Politique

Tunisie : Ennahdha mandate Rached Ghannouchi pour négocier la formation d’un nouveau gouvernement

-Le Conseil de la Choura a également chargé Ghannouchi de « mener des consultations avec les partis et les organisations du pays pour s’accorder autour d’une perspective gouvernementale alternative fondée sur le consensus ».

Mourad Belhaj  | 13.07.2020 - Mıse À Jour : 13.07.2020
Tunisie : Ennahdha mandate Rached Ghannouchi pour négocier la formation d’un nouveau gouvernement

Tunisia

AA / Tunis / Marwa Sehli

Le président du Conseil de la Choura du Mouvement tunisien Ennahdha, Abdelkrim Harouni, a annoncé, lundi, que le chef du Mouvement, Rached Ghannouchi, a été mandaté par le Conseil pour mener des consultations avec le président Kaïs Saïed en vue de former un nouveau gouvernement.

C’est ce qui ressort d’une conférence de presse animée, lundi, à Tunis, par Harouni, consacrée à l’annonce des conclusions de la 41ème session du Conseil de la Choura d’Ennahdha, tenue la veille.

Harouni a indiqué que le Conseil de la Choura a également chargé Ghannouchi de « mener des consultations avec les partis et les organisations du pays pour s’accorder autour d’une perspective gouvernementale alternative fondée sur le consensus ».

« La situation économique est difficile et la position du Chef du gouvernement [Elyes Fakhfakh] ne lui permet pas de faire face à la situation », a-t-il ajouté, dans une allusion à l’affaire du conflit d’intérêts qui concerne le Chef de l’exécutif.

Harouni a mis l’accent sur l’importance du rôle du président Saïed pour assurer une sortie de la crise qui secoue le pays.

Il a, par ailleurs, indiqué que l’actuelle session du Conseil de la Choura d’Ennahdha restera ouverte jusqu’à la sortie de la crise actuelle.

Harouni a formulé l’espoir de parvenir à un accord loin des « calculs politiques étroits » tout en estimant qu’il est très tôt pour évoquer l’éventuelle tenue d’élections anticipées.

Le dirigeant d’Ennahdha a rappelé qu’en cas de recours « aux élections législatives anticipées, il faudrait auparavant modifier la loi électorale afin d’éviter de reproduire la même scène (politique) actuelle ».

Dimanche, un dirigeant de premier plan d’Ennahdha avait dévoilé au correspondant de l’Agence Anadolu, sous couvert de l’anonymat, que le Conseil de la Choura du Mouvement a mandaté Ghannouchi pour mener des pourparlers avec le président de la République en vue de former un nouveau cabinet qui viendrait remplacer celui de Elyes Fakhfakh.

Fakhfakh préside, depuis le 27 février dernier, une coalition gouvernementale formée de 4 principaux partis et d’un bloc parlementaire. Il s’agit d’Ennahdha (d’obédience islamique, 54/217 députés), du Courant démocrate (social-démocrate, 22), du Mouvement Echaab (nassérien, 14), du Mouvement Tahya Tounes (Libéral, 4) et du Bloc de la Réforme nationale (indépendants et partis libéraux, 16).

L’instance nationale de lutte contre la corruption (INLUCC/ indépendante) a déclaré, le 30 juin, qu'il y avait un "soupçon de conflit d'intérêts concernant le Chef du gouvernement Elyes Fakhfakh", au sujet de sa possession d’actions dans des sociétés qui ont conclu des accords d’ordre commercial avec l’Etat, ce qui est interdit par la loi.

Fakhfakh a démenti formellement la véracité de ces soupçons au cours d’une séance de dialogue avec le parlement.

Mardi, dernier, le président du parlement, Rached Ghannouchi, a annoncé la mise sur pied d’une commission parlementaire chargée d’enquêter sur les soupçons de conflit d’intérêts concernant le Chef du gouvernement.

Le dossier de « suspicion de conflits d'intérêts » n’est pas le seul différend qui oppose Fakhfakh à Ennahdha, qui a vu ses demandes répétées d’élargir la coalition gouvernementale se heurter au refus catégorique du chef du gouvernement tunisien.

*Traduit de l’Arabe par Hatem Kattou

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