Tunisie: le mouvement Ennahdha condamne fermement l'interdiction aux manifestants de s’exprimer librement
- Dans un communiqué, le mouvement a condamné "l'agression des personnalités politiques et la politique d'enlèvement", les autorités tunisiennes n’ont émis aucun commentaire à ce propos

Tunisia
AA / Tunisie
Le mouvement tunisien Ennahdha a fermement condamné l'interdiction aux manifestants qui rejettent les mesures du président Kaïs Saïed "d'exprimer librement leurs opinions et de la prise à partie des symboles politiques".
C’est ce qui ressort d’un communiqué publié par le mouvement (53 sièges sur 217 au Parlement dont les activités ont été gelées), au soir du vendredi, après la dispersion de centaines de manifestants dans la capitale, Tunis, par les forces de l’ordre.
Le mouvement a exprimé sa ferme condamnation "des forces de l’ordre qui ont empêché des manifestants pacifiques d'exprimer librement leurs opinions et d'accéder à l’avenue Al-Thawra (Habib Bourguiba) et agressé des personnalités politiques nationales".
Ennahdha a dénoncé "l'utilisation de diverses formes de violences policières contre les manifestants, telles que des coups de matraque, des canons à eau sous pression et souillée et l'utilisation du gaz lacrymogène".
Et d’ajouter : "en plus de l’enlèvement d’un certain nombre de manifestants sans justification, dans une tentative de harceler et de terroriser des manifestants civils pacifiques".
Les forces de l’ordre ont empêché les manifestants d'atteindre l’avenue "Habib Bourguiba" et ont utilisé du gaz lacrymogène et des canons à eau pour les disperser, dans la journée du vendredi, jour du 11e anniversaire de la révolution, qui a renversé le pouvoir du président de l'époque, Zine el-Abidine Ben Ali (1987-2011).
Le mouvement a également demandé "de mettre fin aux actes de violence contre les manifestants et aux atteintes aux libertés, en particulier la liberté d'expression, de libérer les détenus et de permettre à la Commission nationale de lutte contre la torture et aux avocats de les contacter et d'examiner leur état".
Il a dénoncé ce qu'il a qualifié de "politique d'enlèvement, qui est une caractéristique essentielle du régime putschiste actuel", se déclarant prêt "au dialogue avec tous les partis nationaux anti-coup d'Etat".
Il n'y a pas eu de commentaire immédiat de la part des autorités tunisiennes, qui nient généralement la véracité de telles accusations.
Le ministère tunisien de l'Intérieur a confirmé, dans la journée du vendredi, dans un communiqué, le recours aux canons à eau pour disperser les manifestants, afin de les empêcher d'atteindre l’avenue "Habib Bourguiba" dans le centre de la capitale, pour cause de "violation" de la décision gouvernementale interdisant les manifestations.
Les manifestations ont été organisées, vendredi, répondant aux appels de l'initiative "Citoyens contre le coup d’État", du mouvement Ennahda, du parti Courant démocrate (22 sièges), du parti Ettakatol, du parti Al Joumhouri et du Parti des travailleurs (sans députés), pour dénoncer les actions du président Saïed.
La Tunisie traverse une crise politique depuis le 25 juillet dernier, date à laquelle des mesures exceptionnelles ont été imposées, dont notamment le gel des compétences du Parlement, la promulgation des lois par décrets présidentiels, la révocation du chef du gouvernement et la nomination d’un nouveau gouvernement.
La majorité des forces politiques et civiles en Tunisie, dont le mouvement Ennahdha, rejettent ces mesures, et les considèrent comme un "coup d'État contre la Constitution", alors que d'autres mouvements les soutiennent, y voyant une "rectification du cours de la révolution de 2011", qui a renversé l’ancien régime au pouvoir.
* Traduit de l’arabe par Mounir Bennour.
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