du Centre international d’études stratégiques sécuritaires et militaires Badra Gaaloul, a déclaré que «plus de 700 Tunisiennes ont rejoint l’organisation EIIL, en se référant à un chercheur syrien qu’elle n’a pas nommé.
Mme Gaaloul estime que «les solutions préventives pour venir à bout du phénomène de l’enrôlement des femmes dans les organisations terroristes résident dans l’intensification des campagnes de sensibilisation (d’éducation) à partir des écoles et l’octroi à la femme du rôle qui doit être le sien au sein de la société que ce soit dans les centres de décision ou au niveau des responsabilités».
Quant au président du comité scientifique du centre, Fayçal Chérif, il considère que la question de la polarisation des femmes par les organisations terroristes est «aujourd’hui un problème d’actualité», relevant que l’utilisation de la femme aux plans logistique et médiatique a été illustrée dans les derniers événements terroristes en Tunisie.
«Si d’apparence la question est liée à la femme, elle nous amène néanmoins à d’autres problématiques qui se posent aujourd’hui au sujet de l’enrôlement au sein de ces organisations, et ce à travers les espaces virtuels ainsi qu'à cause des fléaux de la pauvreté et du trafic. La femme se cherche aussi et se pose des questions sur son identité culturelle et religieuse», a-t-il opiné.
Selon lui, «malgré le rôle éminent qui lui est attribué, la femme n’en demeure pas moins confinée au sein de ces organisations à un rôle d’exécution mais pas agissant, dans la mesure où elle n’est pas élevée au rang de commandement».